La diversification de nouvelles cultures est un bon moyen d’élargir ses champs d’action et de compétences en saisissant de nouvelles opportunités de marché. Plusieurs cuma ont fait ce choix et voici leur retour d’expérience.
Booster la mécanisation
La cuma de Céans a investi 36.000€, en 2019, pour l’achat d’une récolteuse Bonino. Après deux années d’utilisation le président de la cuma François Brun, qui s’est lancé dans la culture de lavande il y a une vingtaine d’années, est satisfait mais il en est certain: «Ce n’est pas la machine qui permet la diversification mais les marchés», par contre le nouvel outil investi en cuma permet d’augmenter les surfaces exploitées.
«Avant j’utilisais une récolteuse latérale. Un matériel qui fonctionnait bien», mais les machines vieillissent.
En 2019, avec sept des quinze adhérents, «nous avons choisi d’acheter une récolteuse Bonino car les Italiens étaient en mesure de nous la livrer très rapidement. Par contre, j’ai regretté, dans les premiers mois, le manque de formation et de conseils techniques. Il a fallu tester sur le terrain.»
Il se souvient: «Nous avons dû faire les réglages au fur et à mesure. Aujourd’hui nous avons appris ensemble à nous en servir et cela fonctionne plutôt bien que ce soit sur les jeunes plants comme sur les anciens. En peaufinant les réglages nous avons aussi réussi à la faire fonctionner sur le thym, l’immortelle ou la sarriette.»
Une récolteuse appréciée
Parmi les avantages de cette nouvelle machine acquise par la cuma, les exploitants soulignent sa rapidité d’exécution et le fait qu’elle soit interchangeable avec tous les tracteurs. En pratique, la cuma s’est organisée pour gérer l’engin: «Nous sommes deux chauffeurs», précise François Brun.
Il poursuit: «La récolteuse est attelée à un tracteur de 110ch et on facture son utilisation, puis on rémunère au barème d’entraide le chauffeur. Mais nous fonctionnons aussi beaucoup sur le principe de l’échange de bons procédés. Quand certains récoltent, d’autres font les voyages vers les distilleries, ça s’équilibre.»
La cuma facilite la diversification des cultures en rendant le matériel accessible
À seulement 28 ans, Nicolas Lombard est le nouveau président de la cuma de Saint-Jurs. Élu en mai 2021, il succède à Jacky Piatti, le président membre fondateur de la structure installée sur le plateau de Valensole.
La cuma de Saint-Jurs fêtera ses 40 ans l’an prochain mais elle change aujourd’hui de président. Jacky Piatty, ancien président et membre fondateur de la cuma passe la main. Il a cédé sa place le 1er mai dernier à Nicolas Lombard, un exploitant de 28 ans installé à Saint-Jurs depuis 2014.
«Il m’a accompagné pendant deux ans, il m’a appris la gestion de la cuma», rassure-t-il. Plutôt serein, Nicolas Lombard devra pourtant accompagner les exploitants dans la modification de leurs cultures: «La monoculture de blé dur est en déclin. Nous essayons de l’optimiser en vendant les céréales directement aux agriculteurs du coin, en local. Ils viennent avec leurs bennes au bout du champ et nous remplissons en direct. De cette façon nous éliminons l’étape souvent très coûteuse du transport. Dans cette cuma, que j’ai rejointe en 2014, la culture de la lavande est devenue prédominante.»
Tous les agriculteurs de la cuma s’y consacrent. Ils essaient aussi aujourd’hui de se diversifier et de cultiver de l’immortelle, de la sauge sclarée ou encore du thym.
Diversification des cultures: investir intelligemment
«En vendant à la coopérative installée sur le plateau nous avons des prix sécurisés qui nous permettent de tenter ces diversifications sur nos parcelles. La cuma, elle aussi, participe à cette transition. Sans elle, le prix du matériel spécialisé ne pourrait jamais être rentabilisé seul, surtout avec nos petites surfaces. Mon objectif numéro un est de conserver cet équilibre.»
Mais le changement de culture présente aussi des enjeux. Durant son mandat, Nicolas Lombard devra continuer de promouvoir l’enherbement entre les rangs de lavande pour lutter contre l’érosion des sols. Dans les prochains mois, la cuma de Saint-Jurs prévoit d’investir dans trois caissons de distillation polybennes en inox pour remplacer les anciens en acier, fragilisés par la corrosion.
Jouer un rôle pour l’environnement
Dans la Var, une nouvelle cuma vient d’être constituée. Celle-ci devrait unir un centre équestre et cinq agriculteurs installés en bio. Une solution gagnant-gagnant qui doit permettre de valoriser le fumier de cheval en améliorant la qualité du sol sur les exploitations.
Et si une cuma pouvait participer à réduire la pollution atmosphérique? C’est l’enjeu principal de la constitution en mai 2021 de la cuma Equicompost Sud Var. Une expérimentation née dans le cadre du programme Agr’air Paca, un appel à projet lancé par l’Ademe, qui devrait permettre aux agriculteurs membres de la cuma de bénéficier d’un fumier de bonne qualité pour amender les sols et au centre équestre, également membre de la cuma, de le valoriser.
«Le fumier mal stocké produit de l’ammoniaque qui s’échappe dans l’air via des particules fines. Avec la pluie, il pollue les nappes phréatiques. L’objectif de cette cuma est de répondre aux besoins de tous, par le partage de matériel notamment. Une véritable coopération s’est mise en œuvre avec la filière cheval de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur», explique Marion Robert, animatrice Agribiovar à l’initiative de cette heureuse rencontre.
«Les 6 adhérents de cette cuma, dont des viticulteurs et un maraîcher, vont devoir acheter du matériel spécifique. Car, pour valoriser le compost de fumier de cheval, il faut l’enfouir. D’ici septembre, un tracteur équipé d’un godet pour retourner l’andain et une benne seront achetés», explique Jérôme Damiens. La cuma sera donc opérationnelle dès septembre 2021.
Relever les défis
Créée pour trouver des solutions alternatives à l’usage de produits phytosanitaires dans les oliveraies, la cuma oléicole de Saint-Cézaire- sur-Siagne dans les Alpes-Maritimes a gagné son pari : lutter naturellement contre les nuisibles et retrouver de la sérénité dans les vergers.
Les maladies de l’olive et de l’olivier ne manquent pas et c’est pour lutter contre la propagation de la fumagine qui se développait sur le miellat de cochenilles, que la cuma de Saint-Cézaire a été créée.
«Pour changer de modèle nous avons cherché un prédateur naturel de la cochenille et avons trouvé les Metaphycus Bartletti et Helvolus qui sont de petites guêpes parasites dont les larves se nourrissent de cochenilles. Le résultat a été au rendez-vous», se satisfait Éric Érétéo, président de la cuma.
Aujourd’hui, la cuma, qui a permis aux oléiculteurs de retrouver de la sérénité dans leurs vergers, est davantage au service des adhérents dans le domaine du prêt de matériel: «Nous avons toujours notre atelier pâte d’olives mais les deux ateliers qui fonctionnent le mieux sont l’atelier peignes Pellenc pour la récolte et le broyeur pour les résidus de taille car nous ne pouvons plus les brûler», ajoute-t-il.
Le broyeur, un Super Prof 2000 Eliet, utilisé depuis onze ans par 18 des 68 adhérents, devrait d’ailleurs être renouvelé d’ici mars-avril 2022. «Nous avons choisi un broyeur équivalent mais légèrement plus performant.» La principale contrainte étant qu’il soit équipé de chenillettes car tous les adhérents travaillent sur des terrains en terrasses difficiles d’accès.
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