La présence d’un semoir monograine collectif est fréquente dans les cuma. Toutefois, la mutualisation doit reposer sur des bases économiques robustes.
S’engager sur des surfaces
«C’est parfois difficile pour les adhérents de s’engager sur l’avenir», observe Pierre Lapeyre animateur à la fdcuma 640 dans certaines cuma. Le contexte agricole est évolutif. Certaines exploitations n’ont pas de lisibilité sur leur devenir à moyen terme. D’autres, envisagent de réorienter leur assolement. En conséquence, les besoins peuvent évoluer rapidement dans le temps. Il est nécessaire néanmoins de sécuriser l’achat avec un minimum de surface engagée.
Assurer le montage financier
De plus, évaluer la dépréciation marchande du semoir peut s’avérer difficile. Et en conséquence d’estimer la valeur amortissable du bien (prix d’achat/prix de revente prévisionnel) sur laquelle seront calculées les charges d’amortissement pendant la durée de détention envisagée.
En outre, l’estimation du prix de semoir monograine à la revente doit être cohérente avec le nombre d’année de détention, le degré d’usure en lien avec le volume d’utilisation annuelle, ainsi que le niveau d’obsolescence du matériel. «En règle générale, on observe des durées d’amortissement assez longues sur ce type de matériel, de l’ordre de dix ans», observe Pierre Lapeyre, animateur de la fdcuma 640.
Ensuite, les durées d’emprunt sont également calées sur des durées assez longues, complètes l’animateur. La faiblesse actuelle des taux d’intérêt peut éventuellement inciter l’emprunteur à allonger si besoin la durée d’emprunt d’un an. Ce qui n’entraînera pas de frais financiers supplémentaires trop importants. Côté autofinancement de la cuma, la reprise de l’ancien semoir et la souscription de capital social constituent l’essentiel des ressources.
Semoir individuel / Semoir monograine collectif: ajuster la facturation
Par ailleurs, pour préserver la trésorerie de la cuma, le tarif de facturation du semoir devra couvrir au minimum les décaissements. De plus, du point de vue comptable cette fois, le tarif appliqué issu du calcul du coût de revient du semoir, intégrera les charges directes d’amortissement et d’entretien-réparation, ainsi que les charges indirectes de remisage, frais de comptabilité et gestion.
Tableau: Eléments de comparaison entre un investissement individuel et collectif
Ne pas dételer le semoir monograine collectif!
Enfin, Pierre Lapeyre suit de nombreux groupes utilisateurs d’un semoir monograine qui s’organisent de manière à dételer le moins possible.
«Éviter d’atteler puis dételer représente un gain de temps considérable. En effet, en débit par jour, on passe en moyenne de 10 à 15ha/jour à 20-25ha/jour. Les agriculteurs utilisent souvent le même tracteur pour semer chez tous les adhérents. Il arrive parfois que ce soit un autre adhérent qui réalise le semis chez ses collègues. Ses collègues adhérents du groupe vont alors prendre en charge le ravitaillement des chantiers et les travaux du sol préparatoires au semis. Tous ces échanges sont généralement comptabilisés dans une ‘banque’ où chaque membre enregistre le temps de travail et les outils mis à disposition du groupe. C’est l’état du sol et le positionnement géographique des parcelles qui commandent l’enchaînement des chantiers de semis, de manière à gagner en performance».
Rayons X
Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X en Décembre 2021. Trois semoirs sont passés au scanner économique de la rédaction d’Entraid. Restez connectés, le dossier sera mis à jour tout au long des mois de Janvier et Février.