Une banque de travail très cadrée

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Une banque de travail très cadrée

Tous les échanges sont notés sur des carnets pour assurer de l’équité entre les membres.

Comment mettre en place une banque de travail ? Un groupe d’exploitants de la cuma de la Vallée de l’Orne (Meurthe-et-Moselle) témoigne.

[dL’ensilage, c’est la spécialité de la cuma de la Vallée de l’Orne. Dans ce groupe, le chacun pour soi n’est pas permis : les chantiers sont réalisés en entraide depuis 40 ans. Ces échanges sont très appréciés pour la convivialité qu’ils génèrent. Pour autant, ils sont structurés dans une banque de travail. « Les bons comptes font les bons amis », rappellent Régis Reinert, Régis Ruzé et Jean-Paul Schutz, les trois responsables de la banque de travail. Ils se retrouvent tous les ans, au moment de faire les comptes. Ils publient un tableau très simple à décrypter : une ligne pour chacune des treize exploitations, avec un solde de points. « Les échanges ne sont jamais rémunérés. Les points servent à savoir qui doit rendre des heures », expliquent-ils.

La cuma de la Vallée de l'Orne

Régis Ruzé, Yvonnick Mangeot (le président), Régis Reinert et Jean-Paul Schutz, responsables de la banque de travail.

Une banque qui s’équilibre

Tout l’enjeu est d’équilibrer les contributions, pour ne pas entamer le dynamisme du groupe. « Des exploitations peuvent être en déficit parce qu’elles manquent de main-d’œuvre. Nous faisons simplement attention à ce qu’il y ait un certain rééquilibrage au bout de 5 ou 10 ans. Si on ne comptait pas, cela pourrait générer des tensions », précise Yvonnick Mangeot, le président.

Pendant les quinze jours que dure la campagne d’ensilage du maïs, celui-ci confie « avoir toujours en arrière-pensée la banque de travail. » Quelques jours avant le démarrage, un planning avec un certain ordre de passage est fixé. Ensuite, tous les soirs, il envoie un Sms en précisant quels chauffeurs sont convoqués pour le lendemain. « J’essaie de tenir compte des disponibilités des adhérents », ajoute-t-il.

Des hommes et des points

Dans cette cuma, les membres adhèrent à une section qui comprend l’ensileuse, quatre bennes et les lames. Pour les utilisateurs, c’est tout ou rien. « Nous démarrons la journée à 8 h et nous essayons de ne pas terminer trop tard. A 14 h, un nouveau chauffeur d’ensileuse prend le relais, car le poste demande beaucoup d’attention », raconte-t-il. Tous les soirs, une fiche mentionnant les heures travaillées est remplie en trois exemplaires. Le système se veut transparent. Le nombre de points varie entre une heure d’ensileuse, de tracteur ou d’entretien. « Ces valeurs ont été choisies il y a très longtemps, elles mériteraient peut-être d’être revues. Mais il ne faut pas vouloir faire de la pharmacie. A vouloir trop entrer dans les détails, nous ne nous en sortirions plus », estime Yvonnick Mangeot.

210 euros par heure d’ensilage

L’ensileuse travaille 220 h/ an, en comptant la récolte du maïs et de l’herbe.
Son coût de revient est de 210 €/h.
Il s’agit d’une Jaguar 840 Claas, avec un bec 8 rangs. « Si on avait choisi un plus gros modèle, toute l’organisation du chantier était à revoir. Cela aurait pénalisé les exploitations avec de petits silos. La qualité du silo compte plus que le débit », insiste Régis Reinert.
Le renouvellement est réalisé tous les 5 ans. « Je préfère payer la banque que le mécano », résume Yvonnick Mangeot.
« Tous les adhérents veulent un maïs parfait dans leur silo. Nous n’avons pas le droit d’avoir des pannes. » L’ensileuse pourrait travailler quelques heures supplémentaires si un projet de méthanisation se concrétisait. Elle ensilerait alors des céréales immatures.

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