Le tracteur et la manutention pèsent lourd
L’analyse des caractéristiques des onze élevages conduit à afficher un coût moyen de mécanisation d’environ 62 €/UGB (hors main-d’œuvre). Il intègre la distributrice, le tracteur sur laquelle elle est attelée, et le matériel de chargement, soit un tracteur soit un chargeur automoteur. « Comme dans les études précédentes, ce sont les engins qui tournent autour de la distributrice qui pèsent le plus, poursuit Yvon Guittet, les deux-tiers du total, sans compter leur consommation de carburant.
Dans ce groupe, les distributrices représentent seulement 8 % du coût. » Il explique que c’est le choix du type de distributrice, et le besoin de traction qui en découle, qui impacte davantage les charges. « Au top des plus coûteuses, on trouve les mélangeuses, qui monopolisent systématiquement deux engins. Il suffit que ces deux derniers soient quelque peu surpuissants, et les coûts explosent. C’est le cas pour une exploitation de l’échantillon, qui culmine à plus de 140 euros par UGB. »
L’alternative de la distribution en cuma
Yvon Guittet en conclut qu’il faut rappeler que « la distribution via un groupe automoteur en cuma permet de minimiser ce poste. » À titre de comparaison, les désileuses automotrices du grand Ouest reviennent à 15,60 € pour 1 000 l de lait, machine, carburant et main-d’œuvre inclus. L’éleveur n’a plus qu’un temps minime à consacrer à l’alimentation de son troupeau. Il s’agit là de cuma possédant une machine âgée en moyenne de 2,6 ans, achetée 173 300 € et qui tourne sur un troupeau total équivalant à 5,17 Ml de lait.
Le bon fonctionnement de ces activités repose, comme toujours, sur un projet bien bâti, au sein d’un groupe solidaire. Mais en plus, il faut un chauffeur compétent et fidèle. « Il est important de continuer à travailler sur la formation et le recrutement des chauffeurs, écrit Denis Ripoche, animateur cuma en Normandie dans le bulletin Infocuma de juin dernier, suite à une enquête. C’est un élément majeur pour le bon fonctionnement de l’activité. »
Le cahier des charges est respecté
Cet aspect étant maîtrisé, les groupes surmontent bien les contraintes telles que les cahiers des charges ‘lait sans OGM’. Denis Ripoche rappelle qu’un protocole sur les bonnes pratiques, disponible sur demande, a été rédigé. D’autre part, il cite des évolutions sur les machines pour faciliter une vidange complète entre deux adhérents, et éviter l’introduction d’OGM dans la ration suivante. Deux exemples : l’adjonction d’un cône sur les vis de mélange, ou d’un accélérateur en fin de distribution. « Les cuma s’adaptent », conclut-il.
Viser 150 000 l de lait par kilomètre de tournée
Il note également que ces groupes, s’ils perdent parfois des adhérents, reçoivent plus souvent des demandes d’adhésion. La dynamique est positive. Autre point à mentionner suite à l’enquête auprès des cuma : la difficulté à renouveler les désileuses automotrices. « Elle est citée par 40 % des cuma, lien avec le prix des machines neuves. D’où l’intérêt de mettre en place des leviers de négociation.
Les animateurs machinisme de la fédération peuvent aider les cuma dans ce domaine. » En effet, les tarifs passent la barre des 200 000 €. Ainsi, quelques petits groupes se limitent à une machine roulant à seulement 25 km/h, en conduite partagée, pour réduire le budget. Pour les projets plus importants, un critère s’impose. Les experts du réseau cuma suggèrent aux éleveurs en phase préparatoire de rechercher un volume de production de lait de 150 000 l par kilomètre de tournée. En effet, le temps passé sur la route coûte en usure, en carburant et en main-d’œuvre.
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