Fini ou presque le maniement des tronçonneuses. À la cuma du canton de Seilhac, en Corrèze, on souhaite alléger la traditionnelle corvée de bois et tirer pleinement profit de cette ressource abondante sur les exploitations. L’idée est donc de faire du recyclage de bois comme combustible pour le chauffage ou litière des animaux.
Le recyclage de bois : une nouvelle activité
Une nouvelle activité voit ainsi le jour dans la cuma, autour d’une pelle hydraulique munie d’un sécateur et d’une déchiqueteuse achetée d’occasion et révisée. Cédric Pierre, Aurélien Escure et Thibaut Noilhetas en sont les chevilles ouvrières. Aurélien Escure a déjà une longue expérience dans ce domaine puisqu’il a installé, voici une douzaine d’années, une chaudière à plaquettes de bois qui chauffe plusieurs maisons qui se jouxtent. « J’ai eu l’expérience d’une déchiqueteuse dont l’approvisionnement se réalisait manuellement. C’était fastidieux et le débit de chantier (de l’ordre de 12 m³ à deux en 2 heures), était beaucoup moins élevé qu’une machine alimentée avec un grappin », se remémore-t-il.
Réduire les coûts par le recyclage du bois
Devant le volume important de plaquettes nécessaires, de l’ordre de 350 map (*) par an, il lui fallait trouver une solution fonctionnelle qui ne soit pas trop coûteuse. La mutualisation de cet investissement a été possible puisque d’autres agriculteurs de la cuma se sont intéressés à ce sujet. « Aujourd’hui, nous sommes huit exploitations impliquées qui valorisent les plaquettes pour le chauffage et/ou la litière des animaux », indique Cédric Pierre.
L’incorporation de plaquettes de bois dans la litière apporte en effet du confort aux animaux. Cela permet aussi de réduire les coûts d’achat de paille.
1 600 map par an
En cumulant l’ensemble des prévisions, le volume attendu tourne autour de 1 600 map par an. « Nous avons cherché une machine suffisamment puissante, mais dont le prix d’achat ne soit pas prohibitif », indiquent les responsables. La cuma se décide à acheter, en août 2023, un broyeur HM 8-500 K avec grue de chargement. Les adhérents avaient déjà repéré ce type de matériel au Sommet de l’élevage.
La machine de 8 t est en capacité de broyer des troncs jusqu’à 70 cm. Il s’agit d’un broyeur d’occasion acheté 35 000 €. Après une révision complète, le coût total atteint 50 000 €. Pour équilibrer économiquement cette activité, les responsables de la cuma ont fixé un tarif de 180 €/h, tout compris (broyeur, tracteur, GNR, main-d’œuvre), auquel se rajoute un forfait de déplacement de 60 €.
Maîtriser les différentes opérations pour le recyclage du bois
Pour ce travail, la cuma utilise son tracteur Fendt 720 (200 ch). 2,5 chauffeurs, dont le salarié de la cuma, conduisent l’engin à tour de rôle. Mais, un temps d’adaptation est nécessaire pour réussir la prise en main. Il faut, en effet, savoir maîtriser différentes opérations. Bien positionner le broyeur, trouver le régime moteur adéquat qui déterminera la vitesse du rotor, alimenter à un rythme approprié la table d’alimentation (elle-même dotée d’un système de régulation) pour éviter les bourrages…
Le débit de chantier oscille autour de 30 map/h, en fonction de la disposition des branchages dans le champ. Toutes les essences de bois peuvent ainsi être déchiquetées (charme, chêne, châtaignier…). Les chauffeurs doivent s’assurer préalablement du bon entretien de la machine, et notamment des couteaux qui représentent un point essentiel pour le fonctionnement optimal de la machine. Cette tâche est à effectuer tous les deux jours, ou tous les jours, en fonction de l’intensité des chantiers. La prestation de déchiquetage est proposée en service complet. Charge aux agriculteurs concernés d’assurer le transport des plaquettes.
Émondage mécanisé avec sécateur
En amont, les agriculteurs peuvent solliciter la pelle de la cuma pour émonder et couper les branches et les arbustes sur les linéaires de haies. En effet, la cuma du canton de Seilhac met à disposition une pelle Volvo achetée en 2013, équipée d’une tête d’abattage Woodcraker 350. Celle-ci cisaille les branches d’un diamètre maximum de 35 cm. Ce service est facturé 120 €/heure.
« Grâce à ces matériels complémentaires, les agriculteurs sont en mesure de mécaniser une grosse partie des chantiers de bois. Ce système de cisaille monté sur pelleteuse pour l’élagage des arbres permet d’atténuer la pénibilité du travail et, surtout, les risques d’accidents par rapport aux interventions manuelles, tout en générant des débits de chantiers élevés », plaident Aurélien, Cédric et Thibault.
Les adhérents de la cuma impliqués dans cette activité se regroupent dans un rayon géographique de 15 km. Cela évite des temps et des frais de déplacement trop importants. Ces matériels ont fait l’objet d’une démonstration le 9 avril à Saint-Jal en Corrèze, organisée par la Fédération des cuma.
La cuma dispose encore de potentiel pour satisfaire d’autres adhérents qui seraient désireux de mécaniser l’entretien et la valorisation du bois présent sur les fermes.
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