Quels sont les intérêts du désilage collectif? La maîtrise de leur coût alimentaire est une ligne de conduite d’Estelle et Sylvain Quellier. Ce poste «c’est jusqu’à 50% des charges de nos élevages», leur donne raison Olivier Raux (nutritionniste Elvup). Pourtant, les arguments d’une prestation de désilage en cuma retiennent l’attention des éleveurs installés au cœur de l’Orne. Dans la région, la fédération de cuma calcule que le coût moyen de la distribution en cuma est de 17€/1.000l. Sylvain juge: «Moins de 20€, c’est sûr que c’est tentant!»
Le système actuel de la ferme des Prairies normandes est peu onéreux. «On travaille avec une désileuse-pailleuse classique», poursuit Sylvain Quellier. Il l’anime avec un tracteur amorti d’encore plus longue date. A l’inverse, «nous venons de renouveler le tracteur avec le chargeur. Il a fait 600 heures, dont la moitié pour remplir la remorque.»
La bonne ration valorise le potentiel des fourrages disponibles
D’un autre côté, l’éleveur analyse que l’astreinte est gourmande en temps. Surtout, son système actuel ne remplit pas toujours aussi bien le tank que ce que les calculs de ration font miroiter. Le nutritionniste d’Elvup détaille les paramètres d’une bonne ration: «il y a ce que l’on apporte, les valeurs alimentaires. Il y a aussi le comment on l’apporte.» L’éleveur pointe son doigt vers la fumière, «on voit bien les refus de paille que je pousse là-bas», tandis qu’Olivier Raux poursuit: «un intérêt de la ration mélangée, c’est qu’on apporte à l’animal des fibres moins appétentes que d’autres ingrédients.»
«Le rumen n’aime pas les à-coups.» Si la désileuse automotrice favorise la maîtrise et la régularité des proportions, elle peut offrir d’autres avantages. «Il arrive qu’on aille calculer des rations dans des élevages où il n’y a aucun moyen de connaitre les quantités de fourrage réellement utilisées», explique le conseiller. Or, sans mesure, les performances ne sont pas. Des adhérents de la cuma de Crouttes apportent leur témoignage sur les intérêts du désilage collectif à l’occasion de la démonstration du 30 mars. «Actuellement, à chaque fin de distribution, l’automotrice sort un ticket que le chauffeur laisse en partant. Quand un technicien vient sur l’élevage et nous demande nos rations, on sait exactement ce qui a réellement été distribué.»
Parmi les intérêts du désilage collectif, la performance économique?
Après le passage du véhicule dans le bâtiment d’élevage, l’aspect visuel et l’homogénéité du mélange confortaient l’intérêt du maître des lieux pour ce genre d’outils. «Nous avons vu aussi que le travail était vite fait. Sur le site, ça peut être simple de mettre en oeuvre», analyse Sylvain Quellier. Ce qui s’avèrerait plus épineux, serait de trouver la tournée. «La cuma, de base, ça m’intéresse parce que je ne suis pas du tout matériel.» L’entreprise est donc adhérente à plusieurs coopératives locales. Pour l’heure, aucune n’a encore osé mettre en route un tel service. Sylvain précise: «l’élevage en tournée de désilage le plus proche est à une dizaine de kilomètres. Le détour serait déjà trop grand.»
Outil de maîtrise de son système
L’idée la plus réaliste serait donc plutôt d’envisager la création d’une tournée. Sylvain Quellier estime que localement, le potentiel existe pour qu’un projet pertinent émerge. Denis Ripoche, animateur de la fédération des cuma conforte l’idée. «Dans le département, nous avons aussi des groupes de désilage restreints à 3 ou 5 élevages. Ils n’ont pas forcément de chauffeur salarié et ça fonctionne bien.»
Le couple gère une surface d’une centaine d’hectares où leur troupeau pâture neuf mois sur douze. Et en fonction de la bonté de l’été, ils aspirent même à une alimentation 100 % herbagère sur 3 mois. C’est là un exemple des paramètres qui ne faciliteraient pas les équations à résoudre.
Les principales motivations des éleveurs qui délèguent le desilage
Motivation | Note sur 5 |
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Gagner du temps | 4,16 |
Qualité des rations | 4,04 |
Sécuriser la distribution même en cas d'absence (maladies) | 3,50 |
En revanche, de l’autre côté de la balance, les arguments ne manquent pas. «Dans notre groupe lait, il y a des élevages qui délèguent le désilage à une cuma et leurs chiffres sont cohérents.» En termes d’usure du tracteur, «les heures de chargeur pour remplir notre désileuse ne sont pas non plus les meilleures.» Dans la mesure où «pour améliorer nos performances alimentaires, nous devrons investir», le faire en collectif serait en même temps un moyen de se libérer du temps, notamment pour mieux décider.