Il n’aura pas réussi à rattraper le temps manqué. Le maïs 2024, semé avec du retard à cause des pluies sera récolté avec un décalage. Certes, moins élevé qu’aux semis mais tout de même. Au tout début de la moisson et des ensilages, les premières estimations de récolte de maïs 2024 sont tombées. « Les moissons de maïs débutent tout juste dans le sud-ouest de la France, lance Franck Laborde, président de l’AGPM, association des producteurs de maïs en France interrogé le 20 septembre. C’est plus tardif, avec au moins deux voire trois semaines de retard par rapport à l’année dernière. »
Les premières estimations de récolte de maïs 2024 plutôt optimistes
Une conséquence des dates de semis très échelonnées. « Autour du 20 mai, il restait encore 20 % des surfaces à emblaver, poursuit le président. D’habitude, c’est plutôt autour des 5 %. » Les semis ont eu lieu d’avril à juillet. Alors forcément, fin septembre, les plantes ne sont pas à maturité. L’association des producteurs estime que la récolte se poursuivra au moins jusqu’en novembre pour les zones les plus tardives. Que ce soit pour les maïs à grains que ceux fourragers.
Qui dit récolte tardive dit aussi risques. « Les maïs peuvent souffrir de gel, c’est d’ailleurs une crainte que nous avons eu il y a quelques semaines en Alsace, raconte-t-il. Il peut y avoir des orages, des tempêtes… La météo automnale n’est pas toujours clémente. » Tant que le grain ne sera pas rentré, les maïsiculteurs ne seront pas tranquilles. Sans oublier le développement potentiel des mycotoxines. « La qualité des grains reste nécessaire, rappelle le président de l’AGPM. Que ce soit pour l’alimentation humaine, les débouchés industriels ou encore l’alimentation animale. »
Un marché bien fourni
Pourtant, la récolte s’annonce belle. « il y aura du volume, estime Franck Laborde. Les maïs ont bénéficié de pluies régulières qui ont profité à leur développement. On estime les rendements autour de la moyenne quinquennale qui s’établit autour des 90 voire 100 q/ha. » Sans compter les surfaces qui ont augmenté de 10% par rapport à 2023, enrayant le recul des surfaces constaté ces dernières années.
« Dans certaines exploitations, c’était la seule culture possible pour combler les surfaces de céréales d’hiver qui n’ont pas été emblavées, explique le président. Il y a l’aspect agronomique également. Certains agriculteurs à court de solutions pour gérer l’enherbement des parcelles diversifient leur assolement en y ajoutant du maïs. »
La potentielle belle récolte française risque d’arriver sur un marché déjà bien fourni. Les cours le montrent. En effet, les grands pays producteurs tels que les Etats-Unis ou le Brésil obtiennent de rendements. En revanche, dans les pays d’Europe de l’Est, comme en Ukraine, les sécheresses de cet été ampute 10 millions de tonnes la récolte. L’équivalent de celle française.
Des coûts de production identiques ?
Si les agriculteurs devront saisir les bonnes opportunités pour commercialiser leur production, il faudra également que les rendements soient là pour couvrir les coûts de production. « Avec une récolte tardive, il faut s’attendre à ce que les maïs soient séchés, il risque donc d’y avoir un surcoût pour les frais de séchages », fait remarquer Franck Laborde. En revanche, cette campagne aura permis à de nombreux agriculteurs de réduire les coûts liés à l’irrigation. L’un compenser a-t-il l’autre ?
En production de semences, le recul des surfaces a assaini le marché. Si la récolte est tardive, les 60 000 ha en moins seront compensé par les stocks mais aussi par la récolte qui s’annonce plutôt bonne. La filière semence a, a priori, su se rééquilibrer après une mauvaise passe.
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