Agriculteur et entrepreneur en Essonne et Seine-et-Marne (350 ha: céréales, colza, pois protéagineux, maïs et betterave), Nicolas Galpin est aussi le premier utilisateur d’Europe du broyeur de menues pailles De Bruin iHSD (constructeur australien). «C’est un destructeur de menue pailles qui consiste à détruire, ou du moins réduire en miettes, tout ce qui sort des grilles de la batteuse.»
Concrètement, «une pompe hydraulique montée en sortie moteur, avec un réservoir d’huile et un radiateur d’huile auxiliaire, entraîne deux turbines tournant entre 2.800 et 3.000 tr/min. L’objectif est une destruction mécanique des graines de mauvaises herbes».
100% des graines de folle avoine détruites
Les résultats affichés en Australie par le broyeur de menues pailles iHSD sont alléchants, avec des taux de destruction de 100% en folle avoine, radis fourrager et autres graines de taille similaire. Le taux de destruction du ray grass varie, quant à lui, de 94 à 96%. Des chiffres que Nicolas Galpin espère reproduire à court terme sur ses exploitations.
Cette première installation sur la Claas Lexion 770 a demandé 4 jours de travail à 3-4 personnes en collaboration avec le constructeur. «Cela reste de grosses modifications, même si on ne touche pas au cœur ou au fonctionnement de la batteuse», précise Nicolas Galpin.
100 à 130 ch consommés
«En revanche, il y a un vrai impact sur la puissance de la moissonneuse-batteuse.» Un problème qu’a anticipé l’entrepreneur en montant une barre de coupe plus petite: 9,30 m (habituellement, une Lexion 770 reçoit plutôt une barre de coupe de 10,50 m à 12 m de large selon les conditions).
«L’idée est d’avoir une réserve de puissance de 10 à 15% pour cet accessoire.» En Australie, le constructeur annonce une consommation de 100 ch par le broyeur iHSD. «En France, il faut plutôt compter 100 à 130 ch selon les parcelles.»
Concernant la consommation en carburant de la batteuse avec cet accessoire, Nicolas Galpin reste prudent: «Nous manquons de recul pour le moment. Il semblerait que la Lexion 770 demande chaque heure 25 à 30 litres de GNR (contre 20 à 25 litres sans le broyeur).» Des résultats à confirmer par la suite.
«Un système qui déteste tout ce qui est vert»
Si Nicolas Galpin pensait initialement que le broyeur de menues pailles iHSD s’adresserait majoritairement aux exploitations en agriculture biologique, ces 15 premières journées d’utilisation ont démontré que «cela peut être compliqué en bio, car c’est un équipement qui déteste tout ce qui est vert. Il ne faut pas de gros chardons ou matricaires dans la parcelle à récolter. Il faut donc une culture assez propre et cela détruira tout ce qui est ray grass et gaillet. Attention, même en conventionnel, j’ai eu des soucis de bourrage avec des matricaires dans du colza et des chardons dans une parcelle de blé vraiment sale. Là, ça devient compliqué».
«C’est l’un des inconvénients de ce système: le risque important de bourrage. Quand c’est vert, il peut y avoir du bourrage dans la turbine de destruction et, en conditions sèches, il y a des bourrages par formation d’une voûte au-dessus des turbines. Je pensais que le régime de rotation des turbines de 3.000 tr/min suffirait pour éviter les bourrages, mais l’entrée est étroite et nos flux de matières récoltées sont plus importants qu’en Australie.»
Aux prémices de la technique
Pour autant, «il y a un avenir dans cette technique, même si, comme pour n’importe quelle technique, il y a des avantages et des inconvénients. C’est peut-être un des outils qui permettra demain de réduire les herbicides. Et si le glyphosate disparaît, ça pourrait être aussi une solution à long terme. Nous ne sommes qu’aux prémices de cette technique».
Dans ce contexte, Nicolas Galpin va effectuer quelques modifications durant l’hiver pour adapter le broyeur de menues pailles iHSD aux conditions européennes. Pour le problème de bourrage notamment, il réfléchit à une amélioration avec des tôles et un système mécanique conçu à partir des éparpilleurs de menues pailles d’origine de la Lexion.
L’installation du broyeur de menues pailles iHSD a également fait perdre un peu d’angle de braquage à la moissonneuse-batteuse. Si les ingénieurs australiens ont proposé un élargissement de l’essieu arrière pour corriger le problème, Nicolas Galpin a refusé car il tient à rester dans le gabarit routier des 3,50 m (raison pour laquelle il a choisi une moissonneuse batteuse sur chenilles Terra Trac). Ils étudieront donc une autre solution en jouant notamment sur les passages des flexibles.
Enfin, pour le moment, «quand c’est monté, c’est monté! Il n’est pas possible de désactiver ou de le transformer en éparpilleur de menues pailles». Un dispositif pour pouvoir le déconnecter dans les colzas ou parcelles propres est donc à développer.
Un équipement à 100.000 euros
Concernant le prix du broyeur de menues pailles De Bruin iHSD, il faut compter l’équivalent de 100.000 euros en Australie. Le fabriquant annonce une compatibilité avec les moissonneuses Case IH, Claas, John Deere et New Holland. Il faut cependant prendre en compte le besoin de puissance: impossible de le monter sur une machine de 250 à 300 ch notamment. «C’est un équipement qui s’adresse clairement aux cuma, ETA et grosses exploitations.»
Un autre point à prendre en compte est le dégagement de poussière significativement plus important que sur une batteuse non équipée du broyeur de menues pailles. «La Claas Lexion 770 est équipée du nouveau radiateur à plat monté sur le haut de la machine. Il aspire en haut et rabat sur les côtés. Cela fonctionne plutôt bien avec le broyeur.»
Dernier paramètre à savoir avant de s’équiper: le broyeur est bruyant. «Cela peut poser problème en zone péri-urbaine. Il faut donc faire attention à travailler les parcelles proches des habitations dans l’après-midi plutôt que la soirée. C’est juste une question d’organisation.»
A lire également :
Récupérer simplement les menues pailles
Presser la menue paille en mode non-stop directement au champ
Glyphosate : pas d’interdiction dans la loi, mais le gouvernement maintient l’objectif
Pour suivre la récolte en temps réel, direction le dossier : Moissons et prévisions de récoltes 2018