Les automnes humides remettent sur le tapis les chenilles pour équiper les batteuses et sortir enfin le maïs grain des champs. L’arrivée de chenilles en caoutchouc capables de circuler sur la route a donné un intérêt supplémentaire à cette solution.
Les cuma équipées s’avouent globalement satisfaites. La cuma de Malibeau (Vienne) a monté cette année des chenilles Poluzzi sur sa Lexion 660, après une série d’automnes difficiles. Investissement: 43.500€. A part deux modifications, l’adaptation s‘est bien faite. Il a fallu revoir l’échelle d’accès et shunter un automatisme de régime moteur (la machine récolte sur le rapport de route). Les responsables ont voulu une grande largeur (86cm), qui s’avère toutefois limite par rapport au cueilleur 6 rangs. Bruno Renaud, le chauffeur, a adapté sa conduite: «J’essaie de tourner large en bout de champ pour ne pas trop riper.» Comme les tracteurs n’entrent pas dans le champ, il doit aussi penser à vider la trémie à temps, au moment où il passe près de la benne. Une complication de chantier pour ceux qui avaient l’habitude de vider en roulant, confirmée dans d’autres cuma, mais qui est liée à l’état du terrain et non aux chenilles proprement dites. La vitesse sur route, 17km/h seulement, est pour Bruno la première contrainte.
Manœuvres en bout de champ
La cuma l’Aurore (Saône-et-Loire) avait précédemment des chenilles en fer sur sa Laverda. En changeant pour une Fendt 6300C, l’adaptation s’est avérée impossible. Le groupe est passé à des chenilles en caoutchouc Stark, pour 42.500€ et a pu abandonner son porte-char. Jean-Michel Boulay ajoute: «Par rapport aux chenilles en fer, on abîme moins le sol et le montage est plus facile.» L’équipement relève le train avant de 20cm et change donc l’angle du bec, mais sans conséquences pour la récolte.
La cuma de Bordères (Landes) possède des chenilles Tidue depuis 7 ans, dont deux saisons d’utilisation. Thierry Brèthes (président) complète ces remarques sur le pont arrière: «Nous n’utilisons le pont arrière qu’en cas de besoin, dans les pentes ou pour les manœuvres. En effet, elles ont tendance à faire une ornière, sans doute parce qu’elles tournent plus vite que les chenilles.»
Monte d’origine
La solution serait de monter aussi des chenilles à l’arrière. Elle se dessine à la cuma de St Cosme (Sarthe), qui a monté des chenilles sur son pulvérisateur automoteur John Deere. Didier Loiseau explique: «Elles nous servent pour les apports d’azote en fin d’hiver. Le résultat est excellent mais on perd du temps sur la route à cause de la faible vitesse permise. Notre projet est d’utiliser ces chenilles à l’arrière de notre prochaine batteuse dont le renouvellement est à l’étude.»
La cuma de Coussay (Vienne) a fait une autre démarche, qu’expliquent Jacky et Meddy Cerceau (président et adhérent). «Nous sommes en TCS sur des terres argileuses et humides, et donc très attentifs au respect du sol.Nous avions des chenilles en fer, mais elles étaient trop larges pour nos petites routes et malmenaient la transmission de la batteuse.» L’an dernier, quand la cuma a acheté son Axial-Flow 7230, les responsables ont opté pour une monte d’origine: «Le surcoût a été de 30.000€, nettement moins que pour des adaptables. D’autre part, on est sûr que la mécanique est conçue pour accepter des chenilles et la vitesse sur route reste la même.» Pour la récolte des céréales, les chenilles ont aussi montré leur supériorité dans leurs terres humides (reprise plus facile).