La crise agricole persiste depuis une dizaine de jours maintenant. Elle s’est même envenimée. Et la première salve d’annonces du chef du gouvernement le 26 janvier en Haute-Garonne, n’a pas suffi manifestement à apaiser la colère paysanne. D’autant plus que la voix des agriculteurs protestataires est (pour l’instant) populaire dans l’opinion publique. Ajoutons le contexte pré-électoral européen et professionnel (avec les prochaines élections aux chambres d’agriculture) qui exacerbe les oppositions.
Une pause du plan Ecophyto pour calmer la crise agricole
Le Premier ministre annonce ce 1er février 2024, une pause du plan Ecophyto. Dans les rangs de la profession agricole on accuse souvent en effet la France de laver « plus blanc que blanc » en sur-transposant les règles européennes.
D’ores et déjà, le Premier ministre a demandé l’application d’une clause de sauvegarde sur le pesticide thiaclopride. Celui-ci est interdit en France depuis 2018. Mais cela n’a aucunement empêché les importations de fruits et légumes traités avec ce produit.
Egalim européen
L’exécutif veut contraindre les distributeurs à respecter pleinement le cadre réglementaire prévu dans les lois Egalim 1 et 2. De surcroît, il propose que ce système soit élargi à l’ensemble des pays membres de l’UE. Une initiative qui permettra peut-être de conforter l’efficacité de cette loi franco-française… Alors qu’on observe désormais le recours aux centrales européennes d’achat !
Le gouvernement redit aussi sa ferme intention de mettre fin à l’absence de clauses miroir dans les accords commerciaux. Y compris dans les règlements européens. Au passage, Gabriel Attal indique sa volonté de sauvegarder la filière volailles durement concurrencée par les importations massives de poulets ukrainiens.
150 M€ pour les éleveurs
Matignon annonce également un plan de soutien social et fiscal spécifique en faveur des éleveurs, qui sera doté de 150M€.
Le gouvernement dit aussi avoir entendu les mécontentements des retraités agricoles dont les modalités de calcul des retraites sont moins avantageuses.
Les employeurs de main-d’œuvre agricole auront aussi la satisfaction de voir prolonger le dispositif TODE relatif à l’exonération des charges sociales, dont le plafond passe désormais à 1,25 Smic.
Mieux garantir l’origine France
L’appellation d’origine France va faire l’objet de contrôles renforcés. En effet, on constate un certain nombre de manœuvres trompeuses. Des sanctions financières seront alourdies pour les industriels fautifs.
On attend également la confirmation de certaines décisions européennes en cours de négociation. Notamment la reconduction annoncée du gel de la mesure jachères, prévue dans la nouvelle PAC 2023. Rappel : celle-ci impose aux agriculteurs de laisser 4% des terres arables de leurs exploitations au repos.
Pas sûr toutefois que ce nouveau train de mesures calme le malaise profond d’une partie de la population agricole. Des exploitants souvent décontenancés à la fois par l’accumulation des normes de tous ordres, administratives, sanitaires, environnementales, etc, et des mises en cause répétées de leurs activités professionnelles.
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