Un semoir à couverts végétaux développé par des agriculteurs
Dans les Côtes-d’Armor, des agriculteurs travaillent depuis 2013 à la reconquête de la qualité des eaux avec la chambre d’agriculture. David Bouvier, l’agronome qui les suit, les a orientés vers la pratique des couverts avec le mot d’ordre «Semez tôt». Or, dans la réalité, c’est difficile, ainsi qu’il l’explique: «Chez nous, la moisson s’étale jusqu’au 15 août. Ensuite, il faut rentrer la paille et, chez certains, épandre du lisier avant les semis de colza. S’ils veulent aussi prendre des congés, les éleveurs ont très peu de temps pour semer leurs couverts dans les délais voulus. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de semer avant la moisson, comme certains agriculteurs le font pour le colza.»
Le principe testé à la main
Ils ont d’abord semé de la moutarde à la main sur une petite surface et ça a fonctionné. En 2014-2015, ils ont testé d’autres espèces. «Au total, nous avons fait plus de 200 tests. Il semble que les petites graines soient les plus aptes à germer au sol sans être enfouies, en profitant du peu d’humidité disponible. La phacélie s’est avérée en particulier bien adaptée à cette technique et elle est facile à détruire.» A partir de 2016, le groupe a cherché à mécaniser le semis pour le tester en grand, à la parcelle.
Rester dans les passages de pulvé
Cahier des charges: il fallait pour semer sur 24 m, pour utiliser les passages de pulvérisateur. Un épandeur d’engrais pourrait fonctionner avec des petites graines suffisamment lourdes, mais a du mal à lever assez haut pour travailler au-dessus de la céréale. Le groupe a fait appel à un constructeur local, Devrand. Ils sont partis sur le principe de deux petits épandeurs d’anti-limaces (Delimbe), installés sur une rampe. Le syndicat mixte Arguenon-Penthièvre a apporté un financement pour le premier prototype. L’appareil est exploité dans le cadre de la cuma De La Rosette et il a été baptisé Maxi Couv’, du nom du groupe d’agriculteurs qui en est à l’origine. «En 2017, nous avons semé 50 ha et nous prévoyons 100 ha en 2018.»
Une deuxième version
La technique présente quelques limites: il faut moissonner et enlever la paille rapidement après la levée pour ne pas abimer les jeunes plants et se méfier de certains résidus d’herbicides. Autre restriction: oublier les parcelles sales, surtout celles touchées par des vivaces.
Le premier semoir Maxi Couv’ sera exposé au Space. Lui aussi a des limites: il est un peu large pour circuler à l’aise sur les petites routes de campagne et n’offre une bonne régularité qu’avec certaines semences. «Le but aujourd’hui est de rassembler d’autres éleveurs pour développer un nouveau prototype, plus compact sur route et avec une meilleure qualité de répartition, peut-être avec une distribution pneumatique.» Mais, on l’a compris, le semis avant moisson restera une méthode parmi d’autres mais pas la solution universelle.
Dernière minute : le semoir Maxi Couv’ a obtenu un Innov’Space 2018, avec 2 étoiles.