L’adéquation tracteur-outil pour mieux maîtriser la facture de GNR

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L’adéquation tracteur-outil pour mieux maîtriser la facture de GNR

Dans un essai du réseau cuma, le lestage frontal démontrait son intérêt pour l’optimisation de la consommation de GNR.

L’utilisation de tracteurs implique rapidement l’usage d’un carburant, or le coût de celui-ci s’avère de plus en plus significatif. La gestion efficace de ce coût implique la mesure précise des consommations pour identifier les leviers les plus efficients. Depuis 13 ans, le réseau cuma Ouest mène des essais.

Les tracteurs des cuma bas-normandes représentent une flotte de plus de 300 unités. Optimiser leurs consommations de carburant est un élément clé pour réaliser des économies substantielles au sein des groupes. Cela passe tout d’abord par l’établissement d’un cahier des charges lors de l’achat pour minimiser le gaspillage de carburant. Il est important de lier cette démarche avec les renouvellements d’outils, afin d’optimiser l’adéquation entre les deux éléments de l’ensemble : le tracteur et l’outil. Grâce à des essais réguliers, le réseau cuma Ouest acquiert des références sur cette question. Depuis 13 ans, ces essais évaluent les consommations et les capacités de traction des tracteurs, couvrant divers aspects tels que les transmissions, les pneumatiques, le gabarit du tracteur, le lestage, etc.

Le choix du gabarit du tracteur est crucial

En 2023, par exemple, une comparaison entre un 4 cylindres de 155 ch et un 6 cylindres de 175 ch sur un scalpeur révélait une surconsommation de GNR de 60 % pour le 6 cylindres. Ce résultat est attribuable à plusieurs éléments, dont le poids (1 t de différence) et la monte de pneumatiques. De plus, malgré un régime moteur plus bas, le 6 cylindres n’a pas amélioré sa consommation spécifique. Sans travail à pleine charge, le tracteur est resté sous-valorisé.

Vue d’ensemble sur le convoi

En 2017, des essais avec deux tracteurs 6 cylindres de gammes différentes ont montré l’importance du lestage. Sur un déchaumage avec un outil porté à dents de 4 m, un plus petit tracteur lesté (John Deere 6R215) a surpassé son homologue non lesté et typé champs (John Deere 7R210). Grâce à la meilleure répartition du poids, le lestage frontal démontrait son intérêt pour l’optimisation de la consommation : 1 l/ha de gagné, pour une même vitesse d’avancement, avec le 6R215. A contrario, un lestage excessif, notamment sur la route, engendre de la surconsommation : + 5 % pour 1 t supplémentaire.

Mesure des consommation de carburant selon l'adéquation entre le tracteur et l'outil.

Contrairement à un outil de 6 m, un combiné de 4,5 m peine à solliciter un tracteur de 250 ch à sa juste valeur.

Les stratégies d’équipement en outils attelés sont également à considérer. Les résultats des essais cuma encouragent des choix d’outils semi-portés. Certes plus coûteux, ils sont potentiellement bénéfiques sur les charges, à l’échelle de la stratégie globale d’équipement. Car les choix de puissance doivent être ajustés en fonction des besoins spécifiques de chaque outil. C’est par exemple le cas des combinés de semis.

Adéquation tracteur-outil : le choix des combinés de semis

Les essais en 2022 s’intéressaient au cas des combinés de semis : 3 m, 4,5 m ou 6 m, matériel porté ou semi-porté… Les choix de puissance doivent être ajustés en fonction des besoins spécifiques de chaque outil. Principaux résultats :

  • Un 155 ch est un peu juste pour un combiné de 4,5 m traîné. La vitesse demandée (6 km/h) n’était en effet pas atteinte. 175 ch seraient alors la puissance idéale.
  • Un 250 ch n’est pas du tout valorisé avec les deux combinés de 4,5 m, hormis sa capacité de relevage nécessaire pour le matériel porté.
  • L’ensemble 250 ch et combiné 6 m traîné est le moins consommateur en carburant à l’hectare (5 l de moins en moyenne que les autres solutions) et un débit de chantier nettement supérieur (de 2,7 à 3,5 ha/h), ainsi qu’un coût de revient inférieur de 10 à 25 €/ha.

Il peut alors être judicieux de conserver une marge lors de l’achat d’un tracteur moins puissant pour investir dans des outils semi-portés plutôt que portés, en tenant compte des poids respectifs des outils.

Le télégonflage, un atout précieux

Le poids élevé des machines soulève des préoccupations quant à l’impact sur le sol. Aujourd’hui, l’utilisation de pneumatiques basse pression ne compense plus suffisamment. Le réseau a donc exploré l’intérêt du télégonflage. Il est possible en montes de pneu de type VF avec réserve de gonflage rapide, sur des chantiers de lisier, alternant route et champs. Les poids d’ensemble peuvent dépasser les 60 t. Mais son application avec, par exemple, des combinés de semi-portés dans des conditions humides reste à déterminer.

Des essais ont été réalisés avec un Claas Axion équipé d’un combiné de 4,5 m et trémie frontale (PTAC de 18 620 kg). Ils montrent que la pression de 1,3 bar face à une pression de 1,7 bar semble la plus adaptée en sol humide. Cela impacte positivement les consommations de GNR et le débit de chantier. Cependant, à l’inverse, trop dégonfler génère des forces de roulement inutiles. Soulignant ainsi l’importance de consulter l’abaque du manufacturier pour bien adapter la pression selon la charge et la vitesse maxi.

La pression des pneumatique est un paramètre qui influence la consommation de GNR

En plus d’une bonne adéquation tracteur-outil, la présence d’un système de télégonflage est un atout précieux pour optimiser la consommation de carburant.

En travaillant sur un raisonnement global du parc à l’échelle de la cuma, voire de l’intercuma, il est possible d’améliorer les résultats économiques du groupe. Voire même de pallier des problèmes de fenêtres météo et de portance.

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