Les prix d’achat des ensileuses culminent à des niveaux très élevés. Or, dans le même temps, les prévisions de surfaces sont parfois incertaines. Pour décider d’un investissement pertinent qui réponde aux besoins des agriculteurs tout en restant à des tarifs raisonnables, il est nécessaire d’échafauder des hypothèses réalistes. Exemple dans d’une cuma vendéenne qui a étudié en décembre 2018, avec l’appui de l’Union des cuma des Pays de Loire, trois scénarios financiers pour réussir le renouvellement de l’ensileuse.
Réussir le renouvellement de l’ensileuse : éléments de comparaison
Les calculs financiers font apparaître d’importantes disparités selon l’hypothèse retenue. Les coûts oscillent de 303 à 448€/h rotor.
● 303€/h rotor, soit 101€/ha en ensilage maïs et 76€/ha en herbe. C’est la pour la formule achat d’occasion à 200.000€ programmée sur plus de 612ha et financée par un prêt de 6 ans.
● 448€/h rotor, soit 149€/ha en ensilage maïs et 112€/ha en herbe. Formule occasion à 250.000€ programmée sur 500ha et financée par un prêt de 5 ans.
En outre, selon les options retenues, les coûts prévisionnels varient considérablement. De plus, le critère surface génère un impact radical sur le coût horaire. En effet, l’augmentation du nombre d’hectares permet d’amortir plus facilement l’ensileuse. A condition toutefois que cette augmentation ne compromette pas la qualité des chantiers et donc de la récolte. Le prix d’achat de l’ensileuse dépendra bien sûr du modèle choisi. Le prix est généralement négocié en même temps que la reprise de l’ancienne machine.
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Neuf ou occasion
Par ailleurs, en occasion, l’intérêt des deux hypothèses financières retenues de 200.000 et 250.000€ est bien sûr à évaluer en fonction de la vétusté de la machine. Prudemment, les responsables de la cuma ont budgété des frais d’entretien sensiblement plus élevés pour la formule occasion. Attention : les options proposées par les constructeurs engendrent des surcoûts d’investissement qui ne sont pas toujours bien valorisés par la suite.
Ensuite, la durée du prêt génère de grosses variations dans le niveau d’annuité. Les cuma choisissent généralement une durée d’emprunt en phase avec la durée de détention envisagée et le rythme d’utilisation de la machine. Plus celle-ci ensilera d’hectares, plus elle vieillira rapidement.
En-dessous d’un coût maximal
La décision finale adoptée dans la cuma est souvent l’objet d’un compromis. Il tient compte aussi du coût maximal que la cuma est prête à consentir avec la nouvelle ensileuse au regard du coût facturé avec l’ancienne machine. Mais aussi des tarifs pratiqués par les autres cuma et ETA du secteur en mesure de proposer des prestations semblables. C’est pourquoi, même si le groupe fait faire la conduite en entraide, il faut compter la main d’œuvre pour être sur les mêmes bases de comparaison.
Enfin, l’adhérent désireux de connaître l’ensemble des coûts de mécanisation de sa récolte devra rajouter aussi toutes les charges liées au transport (tracteur + bennes + main d’œuvre ). Mais aussi celles liées à la confection du tas (tracteur + outils de tassement + main d’œuvre). S’il connait le rendement réalisé, il pourra même en déduire le coût total de la récolte ramené à la tonne de MS.
En neuf, moins de risque de pannes et de chantiers désorganisés
Le choix de la cuma vendéenne d’opter pour une machine neuve procure de la sécurité au groupe puisqu’on atténue les risques de pannes susceptibles de désorganiser les chantiers. Logiquement, la cuma a budgété dans son calcul prévisionnel un coût d’entretien un peu inférieur à l’option occasion. On préconise celle-ci essentiellement dans les groupes qui n’ont pas assez d’heures pour amortir correctement une ensileuse neuve. Idéalement, ils bénéficient également d’un salarié qualifié en mesure d’assurer le suivi de la machine.
Au-delà du rapport qualité/prix de la prestation, l’enjeu est aussi de lisser les prix dans le temps. « Il est conseillé d’évaluer l’entretien pendant la durée de vie de la machine. Le mieux consiste à partir sur les références des prix de revient moyens des cuma réalisées par le réseau cuma. Même si l’on sait bien que les premières années les coûts seront bien plus bas. Il est nécessaire d’anticiper les grosses révisions ou pannes à venir » note Michel Seznec, conseiller en machinisme à l’Union des cuma des Pays de Loire.
Réussir le renouvellement de l’ensileuse : l’effet organisation
Parallèlement au modèle choisi et au coût induit par le nombre d’hectares à ensiler, quelques facteurs organisationnels peuvent jouer sur le coût de revient final.
Tout d’abord, la localisation des exploitations peut générer des temps de déplacements importants. D’où l’effort entrepris par quelques groupes pour regrouper si possible les parcelles dans l’enchaînement des chantiers d’ensilage.
Ensuite, la maîtrise du déroulement des chantiers de manière à éviter les temps morts aux champs. Cela arrive par exemple en cas de manque de bennes. La bonne réalisation du tassement au silo ne doit pas non plus souffrir d’un débit excessivement rapide de l’ensileuse.
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Enfin, la présence au volant d’un chauffeur qui maîtrise les réglages et la conduite. Il peut donc garantir le meilleur compromis entre la vitesse d’avancement et la qualité de l’ensilage.
Choix final: du neuf ‘entrée de gamme’
Après négociation technique et commerciale, la cuma a choisi une machine d’entrée de gamme neuve de 400ch, avec une performance annoncée de 25 minutes/ha en maïs et 20 minutes en herbe. Soit un peu moins élevée que celle envisagée au départ. Son prix : 249.000€, dont 45.000€ de bec. Elle prévoit une utilisation annuelle de 188 à 231 heures, pour 500 à 612 ha prévus. La cuma a financé l’acquisition par un emprunt de 194. 000€ et un autofinancement de 55.000€. Le coût prévisionnel devrait être de 284€/h de rotor, maxi tout compris, établi sur une surface ensilée de 500ha (250ha d’herbe et 250 de maïs). Le financement de l’ensileuse se fait par un prêt sur 8 ans. Soit 119€/ha en maïs, et 95€/ha en herbe.
Réussir le renouvellement de l’ensileuse avec un amortissement calé sur la détention
Sur le plan comptable, la cuma comptabilisera une charge d’amortissement annuelle calculée sur la durée de détention prévisionnelle. La base d’amortissement sera la valeur d’achat hors taxe du bien (ici 249.000€), de laquelle on déduira la valeur de revente prévisionnelle au terme de la durée de détention. Pour la campagne 2019, les surfaces ont été au rendez-vous puisque la machine a réalisé 235 h de travail avec une conduite réalisée par les adhérents.
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