Aussitôt installé, aussitôt engagé
Quand Malo Letonturier s’installe Créhen, c’est en reprenant les vergers de deux anciens adhérents. Impossible pour lui de ne pas poursuivre la cuma dans laquelle il s’est tout de suite investi. Difficile, aussi, de vivre seul cette aventure. Il en parle donc autour de lui. Dans son groupe de travail du sol à la chambre d’agriculture, par exemple, ou encore à Patrice, un éleveur, qui bien que plus expérimenté, n’avait jamais adhéré à une cuma. « Ici ce n’est pas vraiment un territoire à cuma », observe celui-ci. Qu’importe, il relaye le message dans son groupe Biolait. Le téléphone breton était en marche.
En fin de compte, cinq exploitants, tous nouveaux adhérents, se rassemblent malgré la diversité de leurs productions. Leur réflexion commune sur le travail du sol démarre sur le semis direct. Elle se réoriente vers l’achat d’un Dynadrive. « Ce n’est pas pareil, concèdent les agriculteurs, mais c’est un outil qui nous a plu par sa praticité. » Puis le groupe étudie d’autres outils : un rouleau de 8,70 m, une remorque… De nouvelles règles à Plancoët, autour de la source Sassay, célèbre pour son eau en bouteilles, créent un besoin de herse étrille pour un autre agriculteur. Les nouveaux cumistes sont séduits par l’idée. Et voilà un nouvel adhérent. Puis ce sont cinq autres jeunes agriculteurs de la région de Dinan qui toquent à la porte de la cuma Les vergers d’Armor, toujours partante pour étudier les demandes. Eux, souhaitaient investir dans un broyeur d’accotement et un andaineur. L’effectif de la coopérative grandit encore.
La cuma Les Vergers d’Armor a attiré des primo adhérents de tous les âges
Depuis, une bêche roulante (d’occasion), un vibro et un plateau sont venus grossir le cheptel de la cuma. Des questions sur d’autres matériels sont soulevées, aucune porte n’est fermée mais il faut étudier la rentabilité. Aujourd’hui, ses activités couvrent 12 communes, pour 17 adhérents, de 30 à 56 ans, avec un âge médian de 40 ans. Malo, devenu président de la cuma, analyse : « Pour que la structure vive, il fallait que chacun y trouve son compte. La cuma doit dépanner les adhérents », en termes de matériels, mais pas que. Amael Samson, installé seul après des tiers, met en avant par exemple « la taille humaine » de la cuma. Pour lui, « cela permet des discussions avec les autres, de rencontrer des gens qui ont des idées sur l’agronomie et sur l’entraide ». En même temps, il note que les outils sont utilisés par petit groupes de quatre ou cinq. « Ils restent disponibles. »
De plus, « l’ouverture de la cuma sur l’agronomie permet d’échanger sur les pratiques », note pour sa part Romain Lecorgne. Son Gaec adhère à une autre cuma pour des prestations avec chauffeur. Ici, il apprécie le choix de matériels, « qui permet d’essayer de nouveaux outils peu conventionnels ».
Le groupe WhatsApp de la cuma particpe également au partage d’idées. Il n’est pas uniquement là pour localiser le matériel ou pour le réserver. Les membres y posent des questions sur les réglages, l’entretien, voire parlent des occasions vues sur internet. Patrice apporte une conclusion. « J’aime bien discuter », pas de doute sur ce point « et la densité du groupe le permet. On a les mêmes idées sur l’agronomie et l’entraide. On peut tous se croire forts seuls, mais à un moment donné, on a toujours besoin de son voisin. »
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