Ces dernières années, la cuma Plume chat-huant a proposé régulièrement une journée d’accueil spécifique à ses nouveaux adhérents. Dans la continuité, sa mobilisation pour accueillir le Mécaécoles en octobre 2024 démontre encore son esprit d’ouverture. L’occasion de parler également de l’agriculture collective.
Mecaécoles 2024 : 900 étudiants à la cuma Plume chat-huant
Le 3 octobre 2024, c’est au portail de la cuma Plume chat-huant (PCH pour les intimes) que le réseau cuma avait donné rendez-vous à 27 établissements scolaires, à l’occasion de son Mécaécoles 2024. Quand plus de 900 étudiants passent le portail de sa cuma ce jour-là, le président trouve un parallèle naturel, une continuité, avec la journée des nouveaux adhérents qu’elle s’organise en mars depuis trois ans.
La cuma se doit de cultiver l’esprit d’ouverture et d’accessibilité du collectif. « Faire cet effort est hyper important », insiste Hervé Mérand. « C’est d’autant plus indispensable avec des personnes non issues du milieu agricole (Nima), ou qui ne sont pas de la région. » Car pour les habitués, les codes qui régissent la cuma et l’activité agricole en général, sont évidents. Pour ce public, les acquérir est « une difficulté supplémentaire. »
« On se rend compte que c’est utile pour tout le monde »
Le responsable estime que formaliser ainsi l’accueil est bénéfique à tous les adhérents. « Quelqu’un qui s’installe comme associé d’un responsable très investi dans la cuma, aura peut-être l’impression de connaître la cuma. Pourtant, c’est une bonne chose qu’il participe à cette visite. Il aura face à lui par exemple le chef d’atelier qui lui explique en direct comment doivent se faire les réservations. On évite ainsi de transmettre les informations avec un filtre. »
Grâce à cette réunion, Rachel Perez a pu mieux appréhender la gouvernance de la cuma, son fonctionnement autour de l’agriculture collective. « J’ai aussi appris plein de choses sur les règles d’attelage, le magasin de l’atelier, du matériel que je ne connaissais pas. »
La jeune adhérente est installée sur un élevage bovin avec transformation laitière. Elle relate aussi la rencontre avec ses homologues, source de potentielles synergies qui optimiseront son système. La journée « découverte » a en effet vocation à traiter du sujet cuma. Mais dans les faits, le besoin des nouveaux agriculteurs va bien au-delà.
Les cuma renforcent l’accueil des nouveaux adhérents
Originale au départ, l’initiative s’est donc répétée annuellement au sein de la coopérative de Plessé. Pour les deux premières, elle avait sollicité l’accompagnement de l’Union des cuma. « La dernière, nous l’avons même réalisée en autonomie », précise le président.
La réitération prouve l’intérêt de la démarche, ce que confirme Caroline Quintela, animatrice des cuma dans le département. « Nous avons cherché à promouvoir cette action d’accueil que plusieurs cuma lançaient elles-mêmes de leur côté. Nous avons notamment édité un guide spécifique pour l’organisation d’une telle journée. »
Tous les ans, quelques cuma proposent ce rendez-vous aux potentiels nouveaux adhérents de leur secteur. L’animatrice de l’Union des cuma retient un point commun à l’ensemble des bilans : « Le principal retour des responsables, c’est qu’ils sont satisfaits d’avoir pris ce temps. C’est un investissement utile. »
Agriculture collective : lutter contre l’érosion démographique
Du côté de la cuma PCH, les « cadres » ont déjà formé de cette manière une vingtaine de personnes au total. Il faut dire que sur la commune, les installations vont bon train. Depuis le début de la décennie, au moins 25 agriculteurs sont partis en retraite. Autant de candidats ont repris le flambeau, conformément à l’objectif de la municipalité, dont la Pac, ou plus exactement la « PAAC », pour Politique agricole et alimentaire communale. Cela figure fin 2024 au palmarès de divers concours, dont celui de l’Observatoire national de l’innovation publique, ou du Grand prix des maires de France (RMC-BFM TV).
« Un discours que l’on entend souvent dans les structures agricoles actuellement est que beaucoup de gens veulent s’installer à Plessé. On peut dire qu’il y a une dynamique », assure Patrice Leroux, adhérent de la cuma et conseiller municipal. La densité de cuma compte sans aucun doute dans cette attractivité.
Sur la commune qui s’étend sur plus de 100 km², elles sont au nombre de cinq. Sans compter la très spécifique cuma du Champ du coq qui se structure autour d’un service d’abattage de volailles, deux d’entre elles ont développé de l’emploi. Pour peu qu’elle fasse preuve d’ouverture, « c’est un type d’organisations particulièrement attractif pour des jeunes agriculteurs », observe Caroline Quintela.
L’expérience qu’Héloïse Bouvier partage au large public du Mécaécoles va dans ce sens. Avec une équipe de quatre salariés plus un apprenti, sa coopérative propose en effet un service idéal. « Nous pouvons déléguer des travaux des champs et d’entretien mécanique. De plus, c’est un atout de pouvoir nous appuyer sur l’expertise des salariés et leur connaissance du matériel. »
Agriculture collective : un outil partagé pour gagner en temps
Au parc matériel performant s’ajoute donc un levier de gain de temps considérable. Grâce à quoi l’agricultrice dispose de marge de manœuvre pour s’impliquer. La cuma étant « un outil qui nous appartient à tous », la vice-présidente juge « normal d’y consacrer un peu de temps. » Elle est de plus une des VIP (Volontaires investis à Plessé), du comité participatif missionné par la municipalité pour faire vivre la dynamique agricole locale qui continue d’ouvrir des chantiers.
Après la mise en relation entre cédants et candidats, via des cafés installation, la collectivité garde un œil sur le sujet du foncier. « Nous allons proposer aux Plesséens de travailler sur un échange parcellaire qui impliquerait l’ensemble des exploitations, glisse Patrice Leroux. Ça a déjà été fait, avec des résultats très bénéfiques, à Cambon, par exemple. »
Des idées arrivent de par-dessus la haie pour une agriculture collective
En fin d’année, deux agriculteurs de la commune voisine témoignaient ainsi à l’occasion d’une réunion sur l’échange amiable de parcelles, qui posait les bases de ce nouveau projet, accueilli avec un a priori favorable par le président de la cuma.
L’efficacité aux périodes de pointe est pour lui un souci que les collectifs se doivent de considérer : « Une heure de moins sur la route, c’est une heure disponible pour travailler au champ. Si les adhérents sont bien organisés grâce à des parcellaires avantageux, tout le collectif y gagne. »
En outre, la démarche naissante provoque déjà des rencontres intéressantes, car de nature à désamorcer de potentielles tensions, alimentées par la conjoncture ou les clivages. Hervé Mérand en est convaincu : « À chaque fois que des agriculteurs se parlent et réfléchissent ensemble sur un sujet, c’est une occasion d’initier d’autres envies de travailler et d’investir ensemble. »
En chiffres
- 4 salariés plus 1 apprenti
- 45 fermes adhérentes (environ 80 agriculteurs)
- 700 000 € de chiffre d’affaires
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :