Changer de métier à 50 ans, ce n’est pas donner à tout le monde. Pourtant, c’est le challenge que s’est lancé Jean-Charles Dubreucq, agriculteur dans le Pas-de-Calais. En effet, ce polyculteur-éleveur a décidé de devenir vigneron. Il a implanté 1,8 ha de vignes en mai 2020 parmi les 130 ha qu’il cultive en grandes cultures depuis 25 ans. « On ne se rend pas vraiment compte des surfaces et du travail qui en découle lorsqu’on plante nos vignes », reconnaît-il. « On a aussi le vice d’être aussi perfectionniste que dans nos parcelles de grandes cultures. »
Devenir vigneron : de la main-d’œuvre nécessaire
Mais avant de déguster les bons vins, il faut mettre la main à la pâte. Jean-Charles Dubreucq estime y passer entre 400 et 500 h/an/ha… Mais ce n’est pas la seule culture présente sur son exploitation. Puisqu’il cultive des betteraves, des céréales, du colza, du maïs et du lin. « Le travail se répartit sur une courte durée, alors il nous faut de la main-d’œuvre », estime-t-il. « Pour le moment, je m’appuie sur ma famille et des amis bénévoles. »
Tout nouveau, tout beau, le soufflé est un peu retombé depuis la plantation. « Au début, beaucoup de monde venait. Notre première vendange en 2022 a rassemblé 80 curieux et courageux », se remémore-t-il. « Mais depuis, ils ne sont plus qu’une quarantaine et l’ETA est passée par là pour la récolte. Le raisin doit être récolté en une demi-journée. »
Vers la mécanisation
Pour devenir vigneron, l’agriculteur a dû suivre des formations, délivrées par son négoce. Ainsi, les onze agriculteurs qui se sont lancés en 2020 se retrouvent sept à huit jours chaque année, pour apprendre les gestes et les rudiments de la vigne. Jean-Charles Dubreucq y rencontre d’autres agriculteurs de son coin, dont le plus éloigné qui se situe à 25 km.
Face au nombre d’heures importantes à y consacrer, ils décident de créer une cuma pour mécaniser une partie des taches.
La cuma Vignes d’Opale voit alors le jour. « Nous avions besoin de nous mécaniser pour être plus efficace », se souvient l’agriculteur, leader du groupe et président de la cuma. « Mais on s’est lancé un peu trop tard, car nous avions chacun investi dans du petit matériel, un tracteur et un pulvé vigneron. » Mais pas trop tard pour s’échanger les sécateurs électriques et ligatureuse.
En phase d’investissement pour devenir vigneron
Mieux vaut tard que jamais, puisque les sept adhérents ont, dès 2023, investi dans un mât hydraulique et trois outils. Une pré-tailleuse, « qui réduit ce temps de travail de 30 % », a compté Jean-Charles Dubreucq. Les deux autres outils, la rogneuse et l’effeuilleuse, permettent de totalement mécaniser ces étapes.
« Sans la cuma, nous n’aurions pas pu investir dans ce matériel », reconnaît le président de la cuma, qui représente 11,5 ha de vignes. Nous avons prévu d’acheter un broyeur à sarments, une épampreuse, un interceps et une désherbeuse d’entre-rangs dans l’année. » Quant à l’organisation, elle est relativement fluide. Les fenêtres d’action sont assez grandes pour que tout le monde puisse faire son travail en temps et en heure. « Et ça donne aussi l’occasion d’échanger sur nos pratiques, nos interventions, etc. »
Être plus compétitif
Chaque adhérent conduit le matériel et doit l’entretenir, mais il est neuf pour le moment. Le premier utilisateur l’attelle et les outils sont stockés chez deux adhérents. « Nous avons tous adapté notre conduite au tracteur vigneron et aux vignes. Je suis un peu le cobaye dans ces cas-là. Mais le concessionnaire nous accompagne bien pour la prise en main de ce matériel, typique et nouveau pour nous », ajoute Jean-Charles Dubreucq.
Trouver le matériel adéquat
Acheter du matériel pour la vigne dans une région qui n’est pas viticole, c’est un peu comme trouver une aiguille dans une botte de foin. Pour y parvenir, Jean-Charles Dubreucq, président de la cuma Vignes d’Opale s’est beaucoup renseigné sur internet, pour connaître le matériel existant et nécessaire à la culture de la vigne.
Il a également profité de ses vacances pour se rendre dans des vignobles ou visiter des régions viticoles.
Se renseigner et apprendre à devenir vigneron
Avec un ami qui travaille chez un concessionnaire, ils ont échangé et se sont formés. « On apprend et découvrons ensemble le matériel destiné à la vigne, s’amuse le président. Sur le petit matériel, on peut compter sur le négoce, mais dès que c’est plus gros, on doit se débrouiller. On apprend sur le tas, mais c’est très enrichissant. »
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