La cuma des Trois fontaines possède trois tonnes à lisier. Elle a signé, en avril dernier, un bon de commande pour une Joskin 18m³, équipée d’une rampe pendillards et d’un DPA. En 2020, l’activité du groupe qui tourne sans salarié s’est renforcée, avec une croissance du volume annuel de 3.300m³. Du haut de ses trente-six printemps, la cuma des Trois fontaines ne regrette pas d’avoir pris le temps de la réflexion pour y faire face. Déjà, elle devrait réussir à enrichir son service sans en faire varier le coût, dans la mesure où 2021 correspond à la dernière annuité de la dernière tonne.
Historiquement, le lisier est un pilier de la cuma. Son épandage représente environ 39% du chiffre d’affaires de la coopérative. Depuis 2019, son président sentait le vent venir. Il avait déjà sollicité des devis dans l’optique d’anticiper l’étude d’un renouvellement, sans aller plus loin. Le coût d’un renouvellement de tonne, avec un système à pendillards, a en effet de quoi faire temporiser plus d’un responsable. De plus, sur le terrain, les éleveurs sont de plus en plus facilement tentés de déléguer ces travaux. Cela attise le besoin pour la cuma d’investir, et à la fois renforce l’obligation de faire évoluer l’offre pour répondre au besoin exprimé par le collectif. Et surtout, les décideurs ne devront laisser personne sur le côté.
Des investissements mesurés
C’est ainsi que la coopérative de Saint-Malo-des-Trois-Fontaines se présente, fin 2019, à la session mise sur pied par sa fédération, avec l’envie d’avancer sur le sujet du renouvellement. En effet, les responsables constatent le besoin de préparer des évolutions réglementaires, sujet qui agite particulièrement les campagnes. Et dans leur groupe, les frais d’entretien explosent, conséquence du vieillissement de leur parc. Pour autant, ils n’avaient pas vraiment identifié quel serait le matériel le plus adéquat pour leur groupe: rampe à sabots? à pendillards? Et quelle contenance de cuve serait idéale pour ouvrir l’usage au maximum d’adhérents?
C’est aussi ce genre de questions qui motivait la cuma du Gros chêne, un autre groupe assis sur les bancs de la formation. Point commun avec son homologue, la cuma basée à Guilliers n’emploie pas de salarié. Elle envisageait une extension de son parc jusqu’ici composé d’une 14m³ et une 18m³. En revanche, les adhérents de la cuma du Gros chêne étaient déjà familiarisés avec le pendillard. Depuis 2016, ils en utilisent avec leur véhicule Mauguin de 18m³.
Et pourquoi pas, mutualiser?
Le groupe avait fait ce choix d’équipement au prétexte de la qualité d’épandage, et donc pour mieux valoriser l’azote issu de leurs élevages. À ce niveau, ils sont satisfaits et envisagent l’achat d’une seconde remorque comparable, et pourquoi pas en mutualisant, si d’autres cuma sont partantes dans le secteur. Les encours pour leurs tonnes se finissant en 2020, c’est avant tout pour améliorer la disponibilité que débute cette réflexion pour leur troisième tonne.
La cuma du Gros chêne était donc en avance par rapport aux autres groupes. Pour autant, elle n’était pas parfaitement satisfaite de son premier achat. En effet, la tonne était très tirante. Elle nécessitait donc un bon équipement en traction et cela excluait certains adhérents du collège des utilisateurs du pendillard. Après cette journée qui conforte la maîtrise des pratiques et les connaissances technique, les responsables de la cuma ont finalement confirmé le projet. Il y a désormais deux 18m³ à pendillards dans la cuma de Guilliers. Ainsi, les cuma ont déjà fait évoluer leur service. Mais la prise de hauteur sur les enjeux pourrait bien continuer de les faire avancer. Une réflexion pour déboucher sur un achat d’enfouisseur mutualisé n’est pas exclue. Les responsables des deux groupes témoins s’y intéressent.
Les perspectives s’ouvrent…
Samuel le Crom, trésorier de la cuma du Gros chêne: « Avec la formation, on se pose les bonnes questions. Par rapport à notre objectif de la valorisation du lisier, elle nous a confortés dans notre choix du pendillard. Elle nous a aussi rassurés par rapport aux déceptions suite à notre premier achat. Ce qui m’a fait le plus réfléchir, c’est la présentation des chantiers où le transport et l’épandage sont dissociés, par exemple avec un caisson. On voit que c’est compliqué à mettre en place, certes, mais cela montre que se former ouvre la réflexion au-delà de ce qu’on a l’habitude de voir. »
… et en fin de compte, la décision s’améliore
Xavier Gouédo, président de la cuma des Trois fontaines: « Les calculs économiques m’ont vraiment marqué. Le temps passé sur la route à transporter le lisier, et le coût que cela induit, c’est ce qui m’a convaincu qu’entre une tonne de 16 ou 18m³, choisir la plus grande capacité est le plus adapté. On voit aussi qu’un meilleur équipement ne coûte pas plus cher au final, quand il permet de mieux valoriser l’azote produit sur l’exploitation. »
Le parc d’épandage des cuma
les Trois fontaines (33.700m³/an de lisier)
- 41 adhérents, pour 56.915€ de chiffre d’affaires
- tonne de 12m³: 5.880m³ + 8.618km en 2020. Facturée à 6€ par voyage et 0,30€/km. Elle a été conservée pour le transfert et pour assurer la continuité du service auprès de adhérents ayant le moins de puissance de traction disponible
- tonne de 14m³: revendue et remplacée par la 18m³ à pendillards
- tonne de 18m³: Joskin de 2014 avec rampe multibuses: 20.718m³
- tonne de 18m³: Joskin équipée de pendillards+ DPA. Achetée en 2021 pour 117.350€
Le Gros chêne (29.000m³/an de lisier)
- 45 adhérents pour 125.530€ de chiffre d’affaires
- tonne de 14m³: Joskin Komfort 2008
- tonne de 8m³: Mauguin de 2016 équipée d’une rampe pendillard
- tonne de 18m³: Joskin avec rampe pendillards + DPA. Achetée 109.600€ en 2020