L’association dactyle et luzerne constitue une solution facile pour bénéficier des avantages de cette dernière. La culture de ces deux espèces estompe les limites de la légumineuse avec une pousse d’herbe retardée au printemps.
Deux espèces complémentaires
En effet, il existe une triple complémentarité entre ces deux espèces :
- les modes de récolte et d’utilisation du fourrage sont tout à fait compatibles;
- la graminée, riche en énergie, et la légumineuse, riche en protéines, font de cette association une très bonne valeur alimentaire.
- Enfin, il y a une bonne complémentarité quant à la répartition de la production au cours de l’année. Le dactyle sera plus présent au printemps. Mais les deux espèces pousseront de concert pendant l’été.
Conservation facilitée
Le mélange des deux espèces facilite la conservation de l’ensilage grâce au dactyle, alors que la luzerne pure exige un conservateur. En cas de récolte en foin, la présence de la graminée permet de garder les feuilles de luzerne cassées dans la masse du fourrage, plutôt qu’elles ne se retrouvent sur le sol. En effet, lors de la récolte de la luzerne en pur, la perte des feuilles peut être conséquente alors qu’elles contiennent 70% des protéines. Par ailleurs, en fin de saison, on peut envisager de faire pâturer l’association, de préférence par pâturage au fil, avec un faible risque de météorisation.
Peu de fertilisation azotée
La fertilisation azotée peut se restreindre à un unique apport au printemps. Par la suite, l’éleveur peut compter sur l’autonomie de la luzerne dont l’azote fixé bénéficiera aussi au dactyle.
La bonne valeur UFL (Unité Fourragère Lait) du dactyle permet de maintenir une bonne densité énergétique du mélange. Les deux plantes ont des pics de production différents. Le dactyle domine au printemps, puis la luzerne en été. Mais le dactyle reste encore très productif. La climatologie de fin d’été et d’automne déterminera la proportion de dactyle et de luzerne en fin de saison. Les regains seront toutefois très appréciés, tant par leurs quantités que leurs qualités.
Couple idéal pour des protéines
Cultiver ensemble le dactyle et la luzerne, c’est associer les deux espèces championnes de leur catégorie pour la production de protéines. La luzerne, on le sait, est riche en protéines à l’instar des autres légumineuses. C’est la plus productive par hectare. Ce que l’on sait moins, c’est que le dactyle est la graminée la plus riche en protéines avec 193 g de M.A.T (Matière Azotée Totale) par kg de matière sèche. Récolté avant le stade début épiaison, il est même plus riche que certaines légumineuses. Ces deux espèces cultivées ensemble et récoltées à un stade jeune peuvent donc apporter une solution très intéressante aux éleveurs qui souhaitent augmenter leur autonomie protéique.
La bonne dose
Lors du semis, il faut tenir compte du poids des graines: le poids de 1.000 graines est d’environ 2 grammes chez la luzerne et de 0,9 chez le dactyle. Pour avoir 50% de plantes de chaque espèce, il faut donc semer 30% de dactyle et 70% de luzerne en poids. Ceci est d’autant plus important en cas de demande de l’aide PAC attribuée aux légumineuses fourragères (il faut que 50% des graines soient des légumineuses). Les semis d’été sont recommandés pour une bonne implantation de l’association avant l’hiver. Toutefois, il est également possible de réaliser un semis sous couvert dans de l’orge de printemps.
Pérennité différente
A côté de cette excellente complémentarité, il faut évoquer la pérennité qui est différente. En effet au bout de trois ans, la luzerne disparaît. On peut alors, soit conserver le dactyle pur, soit y sursemer du trèfle violet. En effet, le sursemis de luzerne n’est pas envisageable. Il est possible également de labourer et avoir un excellent précédent pour des cultures annuelles.
De beaux atouts
En conclusion, l’association dactyle/luzerne est un bon compromis pour répondre aux questions que peut se poser un éleveur possédant des terres filtrantes, d’un bon pH et sensibles à la sécheresse. Cela permettra une meilleure autonomie alimentaire, une prise en compte de la santé de l’animal, une bonne productivité et l’économie d’intrants. Et enfin, une diminution du temps de travail du fait de l’implantation d’espèces pérennes.
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