Ils n’ont pas été déçus du voyage et ont pu poser toutes leurs questions sur les couverts végétaux en viticulture. La quarantaine de professionnels qui se sont déplacés en décembre à Puisserguier, dans l’Hérault, avait « sous la main » un impressionnant panel d’experts. Chloé Deconinck, qui travaille pour la fédération des cuma du Gard et de l’Hérault, était l’une des chevilles ouvrières de cette journée et évoque l’événement avec enthousiasme. « C’était une journée technique, avec des démonstrations semoirs et de machines de destruction des couverts, mais pas seulement », analyse-t-elle.
Couverts végétaux en viticulture : des résultat d’essais locaux
« Nous avons pu avoir accès à des conférences d’experts, qui ont donné à voir les résultats d’essais locaux. L’objectif était de pouvoir répondre à toutes les questions que les viticulteurs se posent. Et leur donner des outils pour prendre des décisions, » argumente Chloé Deconinck.
« La plupart des questions portaient sur la concurrence entre vigne et couverts, résume-t-elle. Cela préoccupe clairement les viticulteurs. » Oui, il va falloir revoir ses critères, et la présences des caves locales était rassurante en ce sens, » souligne-t-elle.
Des références de groupes locaux
« L’existence de références permet aujourd’hui de mieux se positionner sur le choix des espèces, les stratégies d’implantation, le meilleur moment pour la destruction. Et des outils d’aide à la décision sont en cours de construction », indique-t-elle.
Jouanel Poulmarc’h, de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, a ainsi fait le lien entre la dynamique du changement climatique au niveau mondial et des soubresauts météo locaux. Il a insisté sur la nécessité d’utiliser les couverts végétaux pour leur capacité à favoriser l’infiltration d’eau dans les sols, mais aussi à réduire l’évapotranspiration et à réduire les vitesses et quantités d’écoulement des eaux avec les mulchs.
« Il ne s’agit plus de faire avec la variabilité annuelle ou interannuelle, mais bien de s’adapter », a-t-il argumenté.
Jusqu’à 6 degrés de différence entre sols nu et couvert
Son collègue Paul Katgerman a pour sa part présenté les résultats d’un essai mené dans l’Hérault sur plusieurs dates de destruction d’un couvert végétal (mi-mars, début et fin mai). Ces premiers résultats vont dans le sens d’un maintien des rendements, d’une diminution de l’ETP, et de la nécessité de construire un Outil d’aide à la décision simple (ce qui est en cours) pour pouvoir déterminer la meilleure date de destruction des couverts.
Cet essai a aussi permis de mesurer une différence de la température du sol de 5 à 6 degrés entre un sol nu et un sol couvert, l’après-midi.
Un résultat frappant, qui laisse apercevoir l’impact des couverts sur la physiologie de la vigne, au-delà des impacts sur les fenêtres de débourrement et l’éventuel stress hydrique sur les ceps.
Tous les choix, toutes les étapes pour réussir ses couverts végétaux en viticulture
Stéphane Gentès-Gendeau, de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, a présenté toutes les préconisations techniques issues du réseau Dephy Sud-Est. Et notamment d’un essai mené au Domaine de la Jasse à Combaillaux.
Ce « pas à pas » a permis aux participants d’appréhender tous les choix qui s’offrent à eux à chaque étape, de la préparation de sols à la destruction, dont la date « est fondamentale pour optimiser les restitutions », a-t-elle souligné.
Elle a aussi rappelé que de nombreux outils existent pour le semis des couverts végétaux tels que :
- L’OAD Agrocouverts de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques
- Mais aussi l’OAD Arvalis
- Enfin, l’OAD ACACIA
- Outils auxquels il faut aussi ajouter le calculateur conçu par Christophe Auvergne, pour estimer les quantités de semences nécessaires.
Ne pas négliger les effets souterrains des couverts végétaux
Nicolas Dubreil, du CivamBio66, a pour sa part restitué les résultats du Groupement d’intérêts économique et environnemental Les couvreurs de vigne, « conçu par et pour des vignerons », a-t-il souligné « pour mieux maîtriser la destruction des couverts végétaux ». Le groupe a notamment testé les impacts de couverts détruit et non-détruit sur l’hygrométrie du sol et sur l’azote. Leurs résultats sont disponibles sur la plateforme de la R&D agricole.
Monsieur Dubreil a en outre insisté sur l’importance du mois de mars, capital pour la prise de décision. Mais aussi sur le fait de ne pas négliger la partie souterraine des couverts, qui reste en place après destruction. Parmi ses autres préconisations: ne pas se reposer uniquement sur les mélanges commerciaux, réfléchir à ses objectifs, préparer son sol et semer tôt à la bonne dose.
Dans l’ensemble, il a souligné les effets positifs des couverts sur la matière organique des sols après quelques années. « N’hésitez pas à profiter des expériences collectives déjà acquises si vous vous lancez », a-t-conclu.
« Un métier de plus pour les viticulteurs »
Christophe Auvergne, de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, a poursuivi avec une intervention spécifiquement tournée sur la levée des semis de couverts, « un métier de plus pour les viticulteurs », a-t-il résumé.
« Il a poursuivi en détaillant l’importance des réglages du semoir, avec deux grands principes: trouver la bonne profondeur pour chaque graine, et rappuyer correctement le sol, au risque sinon que rien ne germe.
Des couverts dans la stratégie de fertilisation
Mickaël Lopez, chargé de mission Eau, environnement et agriculture à la mairie de Puisserguier, a pris la suite pour détailler les protocoles mis en place sur l’étude des couverts végétaux en vigne, avec l’appui de l’Agence de l’eau Adour Garonne, mais aussi les Caves de Saint Chinian et de Cruzy.
Ces travaux ont pour objectifs de limiter les dégradations des aquifères, « et les couverts sont un levier pour cela, », a-t-il noté. Ces travaux ont notamment mis en avant la nécessité de d’intégrer les couverts dans une stratégie de fertilisation des sols. Des expérimentations sont en cours sur ce sujets.
Accueil chez un groupe qui expérimente les couverts végétaux en viticulture
Le GIEE Vignes Vertes en Méditerranée est partie prenante de ce travail avec la municipalité de Puisserguier. Et c’est d’ailleurs sur les parcelles des adhérents de ce groupe que se sont déroulées les démonstrations l’après-midi, chez Dominique Sarda.
Le GIEE Vignes Vertes en méditerranée publie également l’état de ses travaux sur YouTube et sur le réseau LinkedIn.
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