La cuma de la Guerge (Manche) en est à sa deuxième tonne à lisier équipée d’une rampe à pendillards. Le modèle actuel affiche 20.000m3 de capacité pour 24m de largeur de rampe. Jean-François Trincot, un des utilisateurs, témoigne: «J’épands du lisier de porc sur blé avec les pendillards depuis quinze ans. J’interviens en février mars, dès que les conditions le permettent. C’est la portance des sols qui détermine le calendrier de l’épandage de lisier». Il apporte ainsi environ 60 unités d’azote par hectare, une économie appréciable. Le reste de son lisier, soit 70 à 75% des 15.000m3 produits, va avant le semis de maïs puis avant celui du colza.
Des sols qui ressuient
Jean-François Trincot reconnaît qu’il faut des sols qui ressuient rapidement. «Je passe le plus tôt possible pour que le blé se remette mieux du passage de la tonne». Il ajoute qu’il faut naturellement de bonnes roues sur les véhicules pour réduire les ornières. Il apprécie le DPA mais estime qu’on peut s’en passer si on connaît bien son matériel.
Dans le même département, la cuma de Landelles a eu son premier enfouisseur il y a 25 ans. Elle possède aujourd’hui cinq tonnes avec un assortiment de solutions, buse palette, enfouisseurs et rampes à pendillards. Son président Sébastien Chesnel reconnaît qu’il a fallu convaincre. «Quand on a voté pour la rampe à pendillards, peu d’adhérents levaient la main. Et pourtant aujourd’hui ils la veulent tous!».
Epandage de lisier, des tonnes trop lourdes
Grâce à ses trois chauffeurs salariés, la cuma de Landelles peut offrir la prestation d’épandage, que demandent certains éleveurs. «Cela représente vingt-cinq à trente pourcent du volume épandu, surtout avec les tonnes récentes, plus complexe». Les responsables s’interrogent toutefois pour l’avenir. «Les tonnes deviennent très lourdes, en contradiction avec le code de la route et avec le respect du sol, alors que nous investissons dans le semis direct». Autre constat plus économique: «nous mettons de gros moyens dans les rampes, nous avons besoin d’un tracteur de 300ch, et tout cela passe les trois-quarts du temps sur la route».
En réflexion s’engage donc dans cette cuma, pour dissocier le transport de l’épandage. Cela demande de mobiliser plus de monde en même temps. D’un autre côté, le chauffeur qui roule le lisier avec une citerne n’a pas besoin des mêmes compétences que celui qui l’épand avec un outil pointu. «Il faudra quatre ou cinq ans avant de trouver la bonne formule, avec un prix de revient qui convienne».
Ces deux éleveurs ont témoigné le 2 septembre 2021 à la journée MécaElevage au cours du débat «Epandage de lisier, des tonnes de solutions pour demain». Il fait suite à tout un travail engagé par la Frcuma Ouest.
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