À Maligny, il y a cinq cuma en une pour les tours antigel

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À Maligny, il y a cinq cuma en une pour les tours antigel

La cuma de Maligny regroupe cinq cuma et une trentaine d'adhérents pour que leur installation de tours antigel soit plus efficace.

Les cinq cuma de la commune de Maligny, dans l’Yonne, se sont rapprochées pour investir ensemble dans des tours antigel. L’occasion de couvrir une plus large surface et ainsi être encore plus efficace.

Travailler avec les quatre autres cuma, c’était une évidence pour Pierrick Laroche, viticulteur à Maligny dans le vignoble de Chablis. Il faut dire que leur activité ne peut être que mutualisée. En effet, les cinq cuma de la commune possèdent des tours antigel pour les vignes. Et seules, celles-ci n’auraient pas d’intérêt.

Une organisation cadrée

« À cinq cuma, nous avons investi dans cinquante tours antigel pour les vignes, de quoi couvrir les 225 ha du village, annonce Pierrick Laroche, président de la cuma des Pierrettes. Chaque cuma compte une vingtaine d’adhérents, mais au total, nous sommes une trentaine d’exploitations engagées. » Si les groupes se répartissent selon la localisation des parcelles, l’intérêt commun reste primordial.

L’une des cinq cuma, existante depuis les années 70, celle de la Folle pensée, proposait déjà une activité de lutte contre le gel qui regroupait la même trentaine d’adhérents. Elle est équipée de systèmes antigel par câbles électriques et d’aspersion.

Mais depuis 2022, elle a rejoint ses voisines dans l’achat de tours antigel. Tous se connaissaient déjà auparavant et, étant voisins de parcelles, les échanges étaient facilités. La création de quatre autres cuma s’est imposée. « C’est une forme juridique qui nous correspondait, c’est facile à gérer et peu chronophage dans notre cas, avoue le président. Et surtout, ça apporte un cadre dans l’organisation des chantiers. »

Tout le monde ou personne

Lorsque le projet s’est monté, « nous avions besoin de mobiliser tous les viticulteurs, c’était tout le monde ou personne », ajoute Pierrick Laroche. La nécessité d’un tel équipement s’est imposée avec la météo de l’année précédente. En 2021, les viticulteurs de Maligny ont vu leur récolte se perdre de moitié. Alors forcément, un tel dispositif était primordial. C’est ainsi qu’en 2022, les projets et les devis sont signés. En 2023, les deux tiers du parc sont fonctionnels. L’année suivante, c’est la totalité.

Depuis, les trente exploitants ont donc eu le temps de s’organiser. Chaque adhérent est responsable d’au moins une tour. Le nombre est proportionnel aux surfaces couvertes et dans la mesure du possible, la tour se trouve à proximité de la parcelle. « Il doit faire fonctionner la tour lorsque c’est nécessaire, signaler les pannes éventuelles, gérer le remplissage de la cuve de gaz attenante et alimenter la chaudière en pellets », explique Bruno Di-Blas, adhérent de la cuma et président de la cuma des Chaumes.

Tours antigel dans les vignes : une gestion à distance

Pour que le dispositif fonctionne, tout le monde doit être sur le pont. « Lorsqu’un épisode de gel est annoncé, on regarde les stations météo et les thermomètres connectés installés dans les parcelles pour avoir un ressenti localisé, raconte Pierrick Laroche. Les sondes des tours viennent les déclencher automatiquement. On peut gérer tout cela à distance grâce à l’application qui est liée. »

Pour l’efficacité des outils, les membres des cinq cuma communiquent via un groupe WhatsApp. « C’est pratique, tout le monde est informé en même temps et cela facilite la réactivité des responsables de tours, estime le viticulteur. De manière générale, tout le monde est assez impliqué même si nous n’avons pas tous la même manière d’être réactif. »

L’efficacité de l’installation collective des tours antigel dans les vignes

Cet investissement n’était possible qu’en commun. Grâce à son organisation pour être efficace, mais aussi grâce à son coût. Plus de 4,5 M € ont été mis sur la table. « Il faut compter 1 000 €/ha financés sur 20 ans, compte Pierrick Laroche. Soit un prix de 100 000 € par tour. »

Toutefois, les tarifs restent abordables pour leur fonctionnement. « En 2024, nous avons allumé les tours pendant huit nuits, se souvient Bruno Di-Blas. Nous avons payé 1 500 €/ha, 1 000 € représentant les frais fixes et 500 € les frais de fonctionnement. »

Pierrick Laroche renchérit : « Avec ce système, je ne paye plus d’assurance multirisque, je fais l’économie de 1 000 €/ha. Avec les tours antigel, j’ai certes des frais, mais je suis sûr de tout récolter. » Pour ces deux viticulteurs, les tours sont les dispositifs les moins onéreux et les plus faciles à mettre en place.

À l’origine de ce projet, la cuma la Folle pensée a réalisé les devis et fait des visites d’installation. Mais depuis, chacun a pris son rôle en main. « Parfois, la période est stressante et nous n’avons pas tous la même manière de réagir, fait remarquer Bruno Di-Blas. Mais nous sommes conscients de l’intérêt de partager cet outil. Même si nous nous connaissions auparavant, que nous adhérions déjà à une même cuma. Avec ce chantier, on échange volontiers plus facilement. Et nous profitons tous de l’efficacité de l’installation collective. »

Vers un bâtiment ?

Conscientes d’avoir les mêmes intérêts, les cinq cuma ambitionnent peut-être de construire un bâtiment commun. Un lieu pour stocker les pièces, outils et matières premières nécessaires pour faire fonctionner les tours.

Et pourquoi pas, stocker un peu de matériels des adhérents ?

Tours antigel dans les vignes : brasser l’air pour contrer le froid

Le dispositif antigel des cuma des Maligny est composé de cinquante tours antigel. Celles-ci ont une hauteur de 10 mètres et sont équipées de deux pales.

Ces dernières, activées par un moteur à gaz, lui alimenté par une cuve à proximité, brassent l’air en hauteur, plus chaud qu’au sol. Elles dirigent les degrés supplémentaires vers les vignes pour empêcher le gel des bourgeons.

Les brûleurs associés aux tours s’allument lorsqu’il fait très froid. Ce sont les pellets de bois qui les alimentent.

Plus il y en a, mieux ça marche

Pour une bonne efficacité, les tours doivent couvrir au maximum 4,5 ha chacune. En installant une cinquantaine sur le territoire, les viticulteurs bénéficient d’un effet positif de masse.

D’où l’intérêt d’embarquer tout le monde dans le projet et ainsi couvrir une plus large zone.

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