Entre un viticulteur champenois, un céréalier d’Ile de France ou un éleveur du Massif Central, il y a un grand écart du niveau de vie des ménages agricoles. L’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, l’a mesuré à l’échelle des revenus des ménages comptant au moins un membre agriculteur exploitant. Il s’agit donc d’une photographie économique des 399.000 agriculteurs exploitants de moins de 65 ans. Soit 1,5% des personnes en emploi.
Le revenu médian au sein des ménages agricoles atteint 22.200€ indique la note de l’Insee. C’est globalement la même chose que dans le reste de la population. Mais avec plus de différences qu’ailleurs. Le taux de pauvreté est un marqueur de ces écarts de situations. Pour les statisticiens, une personne est considérée «pauvre» lorsqu’elle vit dans un ménage «dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est égal à 60% du niveau de vie médian de l’ensemble des résidents en France».
Niveau de vie des ménages agricoles: de 10 à 25% de pauvreté
Ainsi le taux de pauvreté est de 25,1% dans les territoires dominés par la production de bovins-viande et de seulement 10,8% dans les territoires dominés par les grandes cultures, plantes sarclées et légumes frais. Globalement, le Nord-Est regroupe des ménages agricoles en situation favorable, contrairement au Massif Central et au Limousin.
Dans le monde agricole, l’écart est particulièrement significatif entre les ménages aisés et les autres. «Le niveau de vie des 10% des personnes les plus modestes ne dépasse pas 9.800€ par an. Il est 4,7 fois inférieur à celui des 10% les plus aisés qui disposent d’au moins 46.500€» indique l’Insee. Nettement plus que dans le reste de la population où l’écart n’est seulement que de 3,3!
Meilleures conditions de vie?
Malgré la prégnance de la pauvreté dans certaines zones agricoles, les statisticiens observent que les ménages dont le référent fiscal est agriculteur ont des conditions de vie globalement supérieures à l’ensemble de la population.
«Compte-tenu de la nature de leur activité, une partie des dépenses privées des ménages agricoles (logement, dépenses d’énergie, etc …) peuvent être intégrées dans les comptes d’exploitation. Plus souvent propriétaires de leur habitation que l’ensemble des ménages, ils ont moins souvent des difficultés de logement. Ils sont également moins affectés par des restrictions de consommation courante. En revanche, ils sont plus souvent sujets à des insuffisances de ressources …» détaillent les auteurs de cette étude.
Seulement 1/3 des ressources liées à l’activité agricole
Autre point marquant de cette étude: la diversité des ressources financières des ménages agricoles. Le revenu disponible (revenus d’activité, du patrimoine et prestations sociales) est en moyenne de 52.400€ en 2018. Mais seulement un tiers provient de l’activité agricole, soit 17.700€.
Les autres revenus? Le salaire du conjoint, les revenus tirés des activités exercées en dehors de l’agriculture tels que la vente de produits artisanaux ou le tourisme à la ferme qui ne sont pas comptabilisés dans les revenus, les revenus fonciers tels que les fermages, etc.
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