Dans le Nord, pour cette première vendange après trois années de plantation et de taille de la vigne, les sécateurs sont affutés et les quarante bénévoles bien motivés. L’ambiance est à la fête ce lundi matin. Le soleil brille et fait monter le mercure jusqu’à 27 degrés. Ne vous méprenez pas, vous êtes bien dans le Nord. D’ailleurs, à entendre l’accent des vendangeurs papoter pendant la cueillette, il n’y a pas de doute.
20 % transformé au chais
Après trois années à bichonner sa vigne, pour Antoine Vanholebeke, jeune vigneron à Banteux, la récolte est enfin arrivée. Pour cette première, il peut s’appuyer sur la quarantaine de bénévoles, novices aussi, venus ce lundi 2 octobre. Il faut dire qu’il y a du travail: 1,38 ha de chardonnay à vendanger et il y a du raisin.
« Avant j’étais cueilleur, se souvient un vendangeur qui a fait ses débuts en Champagne, à une centaine de kilomètres de là. Mais en vieillissant, j’ai arrêté de m’accroupir et aujourd’hui je suis porteur. » Il s’agit là de porter et vider les caisses de raisin pour qu’il soit expédié. 80 % de la marchandise sera transformée par un négoce. Le reste étant à la charge du viticulteur.
L’heure tourne dans les vignes et le mercure monte. Il atteindra même les 27 degrés en plein midi. Mais ne parlez pas de changement climatique aux vendangeurs nordistes. « Il y a 34 ans, quand mes jumeaux sont nés, il faisait tout aussi chaud », assure l’une d’entre eux, entre deux coups de sécateur.
Passion toujours
C’est un peu grâce au soleil que la vigne réussit à s’implanter dans la région, où traditionnellement on cultivait plutôt le houblon et la betterave. Cela fait maintenant quelques années qu’un négoce du Nord a diversifié sa collecte de blé avec du raisin. C’est ce qui a motivé ce jeune agriculteur, à peine sorti de l’école, à planter des vignes il y a trois ans.
« Mais entre-temps, j’ai réalisé beaucoup de stages dans des vignobles et je me suis passionné par la vinification, raconte-t-il. Toute la journée, toute la nuit, je pense à mes vignes. Je n’imaginais pas pouvoir me passionner pour autre chose que l’agriculture en grandes cultures. »
Car il est né là dedans: entre les champs de céréales, de betteraves et de légumes d’industries et aussi des élevages. Mais pour pouvoir trouver sa place au sein de l’exploitation familiale où l’élevage a disparu depuis, il a fallu être ingénieux et se lancer.
Première vendange dans le Nord : plus de 6 t/ha
L’exploitation a investi dans la plantation de 1,38 ha de vigne, ce n’est pas rien, tient-il à faire remarquer. Et elle a acheté le tracteur vigneron, le pulvé, un broyeur et un inter-ceps. Ce dernier avec un autre vigneron qui s’est également lancé dans l’aventure. Pour le travail du sol, ils ont aménagé des outils. « Heureusement que nous avons l’exploitation à côté qui nous permet de vivre et d’investir, sans cela, le projet n’aurait jamais vu le jour. »
« En vigne, la taille et le palissage se font à la main, explique le jeune viticulteur qui peut demander de l’aide au salarié de l’exploitation. Certaines tâches comme le travail du sol peuvent être mécanisées. Mais c’est comme pour les betteraves, il faut pas hésiter à repasser dans la parcelle avec la rasette », aime t-il comparer.
Après huit heures de travail dans la bonne ambiance, l’heure est au bilan pour ce jeune viticulteur ambitieux. « Les rendements sont très bons, annonce-t-il. Ils sont supérieurs à 6 t/ha, alors qu’on peut espérer 4 t/ha pour une première vendange. Il faut croire que la vigne se plaît dans ce terrain crayeux et en dénivelé. » Antoine Vanholebeke a d’ailleurs prévu d’implanter trois hectares supplémentaires en continuité de sa parcelle, à raison d’un hectare chaque année.
Qualité avant tout
Car question qualité, tous les espoirs sont permis. « C’est conforme à ce que j’attendais, poursuit ce passionné en vinification. Le taux de sucre est idéal pour le vin calme que je souhaite réaliser. J’attends un taux d’alcool autour de 12 %. Je goûte le jus tous les jours pour qu’il soit juste à maturité pour pouvoir le mettre en bouteille. Mais je reste exigeant, je veux produire un vin de qualité. » Pour cela, il faudra encore être patient: ce ne sera pas avant mai 2024.
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