Avec la retourneuse de lin double de la cuma du Bel, les cadences de travail sont plus que doublées. La coopérative d’une cinquantaine d’adhérents propose des matériels liés à l’élevage (épandage, récolte de l’herbe, etc. ), au semis ou au travail du sol. Une partie d’entre eux produit du lin depuis des générations, car le secteur est propice à cette culture. Et, bien que les chantiers de récolte soient basés sur l’entraide entre voisins, la cuma du Bel et vent n’y participait pas. Jusqu’à ce qu’elle se lance dans un projet d’acquisition d’une retourneuse, en 2016.
Plus de confort avec la retourneuse de lin double
Jusqu’ici, les producteurs travaillaient avec leurs machines, concentrées par îlots de parcelles et non pas par îlots d’adhérents. Pour des raisons d’organisation logistique, ce fonctionnement était plus pertinent pour limiter les déplacements sur la route. Certaines années, il fallait se prêter le matériel pour pallier des pannes sur certaines machines. Cette mutualisation, le planning de récolte des parcelles et la disponibilité ont amené les adhérents de la cuma à construire un projet en commun, pour renouveler le parc vieillissant.
De plus, depuis les années 2000, les retourneuses de lin doubles se sont petit à petit fait une place dans les campagnes et elles continuaient d’attirer la curiosité. Leur cabine apporte un confort sans égal aux chauffeurs. Quant à l’efficience, l’outil double rationalise en même temps le nombre de demi-tours. Ainsi, passer d’une retourneuse de lin simple à une double fait mieux que de doubler le débit de chantier.
Pour accompagner la démocratisation de ces nouveaux modèles et leur mutualisation, la Région Normandie s’est impliquée. Elle a subventionné (à hauteur de 25%) l’acquisition d’une retourneuse de lin double par la cuma cauchoise. Cette subvention a contribué à l’autofinancement du matériel et permis d’allonger la durée d’amortissement sur une durée de seize ans, sans que la trésorerie ne soit impactée.
80€/ha
Quitte à en payer le prix, le groupe s’est restreint pour que les surfaces engagées puissent être retournées au moment le plus propice. Au début du projet, les quatre adhérents se sont engagés sur une surface totale de 100ha. Ainsi, le coût prévisionnel s’établissait en deçà des 100€/ha. Ce niveau a conforté l’aboutissement du projet. Au bilan des cinq années écoulées, ce prix n’a jamais été atteint. Jusqu’à la campagne 2020, le maximum facturé était même de l’ordre de 80€/ha, sachant que la cuma observe une politique de facturation au coût réel. Son prix varie donc d’une année sur l’autre en fonction des révisions et de l’entretien que la machine a nécessité et des surfaces réalisées. Afin d’assumer les charges fixes, le conseil d’administration n’exclut pas de facturer aux hectares engagés, en cas de sous-utilisation.
Sébastien Grancher, le président commente: «Les exploitations et les parcellaires sont un peu éloignés, c’est aussi pour cela qu’il ne serait pas raisonnable d’essayer de faire davantage de surfaces.» Par sécurité, chacun des adhérents a aussi conservé ses machines simples, pour garder de la souplesse, surtout les années compliquées. Chacun conduit l’outil collectif, ce qui peut permettre aussi de se dépanner entre adhérents en fonction du planning.
Des surfaces réduites depuis la crise
L’impact de la crise sanitaire en 2020 a été important sur la filière, avec une réduction considérable de l’export. La production a donc été impactée en 2021 avec des surfaces considérablement réduites, environ un tiers de moins, contre une moyenne d’environ 120ha depuis l’acquisition. Néanmoins, les adhérents peuvent tout de même se satisfaire d’avoir mutualisé le matériel, et ne pas souffrir de charges fixes supplémentaires sur leurs exploitations. Et si l’on demande si la cuma envisage d’autres projets pour le lin, la question se pose notamment d’acquérir une souleveuse. Certains adhérents sont équipés en individuel, d’autres n’en ont pas et apprécieraient certaines années de disposer de cette possibilité technique. Alors, y aura-t-il un nouveau projet en cuma pour continuer à multiplier l’efficience du parc à disposition des producteurs?
L’activité de la retourneuse de lin double s’adapte aux années
Dans cette culture où c’est l’art du rouissage qui permet d’atteindre une bonne qualité de teillage, l’étape du retournage est cruciale. Les conditions climatiques, comme toujours en agriculture, sont maîtresses des opérations. Le retournage a donc lieu une ou plusieurs fois, en fonction des années, afin que l’humidification des nappes de lin soit homogène. Il arrive enfin que des adhérents écapsulent une part de leur surface. Là encore la proportion sera variable, mais une intervention de l’écapsuleuse remplace un passage de retourneuse.
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