L’agriculture en temps de guerre
L’agriculture en Ukraine : incité par les clients à redonner activité et espoir au personnel
Après quelques semaines en France, l’entrepreneur revient mi-mai : « Le site de transformation avait été bombardé. Un bâtiment d’élevage brûlé. Et là, j’ai vu que la guerre, ce n’est pas un trou noir. Notre personnel était toujours là. »
Tout comme les clients, en attente de savoir si les livraisons reprendraient. « Mon réflexe a été de répondre : oui, on va retravailler. » La conjoncture aidant, l’entreprise avait récupéré ses 3 M€ de chiffre d’affaires en un an, et investissait 150 000 € pour internaliser l’alimentation. « La guerre nous contraint à des changements plus radicaux, à accélérer nos projets pour faire face aux marchés et améliorer la stabilité de notre système », analyse Gérald Thomasset.
Sa ferme n’ayant pas été touchée, « quasiment rien n’a changé dans mon activité par rapport à avant. Nous avons conservé notre fonctionnement, mais on anticipe encore plus dans les moindres détails », prolonge Clément Coussens.
Outre l’évolution des mentalités et des priorités de chacun, l’impact pour son entreprise était sur la trésorerie et la logistique. « Les ports étaient bloqués. On a dû trouver des solutions. » Il narre l’achat de 20 camions, soit 2 M€ d’investissement, « pour acheminer nos céréales », ou ses projets de construction de silos et de poulaillers, avant de conclure : « La résilience est une histoire assez partagée dans l’ensemble du pays. » Son voisin de table complète : « Aujourd’hui, tout le monde sait que l’Ukraine est un pays autonome. C’est une chance pour l’après-guerre qu’on a décidé de préparer dès maintenant. »
Évolution inéluctable du travail
Hors prime, le salaire mensuel d’un tractoriste représente 1 000 € net sur l’exploitation de Clément Coussens. « L’an dernier, ils ont eu entre 5 et 10 000 € net de prime. » Gérald Thomasset complète : « Quelqu’un qui découpe de la viande touche environ 750 € net et sur l’élevage, c’est de l’ordre de 500 €. »
Toutefois, il s’attend à un changement radical lorsque viendra le temps de la construction : « Les petits salaires vont très vite être oubliés et on va rattraper rapidement la Pologne. » Les deux Français constatent aussi l’appétit ukrainien pour les nouvelles technologies, dans tous les domaines. Un atout pour pallier le manque croissant de main-d’œuvre qui s’annonce.
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