Une cuma attrayante
C’est l’effet boule de neige assurent les membres. « La cuma est attractive, estime Benoit Guerout, agriculteur et également adhérent. Elle fonctionne bien et on propose une grande diversité de matériel à des prix d’utilisation peu élevés. » Ainsi, dans le groupe, on compte une trentaine de matériels : déchaumeurs, presse, herses, plateaux, remorques, tracteurs, semoir, charrue, épareuses… difficile de dresser une liste exhaustive. « Et j’ai oublié, nous avons aussi une enrhubanneuse », rappelle l’adhérent quelques jours après le reportage.
Mais il ne faut pas s’y méprendre. S’il y a des oublis, ce n’est pas faute d’être organisé… À l’image des collectes d’unité de travail. « Nous avons équipé tous nos matériels d’un boîtier Karnott depuis 2017, lance Thierry Fraiture, président de la cuma. À chaque achat de matériel supplémentaire, on y joint un boîtier connecté. » Mais ceux-ci ne sont pas disposés n’importe comment. Ils sont fixés dans un boîtier à l’abri de l’eau et le chargeur y est accolé. Tout est fait pour que l’utilisateur soit le plus autonome possible. Un boîtier « mulet » est aussi disponible si l’un d’entre eux venait à être endommagé.
Du matériel bien équipé et une bonne organisation
Même chose pour la cuve d’AdBlue. La clé est apposée dans un endroit où seuls les adhérents peuvent accéder à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Même chanson pour les trois tracteurs que possède la cuma. « Dans chaque cabine, il y a un bidon d’huile, un baril de liquide de refroidissement et une souffleuse, liste Benoît Guerout. De cette manière, chaque utilisateur peut entretenir le matériel au minimum. »
Le groupe ne lésine donc pas sur les équipements dans lesquels ils investissent. C’est peut-être ça, le secret de cette cuma, proposer du matériel innovant, bien équipé et qui répond aux attentes des adhérents. Comme pour l’activité tracteur par exemple. « C’était un peu compliqué de créer cette activité, reconnaît Thierry Fraiture. Mais les outils attelés de la cuma demandaient de grosses puissances de traction, que nous n’avions pas dans nos exploitations. »
Il y a six ans, les agriculteurs picards se lancent dans l’achat d’un tracteur de 210 chevaux Valtra. Puis un autre de 240, de la même marque. Tous les deux sont équipés d’un GPS avec l’abonnement RTK, une garantie de 4 000 heures et avec un prix de revente négocié à l’achat. « Finalement, on les renouvelle tous les deux ans, lorsqu’il faut changer les pneus », ironise le président de la cuma.
Faire des essais
Mais depuis une dizaine d’années, la cuma a pris le tournant de l’agroécologie avec l’arrivée de nouveaux agriculteurs et l’envie des adhérents de modifier un peu leurs pratiques. « C’est là aussi où la cuma est intéressante, avoue Benoît Guerout. On a accès à du matériel que nous ne pourrions pas acheter seul. » En effet, avec la bineuse, la herse étrille, le semoir de semis direct, la herse à paille ou encore le semoir de précision avec fertiliseur, les membres de la cuma peuvent s’essayer à de nouvelles pratiques.
« La gamme est suffisamment étoffée pour nous permettre de s’essayer à l’agroécologie même si ce n’est que ponctuellement, précise l’agriculteur. Et dans la même veine, nous avons du matériel performant, renouvelé régulièrement et équipé d’options permettant une bonne revente. » Si bien que les tarifs restent très compétitifs. Comme la bineuse à 20 €/ha.
Des tarifs attractifs mais qui demandent de l’équilibre. Les 80 adhérents font le volume. « Lorsque l’un part, on essaye toujours de retrouver un autre agriculteur pour assurer la pérennité de la cuma, poursuit Thierry Fraiture. Les gros ont besoin des petits et les petits des gros. On essaye également de répondre à la demande de chacun. Bref, c’est un esprit d’équipe qu’on cherche à introduire dans cette cuma. »
Ancrer dans le territoire
Cette cuma qui a passé les 25 ans, a encore de nombreux projets devant elle. « Ce qu’il manque, c’est un bâtiment », lance Benoît Guerout. C’est d’ailleurs l’un des futurs projets du groupe. « Nous logeons chacun chez soi différents matériels et en sommes responsables, explique-t-il. Le président gère le planning des réservations mais l’entretien, c’est à notre charge. » Alors pour se répartir le travail, le responsable peut solliciter les utilisateurs du matériel une ou deux journées chaque année pour la remise de l’outil. Chaque participant est indemnisé.
Outre le logement du matériel, ce serait une manière d’ancrer la cuma dans son territoire, de déterminer l’identité du groupe. « On dirait, je vais à la cuma », s’amusent à imaginer les adhérents. Le bâtiment permettrait de réduire les coûts d’entretien externalisés pour le moment et pourquoi pas embaucher un salarié pour conduire et entretenir le matériel. Ce serait un lieu d’échanges et de rencontre entre les 80 adhérents. Un doux rêve qu’entretiennent les membres du bureau de la cuma, contrariés par un aspect foncier : où bâtir et sur quel terrain.
Mais les projets ne s’arrêtent pas là : développer les activités de la cuma, les diversifier et s’adapter à l’évolution de l’agriculture sont les grandes motivations de ce groupe qui a horreur de l’inertie.
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Se dévoiler par questionnaire
Dans le souci de développement de la cuma, Thierry Fraiture, le président a tenté de faire délier les langues… par l’écrit. En effet, l’année dernière, il a lancé un questionnaire papier lors de l’AG. « Comme il n’y a jamais personne qui parle, j’ai posé des questions sur l’organisation de la cuma, de la gouvernance, des attentes, ou des soucis que peuvent avoir les adhérents, explique-t-il. C’était anonyme. Nous avons tout dépouillé et comptons nous en servir pour nos prochains échanges à l’AG 2024. »