Laure Dubert est une agricultrice bien dans ses bottes. Elle est aussi administratrice de cuma. Installée en SCEA en 1972 à 26 ans, en grandes cultures sur 190 ha, elle a engagé sa carrière avec énergie. Malgré son voisinage agricole assez circonspect au départ sur l’arrivée de cette jeune femme qui reprenait l’exploitation de ses parents et de son oncle… Cette voie professionnelle n’était pas tracée d’emblée puisqu’elle a commencé par suivre des études de droit en passant une licence. Elle se réoriente ensuite et obtient un BPREA au lycée agricole de Bourges. Aujourd’hui, son exploitation située à Saint-Michel-de-Volangis, en Champagne berrichonne, s’étend sur 305 ha. Elle est équipée d’un système d’irrigation avec un pivot, complétée par un enrouleur. L’exploitation dispose de deux bâtiments avec des toitures photovoltaïques.
Nouveau projet en vue pour l’administratrice de cuma
Un troisième projet s’amorce. Pour entreprendre son parcours, et en particulier pour effectuer les gros travaux, Laure Dubert s’est appuyée sur des multiples collaborations avant de constituer un groupement d’employeurs avec quatre salariés aujourd’hui. La création de la cuma du Langis, il y a 10 ans, a donné un second souffle à l’exploitation avec la mise en commun d’une grande partie du parc de matériels.
Aujourd’hui, la cuma détient trois gros tracteurs Fendt, deux moissonneuses-batteuses, du matériel de travail du sol, deux pulvérisateurs dont un automoteur et un traîné John Deere qui vient d’arriver. Le groupement d’employeurs a intégré la cuma pour simplifier la gestion administrative, justifie Laure qui assure le suivi administratif et participe à l’intendance.
Des chantiers collectifs sur 1 650 ha
La cuma regroupe cinq exploitations qui travaillent étroitement en coordonnant leurs chantiers sur une superficie totale de 1 650 ha. Ainsi, pour faciliter les travaux des champs menés en commun, le groupe vient d’homogénéiser les passages d’outils sur 30 m, correspondant à la largeur des pulvérisateurs.
Les adhérents se regroupent aussi pour les commandes d’intrants. « La mécanisation représente des coûts de plus en plus importants », insiste la trésorière de cuma. Ce qui justifie la mutualisation du matériel. « Mais la cuma, ce n’est pas que ça. C’est la confrontation d’avis, des échanges qui vous boostent grâce au mélange des compétences », souligne-t-elle.
Un réseau ouvert
« Je me sens bien dans ce réseau », affirme celle qui partage son dynamisme au sein de la Fédération régionale des cuma qu’elle a rejoint voici quelques années, lorsque sa vie familiale lui a laissé un peu plus de temps. Elle préside la section Cher de la frcuma où l’activité fédérative a repris après une phase de reflux au moment du Covid, explique-t-elle. Elle siège aussi au CA de la fncuma. Cet engagement dans le réseau s’est réalisé sans hostilité particulière par rapport à son statut de femme.
« Je suis convaincue que l’agriculture se féminise », affirme Laure. Certes, elle ne prend plus le volant des tracteurs aujourd’hui, se sentant moins à l’aise qu’elle ne l’était avant sur des tracteurs de moindre puissance. Mais son implication reste déterminante dans la réussite partagée des exploitations adhérentes de la cuma. Pour cette agricultrice et administratrice en cuma, l’égalité des sexes en agriculture n’est pas une obsession. « On demeure différents, ne serait-ce que par la force physique », admet-elle. Chaque femme devrait cependant, comme dans le parcours de Laure Dubert, pouvoir y trouver sa place.
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