Traitement de l’eau, ce que l’on sait aujourd’hui

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Traitement de l’eau, ce que l’on sait aujourd’hui

Dernière installation à la cuma de Préfanage à Aignan, dans le Gers. Station installée par la marque EQO Modul avec trois cuves de 7 500 l chacune pour une surface de traitement de 1 500 ha en grandes cultures et 1 500 ha en viticulture.

Plusieurs cuma gersoises ont opté pour le traitement de l’eau. Des investissements que d’autres groupes observent avec attention. Depuis 2017, date de la première installation, les investissements ont évolué à un rythme très modéré mais constant avec une création d’activité par an. Aujourd’hui au nombre de six, les retours terrain, les pratiques, ainsi que les expérimentations, se multiplient. L’occasion pour nous de faire le point avec ces groupes.

Petit rappel sur le principe : le traitement de l’eau se décompose en quatre étapes. Différents paramètres vont être ajustés de manière à stabiliser la matière active utilisée dans la bouillie. Cela rend ainsi le traitement plus efficace qu’avec une eau brute.

Quatre étapes pour le traitement de l’eau

1 / Filtration de l’eau

La première étape consiste à filtrer l’eau. Il convient, notamment, de la débarrasser en tout ou partie des matières organiques en suspensions, des limons et des sables. Vient ensuite la déminéralisation. On la réalise à l’aide de colonnes contenant des résines. Ces dernières vont séquestrer les cations (ions positifs responsables de la dureté de l’eau). À l’instar des matières organiques en suspension qui viennent neutraliser la matière active d’un produit phytosanitaire, les cations rendent eux aussi les matières actives. On les rend, enfin, inopérantes par complexation, puis par précipitation.

2 / Régulation du pH

La station vient ensuite réguler le pH de l’eau afin de fournir un environnement stable au produit utilisé. En effet, à chaque molécule active correspond un pH adapté. Sans cela la perte en efficacité peut être importante. Notamment à cause des réactions d’hydrolyse de la matière active.

3 / Chauffage de l’eau

Le chauffage de l’eau intervient pour obtenir une bouillie homogène. Cela permet de supprimer les dépôts en fond de cuve et limite d’éventuels bouchages au niveau de la rampe.

4 / Dernière étape du traitement de l’eau : la gestion de la conductivité

Pour finir, il convient d’ajuster la conductivité de la solution. Elle peut ainsi être absorbée par le végétal le plus rapidement possible après pulvérisation. Cela limite également les phénomènes d’évaporation.

Un traitement de l’eau automatisé

Tout est réalisé de manière automatisée. Il existe pour cela différents programmes de traitement de l’eau. Ce dernier se règle en fonction des stratégies de traitement et des analyses locales de l’eau utilisée. Ce sont les besoins des groupes qui déterminent le montage des stations. On monte donc plusieurs cuves de façon à pouvoir gérer plusieurs programmes de traitement en simultané ou disposer d’une plus grande capacité de traitement. De même, l’installation des résines de déminéralisation sont spécifiques selon les analyses d’eau de la zone.

Les retours sont unanimes sur la simplicité d’utilisation et de fonctionnement de l’appareil. De manière générale, les cuma affectent généralement cette tâche à un responsable ou un binôme pour gérer le remplissage des cuves en période de traitement. Cela permet notamment de faciliter la gestion et l’utilisation. L’activité de traitement est malgré tout réorganisée autour d’un nouveau point de remplissage, il faut le prendre en compte car les périodes de traitements sont souvent tendues. Il faudra donc anticiper l’organisation de ces « nouveaux chantiers » pour être réactif le moment venu.

On attend des essais…

Reste maintenant à confronter les utilisateurs sur l’efficacité de l’emploi d’une eau traitée pour l’application des produits phytosanitaires. Hormis sur les produits racinaires où les agriculteurs gardent des doses proches de l’homologation, l’emploi d’herbicide et de fongicide se fait quasi systématiquement avec des réductions de matière active pouvant aller de 20 à 50 % par rapport à l’homologation. Cela reste relatif en fonction du contexte pédoclimatique, de l’objectif de l’agriculteur, de la météorologie de l’année et du recul sur la technique. Ceci dit, les agriculteurs interrogés sont satisfaits du résultat puisqu’avec des baisses parfois substantielles de dose, les rendements des cultures restent significativement inchangés. De plus, avec un coût avoisinant les 2 €/ha traité, ce n’est pas la partie économique qui rebute les utilisateurs à se tourner vers cette technique.

Même controversées, les stations de traitement de l’eau intriguent sur l’efficacité du traitement qui va suivre, sur l’économie potentielle en produits phytosanitaires et plus généralement sur l’amortissement d’un tel matériel. Quelques essais et suivis ont été réalisés il y a quelques années mais on peut dire que de manière générale, ça ne passionne pas beaucoup les instituts techniques. À quand des essais avec témoin et répétitions aléatoires sur plusieurs années ? 

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