Dotée d’un fort caractère et d’une grande motivation, Elvina Duval s’est battue il y a quinze ans pour s’installer, seule, sur une exploitation laitière. Certains tenteront bien de la raisonner pour qu’elle s’installe avec un homme, « pour plus de sécurité », disaient-ils. Elle persévère, parvient à convaincre et, à l’âge de 27 ans, prend les rênes de son exploitation. La pression, Elvina Duval connaît. Être une femme en agriculture, c’est devoir faire ses preuves encore plus qu’un homme. « J’ai fait mes armes, je ne me suis pas préoccupée du regard des autres. Je savais que j’étais capable. »
Le service de la cuma correspond aux attentes d’Elvina Duval
Pour les travaux des champs, elle s’est rapprochée du réseau cuma, au sein duquel elle essuie un premier refus, pour des motifs misogynes, selon elle. Elle ne se décourage pas, persiste et intègre la cuma d’Eréac. Cette adhésion lui permet de rencontrer les autres agriculteurs du territoire, de partager des moments conviviaux et, surtout, de répondre aux besoins de son entreprise. « Le matériel est de plus en plus adapté aux femmes, constate-t-elle. Néanmoins, l’utiliser demande de la formation. » En cela aussi, Elvina sait qu’elle peut demander de l’aide à un voisin. De plus, « étant seule sur la ferme, j’ai tendance à faire appel à la cuma avec une prestation chauffeur », précise-t-elle.
Intégrer la cuma, c’est aussi participer à sa gouvernance
En 2021, cinq cuma du territoire, dont celle d’Eréac, concrétisent un projet de fusion. Membre du groupe de travail spécifique, Elvina Duval s’est impliquée pleinement dans ce processus qui donne naissance à la cuma Ménérance. Elle confirme alors son engagement dans la vie de sa coopérative.
Elle intègre en effet le bureau et devient trésorière adjointe. Les administrateurs, soucieux d’accueillir une femme dans l’équipe, soutiennent la démarche. « J’apporte davantage un regard économique que technique », analyse l’agricultrice qui ne se sent pas experte du machinisme agricole. « Pour autant, je pose des questions, je donne mon avis et porte la parole des autres. » Même si l’éleveuse de Sévignac reconnaît qu’il reste encore du chemin à parcourir, elle observe comme « un effet de groupe. Plus il y a de femmes impliquées sur un territoire, que ce soit dans les métiers para-agricoles ou dans les fermes, plus les mentalités évoluent. Et la jeune génération y contribue aussi ! ».
Oser s’exprimer
De son côté, Elvina Duval participe chaque mois au conseil d’administration de sa coopérative. Elle apprend peu à peu son rôle aux côtés du trésorier. Cela demande de se libérer du temps et nécessite, évidemment, d’être organisée. « Je ne suis jamais libre le mercredi, mais pour le reste, on s’organise, comme toujours quand on est seule sur sa ferme avec une famille de trois enfants ! » Son professionnalisme n’est plus à prouver. Ses années d’expérience en tant que cheffe d’exploitation lui ont fait gagner sa légitimité.
Sa plus grande force demeure assurément son caractère. Oser s’exprimer, pour soi et pour porter la parole des autres, ce sont aussi des qualités primordiales à la vie d’un groupe tel que la cuma, « qu’on soit un homme ou une femme… », aime-t-elle souligner.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :