Les méga poulaillers arrivent en Croatie

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Les méga poulaillers arrivent en Croatie

La Croatie s'apprête à accueillir des poulaillers de pays de l'Est d'une capacité de plus de 90 millions de poulets par an (©Pixabay).

En avril 2024, certains acteurs de la filière de la volaille française, européenne et croate ont lancé une alerte quant à l’ambition de deux groupes Ukrainiens de créer des giga poulaillers en Croatie. Découverte de la filière volaille dans ce pays.

Adhérente de l’Union européenne depuis 2013, la Croatie a depuis l’année dernière adhéré à l’euro. Petit pays des Balkans, la population est de 4 millions d’habitants. Depuis la fin de l’ère soviétique et l’éclatement de la Yougoslavie, certaines régions sont restées en friche. Rappelons toutefois, que l’agriculture croate est basée sur le modèle familial. Environ 45 millions de poulets sont produits pour le marché intérieur. On peut comparer les structures à leurs homologues françaises. Mais, deux projets de méga-poulaillers en Croatie menacent cet équilibre.

Deux projets de poulaillers croates

Seuls 5 % de la production est exportée vers les pays voisins. Le marché est réparti entre une dizaine d’opérateurs dont deux plus importants : Perutnina Ptuj, adossée à la société Ukrainienne MHP et Vindija, filiale du groupe Koka. Ces sociétés proposent la production de poulets en intégration : du couvoir, jusqu’à l’abattoir sans oublier la distribution.

Cependant, depuis quelques temps, l’opérateur MHP, dirigé par un oligarque ukrainien, lorgne sur la Croatie pour installer des méga poulaillers. Celui-ci est accompagné par un autre leader de volaille des pays de l’Est : PCC, Petrinja Chicken Company. Le montant de leurs projets avoisine respectivement les 350 à 400 millions d’euros et 572 millions d’euros. Une somme.

Les filières de volaille européennes révoltées

L’installation de leurs méga poulaillers permettrait à eux deux de produire plus de 90 millions de poulets par an. De quoi inonder le marché intérieur mais aussi celui européen. Le tout, sans vraiment dynamiser le territoire, ni s’appuyer sur les agriculteurs déjà présents. En effet, la construction de 3 000 logements aux abords de ces élevages présage la venue d’ouvriers Népalais et Indiens, comme c’est déjà le cas dans les fermes de ces groupes, mais à une moindre mesure. De plus, ce type d’exploitation permettrait au groupe Ukrainien d’exporter une bonne partie de ses céréales. Là-bas, MHP cultive environ 370 000 ha.

Depuis, leur annonce, la filière volaille européenne est vent debout. Elle dénonce un risque pour l’agriculture familiale promue par le modèle européen et attendu des consommateurs. Elle argue que ces groupes veulent infiltrer le marché européen davantage lucratif et exploiter la faille réglementaire de l’origine de la volaille.

Bloquer le financement

La filière européenne appelle à ne pas financer ce type de projet. Car, la banque européenne de reconstruction a été sollicitée. Ils demandent du courage politique aux élus européens et les somment de refuser ce modèle. Ils s’inquiètent de la concurrence déloyale que pourrait engendrer ces projets. Du côté de la Croatie, le gouvernement se dit favorable sous prétexte de dynamiser un territoire défavorisé.

Des poulaillers qui posent question

Entre le terrain et la théorie, il y a deux mondes. En voici l’illustration. Avec d’un côté, l’Europe qui cherche à soutenir l’agriculture familiale composée par ses pays membres. Et de l’autre, l’intérêt lucratif en autorisant l’implantation de méga poulaillers en Croatie. Il fallait vraiment essayer de comprendre cette dichotomie.

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