Les exploitations agricoles traversent une situation de crise économique hors normes: météo, carburants, pénuries et hausses générales des prix (engrais et céréales notamment) peuvent avoir des conséquences dramatiques pour certains secteurs. En résumé, une situation fortement déstabilisante pour de nombreuses exploitations agricoles. Plus que jamais, les exploitations ont besoin d’agilité pour se projeter; les échanges dans les cuma rassurent et permettent de trouver des solutions pour traverser la tempête. Sur le terrain, les animateurs de la fédération en sont témoins: des solutions existent et se construisent. Plusieurs exemples.
Crise des carburants: maîtriser la consommation
Concernant la flambée du prix des carburants, certains groupes ont fait le choix de simplifier leurs itinéraires techniques (limitation du nombre de passages), contrôler et régler au mieux leurs équipements (passage au banc d’essai moteur), adopter une conduite plus économique, choisir un matériel mieux adapté avec une traction raisonnée.
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Élevages: soutenir l’autonomie alimentaire
Concernant l’inflation du prix des céréales, et pour limiter l’impact sur les élevages comme la «céréalisation» ou les arrêts de certaines productions animales, des groupes proposent une meilleure rémunération de l’autonomie protéique sur les exploitations. C’est tout du moins l’idée reprise par la cuma Adour Proteoil à Mugron, qui entend bien défendre son concept auprès des collectivités concernées. Le projet consiste à pouvoir aider davantage les éleveurs à la trituration de leur production en vue d’une valorisation (des tourteaux) sur leur propre élevage, contrairement aux céréaliers, et ainsi encourager au maintien de l’élevage sur les exploitations.
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Intrants: échanger entre exploitations
Concernant les intrants, de nombreuses pistes expérimentent ou se développent ici ou là: pour les fertilisants, des échanges éleveurs / céréaliers visant à une meilleure valorisation des effluents organiques voient le jour, sous forme de banque d’échange ou de rémunération ; pour l’alimentation animale, des dynamiques nouvelles autour de l’autonomie alimentaire par introduction de nouvelles cultures produites localement; idem pour le paillage (miscanthus).
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Pandémies: innover sur le terrain
Concernant les pandémies et notamment l’influenza aviaire, là encore, le groupe peut être force de proposition.
C’est ainsi qu’a vu le jour le premier lave-vaisselle industriel à ultrason à destination des éleveurs, pour le lavage et la désinfection des divers accessoires des élevages de volailles et palmipèdes. Un robot de lavage des bâtiments performant est lui aussi à l’étude.
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Crise du climat: se protéger en groupe
Face aux épisodes de gel à répétition notamment sur les vignobles, certains groupes cuma ici ou là en France (Bordelais, Cognac, Bergeracois…) ont fait le choix du collectif pour mailler le territoire en dispositifs antigels; les premiers résultats sont encourageants. Même si, sur notre territoire, les îlots sont plus disséminés, certains groupes souhaitent étudier des projets d’équipement.
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Crise de revenus: se diversifier pour résister
Enfin, la diversification des activités sur certaines exploitations pour répondre à des besoins locaux ou de niches sont également gage de sérénité dans ce monde plus qu’incertain; et là encore, la force de proposition des groupes est impressionnante. Différentes filières ou projets vont rapidement voir le jour, que cela concerne la production d’énergies renouvelables (méthanisation) mais également la production de denrées pour répondre à des demandes locales (chanvre, farine, noisettes…).
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C’est dans ce contexte chahuté, complexifié, que le potentiel collectif doit pleinement s’exprimer; partager les difficultés et les craintes certes, mais surtout se projeter et trouver ensemble des solutions aux problèmes du moment.
[Mise à jour du 26/01/2024] Début 2024, les difficultés évoqués ici ont continué à se développer et ont entraîné des manifestations des agriculteurs. Vendredi 26 janvier, le Premier Ministre Gabriel Attal a annoncé une série de mesures pour calmer la colère des agriculteurs.