Les constructeurs de machines agricoles entrent en crise

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Les constructeurs de machines agricoles entrent en crise

Les indicateurs économiques du syndicat des fabricants de matériel agricole Axema montrent une situation très détériorée en France en 2024

Le machinisme agricole français voit ses carnets de commande se vider. Les perspectives 2025 sont moroses et les usines trinquent. Massey Ferguson va licencier des dizaines de salariés à Beauvais.

Les extrêmes se côtoient. Après les records de facturation observés en 2023, les constructeurs entrent dans une période de vache maigre. « La conjoncture agricole n’est pas favorable à l’investissement dans les machines agricoles introduit David Targy, directeur des affaires économiques, lors d’une conférence de presse de l’Axema tenue ce 13 novembre dans ses locaux, à Paris. La météo plus chaude et humide impacte les rendements et les semis en grandes cultures. En viticulture, c’est aussi la 3ème plus faible récolte depuis 2000. Sans compter la crise de consommation et l’enjeu prix ». Résultat, les résultats et marges des exploitations sont en forte baisse, analyse le syndicat des constructeurs.

« Les commandes décrochent au 3eme trimestre »

Pour Axema, ce contexte explique les difficultés de ses adhérents industriels. « Les commandes décrochent au 3eme trimestre : -37 % en septembre 2024 comparé à septembre 2023 ». La baisse atteint -10 % en tracteurs standards entre janvier et septembre 2024 comparé à la même période en 2023. « Mais les plus de 200 ch sont en progression ». A l’inverse, la situation est vue comme très dégradée pour les tracteurs spécialisés : -24 %. Et -17 % de commandes sur cette période pour les chargeurs télescopiques.

Toujours indicateur de la crise entamée, les facturations pour la France et l’export sont en baisse généralisées à -14,5 % de janvier à août 2024. « Mais c’est moins marqué en concession, tempère David Targy. Le marché de détail se porte mieux que le marché de gros. On suppose qu’il y a un assainissement des stocks qui est en train de s’opérer ».

Plus spécifiquement pour le marché français, la baisse des ventes annoncée à -10 % en valeur sur les 8 premiers mois de l’année s’explique aussi « par le contre-coup de très belles années 2021-2023, dit l’Axema. Et puis les stocks en concession empêchent en partie les ventes de gros ».

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Conjoncture agricole : le flou pour 2025

Les prévisions 2025 ne s’annoncent pas très optimistes. « La baisse du CA devrait être de l’ordre de 0 à -5% », avec un premier semestre toujours dans le rouge. « On espère un enchainement positif en milieu voire fin d’année avec une reprise des commandes et un impact sur les facturations au second semestre 2025 ». Si et seulement si la météo ne refait pas des siennes, que les moissons se font dans des bonnes conditions sanitaires et économiques.

« Où est le point bas de l’activité ? se demande Jean-Christophe Régnier, administrateur Axema et directeur Lemken France. La baisse est très marquée et on attend encore une baisse au printemps 2025. Il faut espérer une bonne récolte en grandes cultures pour relancer l’investissement. Heureusement pour l’heure les difficultés sont moins marquées dans certains secteurs des productions végétales comme la pomme de terre ou le lin ».

Plusieurs constructeurs mettent au chômage

Les carnets de commande se vident. « Il y a 2,5 mois de CA contre 3,5 mois l’année précédente. 60 % des adhérents ont moins de 3 mois d’activité devant eux ». Dans l’enquête que l’Axema organise auprès de ses adhérents, on apprend aussi qu’une écrasante majorité des adhérents industriels considèrent la conjoncture comme mauvaise à très mauvaise, notamment en grandes cultures (86 %), viticulture (88 %), pour les ETA (72 %) et un peu moins pour les Cuma (65 %). Parmi les inquiétudes relevées, deux sujets émergent et progressent. Il s’agit de la situation agricole dans l’hexagone et la situation politique et économique française qui s’ajoutent au faible niveau d’activité, aux mauvaises perspectives de marché et aux soucis réglementaires.

Résultat, le chômage est de mise. « Un ajustement est en train de s’opérer. 54 % des adhérents ont diminué l’intérim. Il y a une demande d’activité partielle pour 15 % des adhérents, acceptée pour près de 70 % d’entre eux. Cela veut dire qu’il y a du chômage partiel au moins un jour par semaine dans plusieurs entreprises ».

Cela va même plus loin chez certains. On apprend par exemple cet automne que Massey Ferguson s’apprête à mettre au chômage des dizaines de salariés de l’usine de Beauvais. Le 3 octobre dernier, l’entreprise a annoncé un projet de suppression de 103 postes. Ce plan de licenciement survient juste après celui du sous-traitant Gima qui annonçait la suppression de 30 postes au printemps.

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