La pluie stoppant les semis, cela permet de garder du temps pour bavarder. Et plonger dans l’histoire d’une cuma depuis longtemps à la pointe de l’agronomie. Pour cela, il faut rencontrer le père et le fils, Pierre et Damien Sourbié. Si ce dernier est branché matériel, son père est plus concerné par l’agronomie.
Agronomie: tournant dans les années 1980
« La cuma aura 60 ans en 2024 mais le tournant que nous lui avons fait prendre, c’est dans les années 80, raconte Pierre Sourbié. Nous étions confrontés, comme partout dans les zones de coteaux, à de l’érosion, à des sols qui filaient dans la pente avec la pluie. Le système labour n’était pas le plus adapté pour notre zone. L’occasion se présente alors de tester un outil à lames. Les premiers essais ont été aussi surprenants qu’au-delà de nos espérances. Nos cultures sans labour ont fait aussi bien que celles implantées dans des terres labourées… »
Semer dans les couverts
Sans tarder, la cuma se lance et investit dans le matériel nécessaire. La décennie 1990 va servir à perfectionner les parcours. Avant le pas suivant auquel il pensait depuis « une vingtaine d’année » : implanter des couverts végétaux.
Les années passent, les techniques et les connaissances évoluent. S’impose alors l’idée du strip-till avec l’espoir, confirmé depuis, d’améliorer les rendements.
« On a commencé à en parler en 2011. C’est un travail qui a été long. Il a fallu convaincre qu’il était possible de semer dans le couvert et nous avons acquis le matériel en 2017, » explique Pierre Sourbié.
Deux systèmes
« Aujourd’hui, les deux systèmes cohabitent encore », sourit-il. A été ajoutée à cet ensemble une trémie frontale connectée à l’outil de travail du sol pour semer les couverts en un seul passage, avec des graines de tailles différentes. Un vrai casse-tête !
« Ce qui change, c’est que nous considérons le couvert comme une culture à part entière. Parce que c’est avec eux que nous pouvons faire des économies d’intrants et de travail du sol, dans la mesure où on a besoin de moins de puissance », détaille Pierre Sourbié.
Un rouleau Faca est venu compléter la panoplie pour diminuer autant que possible l’usage de désherbants… Une fois la question du travail du sol et des semis réglée, ou au moins bien avancée, il restait d’autres chantiers: les épandages d’engrais et de produits phyto. Et toujours l’idée de faire mieux avec moins, en respectant les principes de l’agronomie.
De une à quatre cultures
La cuma s’est équipée d’un épandeur d’engrais avec pesée et gestion des bordures depuis sept ans, mais aussi d’un pulvérisateur avec coupures de tronçons. Tout matériels confondus, la cuma compte 48 adhérents, le pôle travail du sol en regroupe une dizaine tandis que le groupe matériel de récolte (moissonneuse) en regroupe une trentaine.
« Au final, tout a beaucoup bougé avec le matériel et la PAC, note Pierre Sourbié. Nous sommes passés d’une culture à quatre cultures, et le blé se fait une place à côté du maïs. »
Agronomie : encore des marges à aller chercher
Pour Damien Sourbié, le futur immédiat, c’est le capteur de rendement. « Mais c’est tellement cher qu’on attendra de renouveler le matériel », annonce-t-il.
Il regarde aussi du côté de la robotique et des analyses de sol, de la vie du sol avec, là aussi, des progrès à aller chercher.
Pour Pierre Sourbié, il faut aussi explorer du côté des amendements organiques pour diminuer le recours aux produits de synthèse, les composts, les digestats de méthaniseurs… « Il y a 30 ans, la cuma comptait 70 ou 80 adhérents, on est à moins de 50 mais les hectares sont toujours là. »
Et sont conduits de manière sensiblement plus respectueuse de l’environnement.
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