Les tas de betteraves commencent à border les routes de la plaine du Cambrésis. La saison des arrachages de betteraves 2024 bat son plein depuis quelques jours. Avec des campagnes plus allongées et une ouverture de sucrerie plus hâtive, le 10 septembre, pour combler la fermeture de celle d’Escaudœuvres, les plannings sont un peu chamboulés, l’organisation bien rodée de la cuma des quatre chemins, avançant ainsi la récolte de quelques jours.
Les arrachages de betteraves 2024 lancés
« Les usines m’envoient les plannings avec les dates d’enlèvement des silos début septembre, explique Jérôme Hary, président de la cuma des quatre chemins, située à Abancourt. J’ajuste le planning d’arrachage avec les disponibilités des agriculteurs, mais aussi la localisation des parcelles. » Celui-ci est ajusté en début de campagne avec les exigences des adhérents lors d’une réunion.
Un emploi du temps est donc fixé à l’avance avec pour volonté de ne travailler ni la nuit, ni le dimanche. Si, sur le papier, cette exigence semble facile à respecter, sur le terrain, ça l’est moins. « Nous sommes souvent rattrapés par la météo, avoue le président. C’est aussi pour cela que nous prévoyons des temps de repos, pour nous donner un peu de souplesse si nous sommes arrêtés. »
Rendements décevants
À l’image de l’année dernière où la campagne avait été très compliquée avec les pluies incessantes. Sur ce point, la menace d’une saison identique plane sur les agriculteurs Nordistes. « Nous avons, pour le moment, un léger retard dans nos arrachages. Soit les sols sont trop humides, soit il pleut. Ce qui nous empêche d’avancer à un bon rythme, fait remarquer l’agriculteur. Nous craignons tellement de nous retrouver dans la même situation que l’année dernière. » La tension reste palpable.
Mais pour l’heure, l’optimisme reste de mise. En ce début du mois d’octobre, le soleil est au rendez-vous et les conditions idéales. Cela va permettre de rattraper les délais. En revanche, les résultats de la culture restent décevants. La pluie a empêché la betterave de se gorger de sucre, la rendant le taux de sucre relativement faible. « Mi-septembre, j’ai arraché une partie de mes betteraves, le rendement moyen ne dépasse pas 60 t/ha », avoue Xavier Laude, agriculteur et adhérent de la cuma, déçu. Là où d’habitude le chiffre avoisine les 100 t/ha.
Changer de formule
Forcément, avec une quantité moindre, les chantiers avancent plus rapidement. Mais c’est aussi grâce à l’équipement de la cuma. Elle s’équipe depuis 2008 d’une intégrale et depuis cinq ans d’un transborder. L’intégrale permet de réduire le nombre de personnes en charge du transport, même si elle peut être un peu plus lourde avec sa trémie d’une capacité de 22 tonnes. « C’est la deuxième campagne de la Grimme T4.30, précise le président. Nous avons changé de marque, mais aussi de formule. »
Alors qu’ils renouvelaient leur machine tous les trois ans, le service Grimme a proposé un contrat de maintenance et d’assurance pour cinq ans. « Avec cette formule, le service après-vente, l’entretien et les réparations sont pris en charge, nous n’avons pas de surprise, justifie le président. Et grâce à cette marque, nous profitons de sa bonne valeur de reprise même au bout de cinq ans. » Montant de la transaction : 547 000 euros.
Une prestation complète pour la saison des arrachages de betteraves 2024
Dans la parcelle, l’arracheuse est chaperonnée par le transbordeur. Son arrivée est moins récente dans la cuma: en 2019. Acheté d’occasion, c’est le matériel dont rêvait le groupe de la vingtaine d’adhérents. « Il a une capacité d’environ 18 tonnes et, de part sa nature, il réduit le tassement du sol par rapport à une benne et un tracteur, explique le président. Et il permet de réaliser des tas conformes à la demande de l’usine. » Un point d’honneur pour Jérôme Hary qui est aussi élu chez Tereos. « Nos silos sont retirés par des avaleurs, ils abiment moins les betteraves. Pour cela, le silo doit être parfait. C’est tout bénéf pour nous puisqu’un tas bien pentu évite l’eau de s’y infiltrer. » Les betteraves seraient donc mieux conservées et la terre est décollée.
Comme l’un ne va pas sans l’autre, les coûts d’utilisation sont également liés. « Nous divisons les charges fixes de l’arracheuse par le nombre d’hectares. Cette année, nous avons plus de 500 ha à arracher, le prix devrait atteindre les 170 €/ha », annonce le président. À cela s’ajoute le coût du chauffeur, soit 25 €/h et le GNR, estimé en moyenne à 25 €/ha également. En moyenne, la machine consomme 30 l/ha. À cela s’ajoute le coût du transborder: 40 €/ha de frais fixes auxquels s’ajoutent le coût du GNR et de la main d’œuvre.
Délégation à gogo
« Pour l’arrachage, on propose une prestation complète avoisinant les 260 €/ha en moyenne, compte le président. Si les surfaces évoluent tous les ans, on remarque que l’arrachage des betteraves est désormais délégué. Les agriculteurs n’ont plus le temps de gérer ce chantier puisqu’ils sont mobilisés pour la récolte des pommes de terre ou du lin… » Un comble dans une région historiquement productrice de betteraves.
Les adhérents bénéficient d’une machine et d’un transborder pour permettre à l’équipe d’atteindre les 1ha/h. « Pas question que la machine ne s’arrête ou qu’elle perde du temps pour se décharger, insiste Jérôme Hary. En faisant payer les heures du chauffeur et le GNR, les agriculteurs ont tendance à s’impliquer et à se donner les moyens pour que le chantier avance rapidement. »
Chat échaudé
La saison des arrachages de betteraves 2024 est donc lancée pour environ deux mois. Les quatre chauffeurs de la machine, salariés et adhérents, vont se relayer. Quant au transborder, les adhérents choisissent de la conduire ou de faire appel aux salariés dont la cuma disposent.
« La conduite de cet engin demande de la dextérité, certains adhérents ne sont pas à l’aise, précise le président. C’est pour cela que cinq adhérents se tiennent à disposition pour le conduire. » Si le chantier peut accueillir de nouveaux adhérents, les membres du groupe restent sur leurs gardes, l’automne dernier, avec ses conditions humides, a laissé des stigmates et il ne s’agirait pas de revivre la même expérience.
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