Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Ludovic Bouchan : je suis installé sur la commune d’Artassenx et La Glorieuse depuis le 1er janvier 2021.
Philippe Cabé : j’ai 63 ans. J’étais installé sur la commune d’Artassenx depuis 1980 sans reprise familiale. J’ai cessé mon activité en décembre 2020 pour pouvoir transmettre mon exploitation à Ludovic.
Ludovic, quel est votre parcours ?
LB : J’ai un BTS ACSE, que j’ai suivi au lycée agricole de Oeyreluy de 2013 à 2015. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai intégré le groupement d’employeurs l’Arioucla à Mazerolles en tant que salarié. Donc j’ai travaillé sur quatre exploitations et la cuma de Mazerolles. Cela m’a permis de me former sur le terrain. Àla suite à cela, j’ai repris l’exploitation de Philippe qui était adhérent de ce groupement d’employeurs. Aujourd’hui, je produis des poulets label en liberté dans des bâtiments mobiles de 60 m2. En grandes cultures, j’ai des contrats de maïs semence, tournesol semence, maïs doux et une partie maïs conso pour mes propres volailles.
Comment s’est passée l’installation ?
LB : L’idée de m’installer est venue de mon stage de BTS, que j’ai effectué chez Philippe. À un moment donné, pendant ce cursus, j’ai eu envie d’arrêter et de venir travailler rapidement dans le secteur agricole. Philippe m’a proposé plutôt de reprendre son exploitation, un peu plus tard. C’est ce qui m’a motivé pour continuer. Ensuite, pendant mes cinq ans de salariat, j’ai pu engranger de l’expérience, continuer de découvrir l’exploitation, puisque j’y travaillais aussi. Cela m’a aussi permis de mûrir le projet. De bien poser les choses et de ne rien oublier.
Ludovic, quelle est votre implication dans la cuma ?
LB : j’ai adhéré à la cuma de Mazerolles par la partie groupe tracteur. Donc je bénéficie de tout le matériel disponible pour cette cuma. Ça m’a permis en individuel de ne pas investir dans des matériels, ce qui représente des sommes très importantes.
Comment la cuma a-t-elle pesé dans l’installation ?
PC : Lors de ma transmission à Ludovic, à mon avis, il y avait deux aspects déterminants. Le premier, c’était l’accès au foncier. Et ensuite, le fait qu’il y ait une implantation dans une cuma locale. Pour le foncier, il me semblait important que Ludovic n’ait pas de foncier à acheter, et de passer tout en location. Car j’étais déjà moi-même en grande partie en location. Donc mon exploitation est partie en location, et là, tous les propriétaires attenants ont également accepté cette reprise.
LB : Bien sûr, la cuma a un impact fort sur les charges de mécanisation, quand on y regarde. Philippe était quasiment à 100 % à la cuma. Même si j’ai dû lui racheter quelques matériels, j’ai repris ses parts. Le semoir, le tracteur, en individuel ça n’était pas possible. Le banquier, du coup, s’est montré plus optimiste. Il a examiné ça de près. Les banques sont désormais très regardantes sur ces aspects. Et comme l’a souligné Philippe, en plus, je n’ai pas de foncier à acheter puisque j’ai tout en location. Au final, mon montant d’investissement est raisonnable. Mais au-delà de ça, la cuma amène aussi de l’échange. Les autres adhérents apportent de l’expérience, nous freinent aussi des fois. Aller à la cuma permet de ne pas se retrouver seul, de pouvoir parler de ses problèmes. En tant que hors-cadre familial, on n’a pas le recul d’un fils d’exploitants. Du coup ça aide beaucoup.
Quel est votre regard à chacun sur la cuma ?
LB : Le système cuma pour moi a pas mal de points positifs. Déjà, on peut avoir accès à du matériel performant, à moindre coût. Ensuite, la partie collective, ça permet aussi de voir les façons de travailler de chacun, d’échanger. En engrangeant ainsi de l’expérience, on améliorer ses systèmes personnels.
PC : Dans tout mon parcours d’agriculteur et mes 30 ans d’activité au sein de la cuma, ce que j’ai retenu, outre l’aspect financier, c’est l’aspect collectif de la cuma. Cela inclut la communication entre plusieurs agriculteurs. C’est vraiment très important pour passer des périodes difficiles comme la grippe aviaire, etc. C’est aussi le fait de communiquer avec les autres qui est très important. Pouvoir parler ensemble, se regarder, parler chacun de nos problèmes. Cest un soutien très important, au niveau de la cuma, et on l’oublie souvent.
*Transcript d’une interview vidéo réalisée par la Fédération des cuma Béarn Landes Pays basque, et de la table ronde sur l’installation organisée en février 2024 par la FPcuma640.
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