Des viticulteurs charentais sont engagés dans le développement d’itinéraires de désherbage mécanique de la vigne. Quatre d’entre eux ont témoigné lors d’une journée viticole, sous le slogan «Zéro herbicide, c’est possible!» Tous appartiennent à des groupes Dephy animés par la chambre d’agriculture.
Pas un retour en arrière
Comme le précisent Coralie Lachenal et Léa Ballorin, les conseillères en charge du dossier, le travail du sol en vigne n’est pas un retour en arrière. Même s’il a été pratiqué autrefois faute de solutions chimiques, il est aujourd’hui opéré avec des outils autrement plus élaborés et productifs. En revanche, la diversité des sols et des adventices impose une grande capacité d’adaptation. Les témoignages le prouvent.
Rotofil
Eric Chaissou a des terres argilo-calcaires. Au départ, il avait du mal à suivre au printemps avec des lames hydrauliques (Actisol). Il a investi dans un rotofil, en fait une épampreuse équipée de fils de désherbage. Il a pour intérêt de limiter l’importance de l’herbe sans toucher au sol. Sa limite: les jeunes vignes. Puis il a acheté un autre châssis pour un modèle plus stable dans les pentes, de chez ID-David. Il associe lame + cure-cep + herse rotative. Mais l’outil pourrait aussi recevoir une tondeuse, qui remplacerait alors le rotofil. Au long de l’année, cinq à six passages de lame, hydraulique ou mécanique, se succèdent. Eric Chaissou indique: «L’outil idéal n’existe pas, la complémentarité entre les outils est l’élément clé. Il faut être réactif et anticiper la pousse des adventices.»
Chausser et déchausser
Jean-Baptiste Pinard a des terres plus légères. Il a opté pour un itinéraire avec chaussage au disque en automne, et décavaillonnage au printemps avec un outil animé (Pétalmatic de Boisselet). Le rang est ainsi propre en début de saison. Les interventions suivantes se font avec une lame mécanique. Il insiste sur le respect des stades pour le passage d’un outil: «Dans la gestion des travaux d’hiver, le travail du sol est prioritaire. Dès qu’il y a une fenêtre de beau temps, on déclenche notre première intervention.»
Fertiliser au bon endroit
Jérôme Bougnaud doit pour sa part s’accommoder de trois types de sols différents. « Et le plus compliqué, c’est quand on en trouve deux dans la même parcelle. » Il confirme qu’en désherbage mécanique, il faut être réactif. Mais il ajoute qu’il faut aussi savoir accepter un peu d’herbe si elle ne concurrence pas la vigne. Chez lui, l’itinéraire type commence par des disques émotteurs en fin d’hiver. Ils créent l’ameublissement qui facilitera ensuite le travail des lames sarcleuses et des disques (Belhomme Speedway). Le premier outil est en montage ventral, associé à un autre attelé à l’arrière pour gagner du temps. A noter: Jérôme Bougnaud localise la fertilisation entre les rangs pour ne pas encourager la croissance des adventices sous le rang.
Lames et disques
Francis Charrier exploite également des sols variés. En sortie d’hiver, il intervient avec une lame (Braun ou Bernhardt Concept), ou un outil rotatif (Boisselet Pétalmatic). Si le sol est trop humide, il broie juste la végétation (Rotofil Berti ou épampreuse Braun). Le passage suivant est opéré avec une lame. Puis viennent des disques émotteurs associés à des doigts Kress, pour compenser le creusement lié aux lames. Il combine le travail du rang avec une autre opération, par exemple le broyage de l’engrais vert ou le rognage.
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