Ça y est, cette fois-ci on est au pied du mur : le trésorier de la cuma vient de démissionner ! Pourtant, cela fait plusieurs années qu’il nous avertit, mais à chaque assemblée générale, on lui promettait de trouver un remplaçant qu’il formerait et qui prendrait sa succession l’année prochaine. Et d’année prochaine en année prochaine, rien ne se passait et il restait toujours en place malgré ses mises en garde.
Le trésorier de la cuma et ses responsabilités
Il faut dire que trésorier d’une cuma, surtout si elle se développe, c’est une fonction très importante qui demande rigueur et suivi. La régularité dans le travail est importante : des factures à payer, à ventiler par matériel, à classer ; des relevés bancaires à annoter… il faut s’astreindre à des séquences de travail régulières. Il faut ensuite prévoir d’y consacrer davantage de temps en fin d’année au moment d’établir les comptes de l’exercice : synthèse des unités de travaux, échanges avec les comptables… Alors pourquoi et comment certains s’investissent dans cette fonction ?
Portrait : le trésorier de la cuma des Deux Vallées
Christian Dulong, est trésorier de la cuma des Deux Vallées à Escorneboeuf dans le Gers depuis déjà une dizaine d’années. C’est le président de l’époque qui lui a demandé de l’épauler lorsque la cuma a commencé à se développer. En 3 ans, le chiffre d’affaires est multiplié par deux et en 10 ans par trois.
« Au début, c’était un peu compliqué. La cuma a beaucoup investi en peu d’années. On avait des problèmes de trésorerie car les subventions ont mis un peu de temps à rentrer. Je me posais des questions : pourquoi ce manque de trésorerie ? ai-je fait une erreur de gestion ? Prendre une décision de gestion pour son exploitation est plus facile que pour la cuma. Sur son exploitation, si on se trompe, ça n’impacte que nous. Pour la cuma, on prend des décisions qui peuvent avoir des conséquences sur tout le groupe. Bien sûr, heureusement aujourd’hui, on travaille à plusieurs : partager les tâches et les responsabilités c’est indispensable. Trésorier, c’est un travail que j’apprécie, mais cela prend du temps. »
Fusion de plusieurs cuma dans les Hautes-Pyrénées
Dans les Hautes-Pyrénées, en 2013, les cuma de Sentous Lahitte et de Libaros, fusionnent. Alain Lagleyze devient trésorier, épaulé dans ses missions par Jean-Paul. En 2021, Alain prend sa retraite. Lors de l’AG, il démissionne de la cuma et ne peut donc plus assumer ses fonctions de trésorier. Jean-Paul devient trésorier. Cependant, le conseil d’administration demande à Alain de continuer à suivre la trésorerie avec Jean-Paul. Il accepte donc une petite activité salariée et continue à veiller sur les comptes de la cuma. Alors, j’ai demandé à Alain de m’expliquer pourquoi il avait envie de continuer.
Un poste intellectuellement enrichissant
Et il n’a pas réfléchi longtemps : « Pour plusieurs raisons : continuer à aider le groupe et surtout parce que ça me plaît. J’aime calculer, faire des tableaux. Sur mon exploitation, j’ai tous les coûts de production de mes cultures et de l’atelier poulets. Pour la cuma, je calcule les coûts de revient. Je fais des prévisions lors des achats et les coûts analytiques par activité chaque année. J’ai tout consigné sur des cahiers, mais aujourd’hui j’aimerais davantage travailler sur informatique. La cuma a décidé de faire un DiNA numérique et j’espère pouvoir progresser dans l’utilisation de l’ordinateur pour aller plus loin dans mes analyses. Tous les lundis matin, je vais au hangar de la cuma, pour aller chercher le courrier et les factures. Tous les mois, je participe au conseil d’administration. Je n’ai plus de pouvoir de vote, mais cela ne m’empêche pas d’avancer mes arguments. »
Partage de compétences
Tous deux ont la même opinion sur cette fonction : il faut travailler en groupe. Fini le président-trésorier-secrétaire, le partage des décisions est obligatoire, surtout quand le chiffre d’affaires grimpe et que la cuma a une importance stratégique pour les exploitations.
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