1. Avant de vendre du carbone, réaliser un diagnostic de départ
Avant de commercialiser des quantités de gaz à effet de serre non émis, il s’agit avant tout de réaliser un diagnostic carbone global de l’exploitation. Il est nécessaire de faire l’analyse des méthodes de production et de tout l’environnement. Que ce soit d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre ou du potentiel de stockage. Le coût des diagnostics réalisés dépend des porteurs de projets. Toutefois, le plan de relance a fourni une aide de 90 % laissant un reste à charge de 200 € à l’agriculteur.
L’agriculteur a également la possibilité de réaliser des analyses de terre pour connaître exactement le potentiel de stockage de carbone de ses sols. « C’est principalement le taux de matière organique du sol qui va déterminer la capacité des sols à retenir du carbone, lance Matthieu Delespesse, agronome chez Soil Capital. La minéralisation, l’ajout de couverts végétaux ou la fertilisation organique sont aussi des clés pour augmenter cette valeur. »
Par ailleurs, les approvisionnements et cycles de production seront passés au crible. « Le principal facteur d’émissions d’une exploitation est la fertilisation, car ce poste est très gourmand en énergie, explique l’agronome. Que ce soit pour la fabrication des engrais, leur transport ainsi que leur épandage. » Ensuite, les produits phytosanitaires, la consommation de carburants et la récolte pèsent dans la balance. Pour les élevages, l’achat et consommation d’aliments concentrés tels que les tourteaux impactent également fortement les émissions.
La différence des deux composantes permettra à l’agriculteur, une fois ce diagnostic réalisé, de savoir s’il est émetteur de gaz à effet de serre ou s’il en stocke. Les émissions peuvent être réalisées lors de l’épandage de fertilisants organique ou minéral. Le stockage, lui, peut être effectué grâce à la matière organique présente dans le sol.
2. Mettre en place un projet sur au moins cinq années
À l’issue de cette analyse, un plan d’actions est proposé à l’exploitant pour lui permettre d’identifier d’un côté des leviers de réduction des émissions de gaz à effet de serre (en changeant ou en améliorant certaines pratiques) et de l’autre côté, des solutions en faveur du stockage de carbone. Une stratégie doit être mise en place ainsi que des mesures précises.
Toutefois, il n’y a pas de recette miracle. « Chaque stratégie ou levier actionné a un effet différent, alerte Matthieu Delespesse. Dans le cas du label bas carbone lancé par le gouvernement, par exemple, pendant cinq années, l’agriculteur va s’engager à réduire une partie de ses émissions de gaz à effet de serre, ou en stocker davantage. Il faudra le quantifier et atteindre l’objectif. » La quantité de ces économies de gaz, exprimée en tonne équivalent CO2, sera alors commercialisée.
Si le bilan carbone est déjà favorable, l’agriculteur peut prendre pour référence une moyenne territoriale. L’amélioration de ce bilan est alors commercialisée. « Cela permet à celui qui est déjà en dessous de la moyenne de bénéficier des améliorations précédentes à ce bilan carbone », précise l’agronome. Dans tous les cas, cette phase demande que l’agriculteur soit accompagné. De nombreux organismes agricoles se dotent de compétences en la matière.
3. Vendre du carbone, choisir entre certification et prime filière
Afin de vendre le carbone économisé, celui-ci doit être certifié. Cela lui permet d’être vendu sur le marché du carbone. Cette quantité, sous l’unité de teqCO2 est alors convertie en crédit carbone. En agriculture, il existe six entreprises qui permettent de certifier la marchandise et ainsi accéder au marché. Toutefois, selon les niveaux d’exigences, le prix du carbone sera différent.
Il existe six certifications : le label bas carbone du gouvernement français, mais aussi Soil Capital, Gold Standard, label rize, label verra ou encore Clime. Ces certifications différentes amènent des rémunérations différentes et sont accessibles via de nombreuses entreprises et porteurs de projets.
Une autre voie est possible pour vendre du carbone. Celle des filières décarbonées, portées par des coopératives, des négoces ou des entreprises agricoles. Elles permettent de réduire l’impact carbone d’une culture de l’amont jusqu’à l’aval de la filière.
Un choix devra donc être opéré. « L’agriculteur doit saloir s’il veut contractualiser toute son exploitation ou une culture, explique Anaël Bibard, fondateur de la société Farmleap. Ensuite, si c’est une exploitation de grandes cultures ou de polyculture élevage, les accès aux certifications seront différents. Enfin, aux cours actuels, il faut dans tous les cas savoir que la démarche ne doit pas être uniquement pécuniaire. Dans ce cas, ce ne sera pas rentable aux yeux de l’agriculteur. La vente de carbone s’inscrit dans une démarche globale avec de nombreux cobénéfices qui ne sont souvent pas quantifiés. »
4. Choisir et mettre en place la méthode
Une fois l’objectif fixé, l’agriculteur devra choisir la méthode à mettre en place sur son exploitation. Celle-ci dépendra s’il y a la présence d’un élevage ou non. Mais aussi de différents critères et les envies de l’agriculteur. Dans ces méthodes, on plébiscite souvent les changements de pratiques et le non-travail des sols. Il existe cependant d’autres leviers qu’il faut étudier pour espérer obtenir le résultat escompté.
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