Lors des chantiers éloignés et qui durent plusieurs jours, il est bien pratique pour les chauffeurs d’engins agricoles de disposer d’une voiture pour rentrer le soir chez eux ou simplement faire une course. D’où l’invention de ces petits chariots à un essieu appelés «dolly». Mais tout serait trop simple si l’administration ne venait pas s’en mêler, comme l’a constaté René Autellet, ingénieur conseil spécialisé dans les homologations routières. Il a raconté l’histoire dans le numéro 103 de de Sitmafgr Liaison. Extraits.
Fabrication maison
«Souvent fabriqués à la ferme, formés d’une flèche d’attelage et d’un essieu porteur tournant sur lequel vient se placer l’essieu avant du véhicule de chantier, ils sont prévus pour rouler à 25 km/h, signalés généralement par la mise en ‘warning’ des feux clignotants. Tellement pratiques, ces dolly, que la demande a incité un constructeur à construire et commercialiser un modèle rationnel. Soucieux de rester dans la légalité, ce constructeur a demandé à sa DRIRE de rattachement l’homologation de ce petit engin pour circuler sur route.
Premier avis positif
Réponse du 29 mai 1997 : «…votre véhicule n’est pas soumis à réception préalablement à sa mise en circulation. En effet, en application de l’Article R163 du Code de la route, sont dispensés de réception les remorques ou appareils agricoles dont le poids total autorisé en charge est inférieur à 1500 kg et destinés à être attelés à un tracteur ou à une machine agricole automotrice». Magnifique ! Forts de ce laisser passer qui a satisfait nombre d’agents de la circulation, pas moins de 500 Dolly furent construits et mis en service jusqu’à ce que… le véhicule de chantier évolue au rythme des structures d’exploitation !
De la petite 4L ou autre Méhari, le véhicule de service s’est transformé en un gros 4×4 pick-up, franchissant allègrement la barre fatidique des 1500 kg de PTAC pour le dolly. Nouvelle lettre à cette même DRIRE devenue DREAL, dont les signataires du premier courrier rédigent le 3 mars 2014 la surprenante réponse : «Votre matériel n’entre pas dans la définition d’un véhicule agricole remorqué» !!! (…)
Une clarification nécessaire
Toujours est-il qu’il est difficile de dire à nos agriculteurs si les centaines de dolly en service sont autorisés à circuler ou non sur la voie publique (…). Seul le véritable plateau semble donc convenir à l’administration. Or, il est non seulement plus cher mais aussi beaucoup moins maniable, surtout quand on sait que des dolly sont parfois attelés directement sur des tracteurs avec un outil porté.
En échangeant avec d’autres experts, des questions surgissent. Certains agents de la Force publique pourraient considérer qu’une voiture n’a pas à être remorquée alors qu’elle n’est pas en panne. D’autre part, peut-on atteler un dolly derrière une tonne à lisier ou un épandeur à chaux alors que ces matériels ne disposent pas d’un PTRA ? Bref, la situation manque sérieusement de clarté.
Sinon, il y a le vélo, le quad, la Smart…
En attendant, des agriculteurs se contentent d’emmener avec eux un simple vélo, sur un petit support dédié. D’autres encore achètent un plateau pour attelage avant conçu pour transporter un quad.
Enfin, cet entrepreneur anglais de chaulage a pour sa part embarqué une Smart sur le plateau qui déplace aussi sa chargeuse.
Every little helps #smartarse pic.twitter.com/gJgyJ5vbEA
— Mount Liming (@MountLiming) September 6, 2018