CUMA en action : les animatrices au service de l’avenir

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CUMA en action : les animatrices au service de l’avenir

Sylvie Lhéritier accompagne les groupes d'Indre-et-Loire, en particulier sur le montage des projets et les questions juridiques.

Dans le réseau fédératif, des salariées accompagnent les cuma dans leur fonctionnement quotidien et les aident à construire l’avenir. C’est le métier de Sylvie Lhéritier, animatrice dans l’Indre-et-Loire, et de Céline Rabasté, dans l’Indre.

Animatrice de cuma est un métier pas toujours évident. De plus, dans le milieu agricole, quand on est une femme, il faut faire ses preuves. Présentation et rencontres avec deux animatrices de cuma du Centre Val de Loire : Sylvie Lhéritier dans l’Indre-et-Loire et Céline Rabasté, dans l’Indre.

Sylvie Lhéritier, animatrice de cuma en Indre-et-Loire et facilitatrice de projets

À 53 ans, Sylvie Lhéritier a réalisé la quasi-totalité de son parcours professionnel dans le secteur agricole. Une solide expérience qu’elle met au profit des cuma.

Après avoir commencé sa carrière à la FDSEA de l’Isère, en 1996, en tant qu’animatrice syndicale, elle a ensuite rejoint FDCUMA d’Indre-et-Loire en 2008, fusionnée depuis en 2017 au sein de la frcuma Centre.

Bien que ses parents soient producteurs de céréales, rien ne la prédestinait à cette fonction. Après son bac, elle se tourne vers les sciences économiques, sans objectif professionnel précis. Son mémoire de maîtrise porte sur la réforme de la PAC, premier rapprochement avec le monde agricole. Au terme de ce parcours universitaire, elle songe un temps au droit européen, avant de postuler dans le syndicalisme agricole.

Syndicaliste avant de devenir animatrice de cuma

À la FDSEA, elle s’occupe justement des dossiers PAC. « Au départ, quand je suis entrée en fonction, j’étais souvent perçue comme étant la secrétaire ! », s’exclame-t-elle. Il faut reconnaître qu’il était peu courant à l’époque, dans le milieu agricole, d’avoir des femmes aux responsabilités. « Dans notre équipe de quatre animateurs syndicaux, il y avait trois hommes et moi-même quand je suis entrée. Et quand je suis partie, c’était l’inverse », se rappelle-t-elle.

De retour en Touraine, elle postule au sein de la chambre d’agriculture. Cette dernière fait suivre son CV à la FDCUMA, qui l’embauche. Certes, elle est peu familière des machines agricoles, mais jamais ses interlocuteurs ne lui en ont fait grief. « J’ai squatté un peu les sièges de cabine d’ensileuses, et de tracteurs pour le transport et le tassage, afin de comprendre un peu mieux à quoi ressemblaient les chantiers d’ensilage », raconte l’animatrice. Exercice qu’elle a répété à la moisson. Cela l’a aidée à comprendre les attentes des groupes.

Une écoute active

Son lot quotidien est d’apporter différents appuis aux 65 cuma comme le calcul des coûts de revient du matériel. Elle relaie auprès de chaque groupe ses diverses expériences tirées des nombreuses visites et réunions auxquelles elle participe, et pendant lesquelles elle porte une écoute active pour faire avancer les projets.

Elle attire l’attention de ses interlocuteurs sur les aspects relatifs aux droits et devoirs qu’impose l’adhésion à une coopérative. Un sujet qu’elle maîtrise sur le bout des ongles puisqu’elle est aussi accompagnatrice coopérative pour l’équipe des animateurs de la frcuma. Elle pré-instruit les dossiers devant être présentés au HCCA telles que les créations et dissolutions de cuma ou les modifications de statuts.

Seule animatrice dans un groupe d’hommes

« Je suis souvent la seule femme dans un groupe d’hommes, remarque-t-elle. Le monde du matériel est d’abord masculin. Les exploitantes associées laissent le plus souvent l’homme participer aux réunions de cuma. Je crois pourtant que les femmes peuvent être force de proposition. Elles vont moins s’attacher aux choix de la marque lors d’un investissement. Elles seront plus attentives au confort, à la maniabilité de l’outil, à sa facilité d’attelage… »

Son intégration en tant qu’animatrice dans le monde agricole s’est passée sans heurts : « Je n’ai jamais essuyé de gestes, ni de mots déplacés, témoigne-t-elle. J’ai une certaine inclination naturelle, peut-être par solidarité féminine, à être plus particulièrement à l’écoute des femmes. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à s’installer seules. Elles rencontrent aussi parfois des difficultés à intégrer certaines branches d’activités. Par exemple, certaines d’entre elles ne souhaitent pas s’engager sur l’activité télescopique, car elles considèrent qu’elles n’ont pas le niveau pour le conduire. Les cuma devront tenir compte de ces situations. » Pourquoi ne pas imaginer des collaborations réciproques adhérents/adhérentes, afin d’ouvrir davantage les portes des cuma à toutes les agricultrices ?

Céline Rabasté, animatrice de cuma de l’Indre : « J’apprends tous les jours ! »

Depuis un an et demi, Céline Rabasté suit au quotidien les cuma de l’Indre. Elle, qui était étrangère au milieu agricole, trouve du sens à son travail, même si cela demande beaucoup de polyvalence.

Jeune, femme et non issue du milieu agricole : cela pourrait susciter de la prudence chez certains responsables de cuma de la circonspection. D’autant plus que Céline Rabasté, en poste à la fdcuma de l’Indre, n’a pas de formation agricole. En revanche, elle avait déjà touché du doigt les principes du fonctionnement associatif. Elle a également évolué dans le milieu bancaire pendant huit ans auparavant.

Les écueils qu’elle rencontre dans les cuma lui paraissent surmontables. « Quand je ne sais pas, je n’hésite pas à le dire aux responsables de cuma avec lesquels je travaille », explique-t-elle. Pour conforter ses compétences, elle a suivi quelques formations spécifiques proposées par le réseau cuma.

Animatrice après huit ans dans le secteur bancaire

Son regard neuf oblige ses interlocuteurs agriculteurs à prendre le temps de présenter leurs demandes en termes clairs. Elle sait retranscrire les attentes des groupes qu’elle rencontre avec les mots appropriés quand il s’agit d’accompagner par exemple le montage des dossiers de subvention. Des dossiers instruits par des agents qui ne sont pas non plus tous familiers avec les termes techniques utilisés dans le machinisme agricole.

Ses missions sont larges. Cela va du calcul de coûts lors de projets d’investissements, au rappel des règles de fonctionnement, à l’animation des réunions et autres assemblées générales, ou bien encore l’accompagnement des cuma engagées dans des dispositifs Dina… Pour y répondre, quelques ingrédients sont nécessaires selon elle : d’abord savoir aller chercher l’info, en premier lieu près de ses deux collègues de l’Indre comptables auprès des cuma. Mais aussi avoir un peu de caractère. Cela a pu arriver en effet qu’elle soit mise à l’épreuve au cours d’une réunion où elle était alors la seule femme du groupe. Son métier, elle le vit comme un challenge. Sans doute qu’elle peut faire sienne cette devise bien connue : je ne perds jamais, j’apprends.

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