Le groupe EcoPhyto de la cuma La Vallée du Lié (Côtes-d’Armor) a monté un essai de semis de couvert de moutarde. Le but: explorer différentes solutions techniques et en comparer le coût, depuis un simple semis à la volée avant moisson jusqu’à une implantation classique après récolte. Il s’agissait d’une parcelle de blé, propre.
- Semis à l’épandeur d’engrais 2 jours avant moisson: la moutarde a bien levé, profitant de l’humidité en surface et plus encore dans les fentes du sol. Elle a fourni 14 t de vert/ha au 22 octobre. Soit environ 30 kg/ha d’azote potentiellement restitué à la culture suivante (méthode MERCI).
- Semis à l’épandeur d’engrais après moisson (+5 jours): la moutarde a très peu levé dans les semaines qui ont suivi car le sol était déjà sec en surface. Il a fallu attendre les pluies de la fin août pour qu’elle se montre et elle ne s’est développée que tardivement.
- Semis à l’épandeur d’engrais après un passage léger de vibro: pas de levée à court terme en raison du manque d’eau, il a aussi fallu attendre la pluie. On note un léger salissement, sans doute induit par le travail du sol.
- Semis à l’épandeur d’engrais après moisson, suivi d’un léger passage de vibro: les graines enterrées ont pu lever un peu et la moutarde affichait 16 t de vert/ha au 22 octobre. Même salissement.
- Semis au combiné avec herse rotative: la levée a été correcte et la moutarde fournissait 18 t de vert/ha au 22 octobre, soit environ 35 kg d’azote pour la culture suivante. Le salissement était plus marqué, le sol ayant été remué plus profondément.
- Semis au combiné mais sans les éléments semeurs: levée plus irrégulière mais la moutarde a aussi bien poussé et le salissement était identique.
- Semis au combiné après un déchaumage à 15 cm de profondeur: levée correcte mais en mélange avec des repousses de blé et des adventices, c’est la modalité la plus sale. Le couvert fournissait là aussi 18 t de vert/ha.
Le compromis coût/efficacité
Le semis à l’épandeur d’engrais avant moisson semble donc séduisant car peu coûteux en matériel, en temps et en carburant, et efficace. Anaëlle Macquet et Jean-Marc Roussel, techniciens à la fédération des cuma Ille Armor, soulignent toutefois quelques limites. Premièrement, l’appareil prévu au départ pour de l’engrais s’est révélé délicat à régler: il faut réaliser un étalonnage avant de se lancer et s’assurer d’une couverture suffisante par la semence en largeur. Ensuite, il faut une parcelle propre puisqu’on ne fera aucun déchaumage d’ici la destruction du couvert. Le semis doit d’autre part, avoir lieu au maximum 10 jours avant moisson, pour ne pas détériorer les jeunes plants lors de la récolte. Les andains doivent également être pressés assez vite pour ne pas étouffer le jeune couvert. Une bonne répartition des menues pailles aide à recouvrir légèrement la semence. Dans un contexte céréalier, la paille broyée serait évidemment un plus.
Rappel: voir nos articles précédents sur le semis de couvert avec une rampe installée sur la moissonneuse batteuse, et sur le semis à la volée avant moisson avec deux épandeurs montés sur une rampe.