La question du coût est centrale dans le sujet de l’automatisation de l’alimentation d’un cheptel. Les premiers équipements sont arrivés dans des filières plutôt hors-sol où le temps de présence en bâtiment est important. Depuis 2012, l’idée s’étend à l’élevage laitier et s’y développe. L’offre en robots d’alimentation explose. La barre des 200 élevages équipés doit être franchie, avec une douzaine de marques présentes sur le marché. La diversité de solutions est assez riche pour répondre aux différentes contraintes et objectifs de l’éleveur.
Un coût plombé par l’investissement
Auparavant, la traite avait ouvert la voie, de façon assez logique dans la mesure où cette action représente en moyenne 50% de l’astreinte auprès d’un troupeau de bovins laitiers. La distribution de l’alimentation dans les bâtiments (un peu moins de 30%), est le second poste. Avec une génération d’éleveurs peu réfractaire à l’usage d’outils numériques et confrontée à un besoin d’intensifier la productivité de la main d’oeuvre, l’idée de solliciter l’automatisation de l’alimentation est séduisante, passé le chapitre du coût économique. Car la conclusion d’une conférence préparée pour le Space 2020 et proposée en ligne le souligne: «par rapport à l’automotrice de cuma, distribuer avec le robot dans un troupeau de 300 têtes est plus cher, de l’ordre de 5€/1.000l et jusqu’à 8,90€/1.000l en système pâturant.»
Plus d’informations sur le robot Aura
Aux 150.000 à 300.000€ d’investissements dans le matériel automatique, s’ajoutent les coûts induits par les aménagements annexes, nécessaires pour la circulation, la cuisine, les silos… Le total de la facture peut donc être très variable et pèse de l’ordre de 65% dans le coût total du système, devant le fonctionnement (25% du coût total) et la main d’oeuvre.
Impacts sur la nature et le rythme du travail
A partir d’un travail d’enquête auprès de 10 élevages dans l’Ouest, «il n’y a eu que 4 situations où la comparaison avant/après était pertinente pour évaluer le gain de temps lié à l’automatisation. Cela réduit la portée des conclusions», avertit Arnaud Bruel (Chambre d’agriculture Pays-de-la-Loire) lorsqu’il présente quelques chiffres, dont un gain de temps moyen de l’ordre d’une heure par jour, pour une moyenne de 280 mâchoires à nourrir. «C’est un peu inférieur à l’heure et demi mise en avant par les constructeurs et qui correspond plutôt au maximum que nous avons observé ici. Mais le gain, n’est pas seulement sur le volume. Il est aussi sur la pénibilité, la flexibilité et sur la facilité de remplacement», confirme l’expert.
Des limites à l’effet zootechnique
En comparaison avec d’autres systèmes d’automatisation de l’alimentation, le robot tire son épingle du jeu sur ce plan du temps gagné par rapport à la désileuse automotrice conduite par de la main d’oeuvre interne à l’entreprise d’élevage, et encore plus par rapport au bol mélangeur-désileur. Le robot fait gagner plus de 50% du temps nécessaire à l’alimentation par rapport au bol mélangeur. En revanche, et sans surprise, l’éleveur gagne encore plus de temps d’astreinte en déléguant la tâche au chauffeur de l’automotrice de cuma. Les moyennes tirées des fermes Inosys en Pays-de-la-Loire indiquent que l’éleveur qui opte pour ce schéma gagne encore 46h/an d’astreinte par rapport à la référence établie pour le système de robot sur roue. Moins coûteuse et plus de temps gagné, une telle solution a de quoi faire réfléchir quand elle est à portée de main.
Un projet a toujours le mérite de faire réfléchir et prendre du recul
Reste l’aspect des performances techniques, mis du côté des arguments favorables à l’automate. D’après Jean-Luc Ménard (Idele), «le gain de productivité bien réel constaté sur les élevages qui adoptent la technologie serait plus liée à une évolution de pratiques et de conditions non optimales au départ.» Dans les essais où ces conditions d’élevage initiales permettent une bonne valorisation alimentaire, l’augmentation de la fréquence des distributions n’ayant pas d’effet significatif sur la productivité individuelle.