Le bilan carbone est à la porte des labels et des certifications de l’agriculture de demain. Positif ou négatif, ce bilan devra prendre en compte tous les moyens mis en œuvre dans les pratiques. Ce n’est pas lié uniquement au parc matériel, mais majoritairement aux pratiques agricoles et aux modes d’utilisation du matériel. Les leviers pour maîtriser et réduire son empreinte carbone sont nombreux. Il s’agit d’économies d’énergie, d’optimisation des intrants, de stockage du carbone et d’autonomie alimentaire. La cuma a un grand rôle à jouer.
Des matériels moins gourmands en énergie
Les cuma peuvent générer une organisation des chantiers en collectif. Un matériel autoguidé utilisé pendant toutes les fenêtres météo favorables avec des chauffeurs dédiés et une intendance sans faille, permet de diminuer la consommation de carburant et d’intrants. La conduite économique promue par le réseau cuma a son importance également. L’efficience des chantiers est prépondérante pour réduire l’impact carbone.
Il faut aussi se tourner vers d’autres matériels moins gourmands en énergie. Que ce soit lors de leur production et lors de leur utilisation. Les robots et les outils fonctionnant aux énergies non fossiles sont un début de réponse. Là aussi, les cuma peuvent offrir une réponse appropriée via un investissement collectif dans ces outils novateurs.
Optimiser les intrants
L’efficience des chantiers collectifs amène également à une optimisation des intrants. Couplée avec des systèmes de pesée, de gestion du débit, de réduction des recroisements et d’outils d’aide à la décision, cette optimisation permet de réduire aussi les émissions de protoxyde d’azote (N2O). Ce gaz représente une pollution beaucoup plus importante que le CO2. L’implantation de légumineuses limite également le relâchement de N2O dans l’atmosphère.
Couvrir des sols
La couverture des sols est de plus en plus répandue dans les cuma, avec l’investissement dans des matériels de semis et de gestion des couverts végétaux et d’autres cultures intermédiaires. Cette pratique cumule des points positifs. La réduction du travail du sol et les impacts agronomiques positifs qui lui sont liés contribuent en même temps au stockage du carbone par les végétaux vivants. D’autres filières sont des «puits de carbone» comme l’agroforesterie et l’élevage, avec la valorisation des prairies et des cultures fourragères.
Autonomie alimentaire
Les parcs matériels de cuma et l’organisation des chantiers liés à l’alimentation animale sont des réponses à l’autonomie alimentaire des élevages. Hormis le gain économique non négligeable pour les élevages, cette autonomie alimentaire joue un rôle dans le bilan carbone.
Les productions de protéines locales permettent en effet de limiter l’empreinte carbone liée à l’importation d’aliments comme le soja. A la veille de la généralisation du bilan carbone, les filières agricoles doivent anticiper ce calcul qui devra viser l’équilibre. Les leviers sont déjà en marche dans les cuma des Charentes. Il faut poursuivre dans ce sens et maintenir ce temps d’avance pour atteindre un bilan positif dans le stockage du carbone.
Stocker du carbone, c’est facile?
Pour viser un équilibre du bilan carbone, il faut passer par la case «stockage» avec la couverture temporaire ou permanente des sols par exemple. Les couverts végétaux sont une des solutions pour stocker facilement du carbone. Ces cultures intermédiaires apportent des avantages. Que ce soit en élevage pour constituer un complément de fourrage, ou en grande culture et en viticulture pour restructurer les sols et y apporter des éléments organiques. Les bandes enherbées, les haies, l’agroforesterie sont autant d’autres sources pour stocker du carbone.
Le désherbage mécanique, générateur de carbone?
Avec la diminution des herbicides et les conversions en agriculture biologique, la pratique du désherbage mécanique pèse dans le bilan carbone des exploitations. Il faut repenser la gestion des adventices avec une réponse collective par exemple. Le passage des outils doit être fait au bon moment et avec des chantiers efficients pour limiter l’impact carbone. Les robots en viticulture sont un bon exemple de délégation de la charge de travail et de maîtrise du bilan carbone.