Du côté de Sanxay dans la Vienne, à l’ouest de Poitiers, les productions de bovins et céréales s’entremêlent dans le paysage agricole local. « Depuis 2008, nous possédons une moissonneuse dans la cuma, avant nous avions des moissonneuses en copropriété », se remémore Alain Guignard, le président de la cuma de la Butte. Celle-ci, constituée de sept adhérents, dispose essentiellement de quelques matériels de fenaison, entretien des haies et déchaumage. « Depuis cette date, cela a été toujours des moissonneuses-batteuses d’occasion », poursuit le président.
Moissonneuse-batteuse d’occasion : « une machine quasiment neuve »
La dernière machine est arrivée en 2023. Il s’agit d’une New-Holland CX 6.80 de 300 ch, 6 secoueurs, dotée d’une coupe (varifieed) de 6,10 m avec une trémie de 9 000 l, et disposant d’un broyeur. La cuma, soucieuse de préserver la qualité de la paille, n’a pas souhaité investir dans une machine à rotor. Le besoin de renouvellement de la moissonneuse était patent. La précédente machine générait pas mal de frais d’entretien et les moissonneurs étaient confrontés à des risques de pannes en pleine saison. Ces risques s’estompent désormais grâce à la présence d’une moissonneuse-batteuse d’occasion très récente, dont le compteur n’affiche seulement 300 h. Le concessionnaire local Gonnin-Duris, situé à proximité, est mandaté pour assurer l’entretien.
« C’est une marque assez répandue dans le secteur », témoigne, confiant, Sébastien Mercier, jeune adhérent et chauffeur de la machine aux côtés d’Alain Guignard. « À ce niveau d’heures, c’est une machine quasiment neuve », jugent les deux chauffeurs dont les deux exploitations représentent une grosse partie des 300 ha à récolter par an. Il s’agit principalement de blé, d’orge et de colza, complété par un peu de tournesol à l’automne, environ 30-35 ha. La récolte va générer environ 150 h à 160 h de batteur par an, à raison d’un rythme d’avancement de 2 ha/h.
Un prix d’achat de la moissonneuse-batteuse d’occasion nettement plus bas
Le prix d’achat de leur moissonneuse-batteuse d’occasion s’est élevé à 183 000 €. Dans les conditions d’achat, figure une garantie partielle (50 %) sur les pièces pendant un an. Leur ancienne machine a été reprise 43 000 €. Pour la financer, la cuma a contracté un prêt de 140 000 € sur 10 ans. L’écart de prix avec une moissonneuse neuve est net. « Environ 70 000 € avec une machine d’une même gamme », avancent les deux agriculteurs.
En conséquence, les coûts de revient sont logiquement plus tempérés : « On devrait être autour de 70 à 75 €/ha, hors carburant et main-d’œuvre. À raison d’une consommation de 13 à 15 l/ha, cela représente 85 à 90 € avec carburant. Cela reste en dessous des prix pratiqués par les ETA du secteur » observent Alain et Sébastien. Dans ce tarif qu’ils souhaitent stable, 4 000 € sont budgétés par an pour les frais d’entretien et les frais de gestion.
2 semaines l’été pour tout récolter
L’organisation des chantiers de moisson se déroule en entraide. En général, trois personnes sont impliquées : un chauffeur pour la moissonneuse-batteuse et deux pour les remorques. « En deux semaines, nous avons la capacité de tout récolter », relate Alain Guignard. La campagne d’été 2023 a débuté le 26 juin. Elle a dû s’interrompre pendant quatre jours en raison de la météo, avant de reprendre et de se clore au 13 juillet. Les parcelles ont une taille moyenne de 3 et 4 ha. Les temps de déplacement de la moissonneuse sont assez limités puisque les champs se situent dans un rayon maximum de 8 à 10 km. Le déplacement de la moissonneuse sur les routes mobilise un véhicule devant, garant de la sécurité du convoi. Parallèlement, les silos de la coopérative pour la livraison des grains sont assez proches.
L’entretien quotidien du matin dure environ 1 h. Les deux chauffeurs attitrés s’en chargent « On sait ce que l’on a fait ou pas fait. On souffle, on graisse, on fait le plein d’Adblue qui est acheté par la cuma, contrairement au GNR qui est fourni par chaque adhérent », détaille Sébastien Mercier. Les journées de battage s’enchaînent jusqu’à la fermeture des silos entre 22 h et 23 h. La vidange de la trémie s’effectue en roulant, un moyen d’optimiser les temps de chantier. L’ordonnancement du planning de récolte est guidé par le degré de maturité des céréales. Cela commence par les orges. Ensuite, c’est au tour des blés ou des colzas.
Plus de confort de conduite
La New-Holland CX 6.80, présente quelques nouveautés technologiques aux yeux des utilisateurs. Les chauffeurs ont dû s’approprier ces innovations. Au départ, le temps de mettre au point les réglages de la machine, il y a eu un peu de grains cassés, avant que les conducteurs ne trouvent rapidement la bonne mesure. « C’est plus intuitif que notre ancienne machine, souligne Alain Guignard, président de la cuma de la Butte, dans la Vienne.
On dispose de plus d’informations en cabine en temps réel. On peut donc régler plus facilement la machine depuis la cabine et profiter aussi des automatismes de coupe. » Le passage d’une récolte d’une parcelle de blé à une parcelle colza ou vice-versa, s’effectue rapidement : « 30 minutes maxi suffisent pour adapter la coupe », observe Sébastien, adhérent et chauffeur de la cuma. Finalement, la prise en main s’est passée sans trop de difficultés.»
Quasiment trop sec…
À la cuma de la Butte, dans la Vienne, la campagne céréalière 2023 s’est achevée sur un bilan globalement positif dans ce territoire habitué à des rendements de l’ordre de 80 à 85 quintaux/ha. Certains agriculteurs ont tutoyé des sommets à 90 quintaux cette année. Les agriculteurs ont récolté aussi de gros volumes de paille. Parallèlement à ces rendements en grains dans la bonne moyenne, les taux de protéines sont légèrement en deçà des espérances. Les agriculteurs n’ont pas eu à moissonner de parcelles versées. Ils n’ont pas non plus souffert d’humidité excessive.
« C’était quasiment trop sec avec des taux d’humidité descendus à 11 à 12° », constate Alain Guignard, président de la cuma. Ce dernier met l’accent sur les risques de perte de qualité du blé, en lien avec la dégradation du poids spécifique. Il juge ce danger de perte de qualité selon l’avancement de la saison plus sensible encore pour le blé que pour le colza. Pour cette culture, les résultats 2023 sont toutefois également positifs. Sur son exploitation, Alain Guignard a notamment engrangé en 2023 41 quintaux/ha. Un peu plus que les années précédentes.
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