Comment choisir sa tour antigel? Expert-comptable, Claire s’est reconvertie à la viticulture en s’installant dans la zone AOC des Côteaux du Giennois et du Pouilly-Fumé, comme son mari, cinquième génération de viticulteurs à Saint-Père. Elle avait déjà investi individuellement dans une tour éolienne fixe, qui protège près de 4ha de vignes, et obtenu de bons résultats les années de gel.
Mais sur ses 8 ha de vignes dédiés au Pouilly Fumé (surface qui augmente chaque année) la moitié restait vulnérable, surtout en bas de la parcelle, soumise à la fraicheur de l’eau. «En cas de gel, surtout s’il y a eu une giboulée, le raisin s’imbibe et éclate, mais avec l’éolienne, le vent réchauffé permet aux bourgeons de sécher.»
L’idée d’investir à nouveau a mûri, en créant une cuma avec trois autres viticulteurs. «La seconde tour fixe a été opérationnelle… le 1er avril, soit le deuxième jour du fameux gel, se réjouit-elle encore. Résultat: 2o% de dégâts contre 80 à 90% sur les parcelles non protégées.»
Tour antigel: un investissement de 59.000€
L’installation de la tour, qui s’élève à 10-12m au-dessus des vignes, a nécessité de couler une dalle. Alors que le fonctionnement de sa première tour dépendait du moteur d’un petit tracteur, celle-ci bénéficie, en plus du brûleur au fioul, d’un très gros moteur. Des sondes de mesure de températures pré-réglées assurent un déclenchement automatique.
«L’investissement de la cuma, tour et matériel compris, s’élève à 59.000€ avec un amortissement calculé sur 9ans. Le fioul reste à la charge de l’utilisateur.»
De son côté, Marc Thibault, le président de la cuma, a préféré opter pour deux tours éoliennes mobiles sur son domaine de Villargeau (Pougny). «Fixée sur son socle à roue, une tour de ce type peut être couchée pour être remisée hors saison ou déplacée. Cette mobilité permet de choisir où disposer sa tour antigel en priorité. Sur une parcelle dédiée au vin rouge ou blanc, selon l’état des stocks en cave, par exemple. À l’annonce d’un risque de gel, on la met en place en réglant l’angle de rotation, la zone de flux d’air.» Le démarrage est automatique selon la température.
4 à 6 jours par an
«Moins haute que la fixe, elle est plus silencieuse parce que ses pales tournent moins vite. Pour cette même raison, elle ne protège qu’environ 3ha selon la configuration des lieux.» On peut augmenter sa puissance en la rapprochant, mais la surface réchauffée diminue d’autant. «En avril 2021, les tours mobiles n’ont pas suffisamment protégé mes parcelles du gel, regrette Marc Thibault, parce que nous n’avons pas complété leur action en allumant des points de feu.» Ce qui signifie qu’il aurait fallu être sur le terrain. La cuma en prend de la graine pour 2022, alors que le projet d’équipement du troisième cumiste est en cours de réflexion.
Avec ses tours fixes, Claire Couet n’a pas eu à sortir la nuit. En revanche, elle craint le vol du gros moteur qui reste sur place, et se confronte à la plainte d’un voisin pour nuisances sonores. «La première tour ne fonctionne que 4 à 6 jours par an maximum, voire zéro les années sans gel», s’insurge celle qui mise sur une meilleure cohérence des pouvoirs publics: «la Région nous soutient, mais le national semble réticent.»
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