Plaidoyer pour une mécanisation responsable

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Plaidoyer pour une mécanisation responsable

Pour une approche raisonnée et responsable des matériels.

Des matériels qui ne coûtent pas trop cher à l’exploitation agricole tout en préservant la planète, voilà un résumé rapide de la mécanisation responsable, une notion mise en avant par la fncuma. Explications.

Quand on parle d’investissement et de choix de matériels, il n’est plus possible aujourd’hui d’en rester à la pure technique. Une prise de recul s’impose, et ce n’est pas dans les cuma qu’on dira le contraire. La fncuma a d’ailleurs introduit la notion de « mécanisation responsable », qui mérite quelques explications. Elle fait partie des conclusions de la grande consultation lancée en 2021 par la fédération. Luc Vermeulen, son président de l’époque, la justifiait ainsi. « Les charges de mécanisation pèsent jusqu’à 30 % des charges totales. L’orientation des politiques publiques se porte aujourd’hui trop souvent sur des investissements individuels. L’impact ne s’arrête pas là, puisque c’est le bilan carbone global de l’agriculture qui se dégrade en soutenant une consommation individuelle soutenue de machines agricoles à l’heure où l’on parle d’économie de partage. La mécanisation responsable, c’est une mécanisation collective. »

Quatre propositions dans le Livre blanc 2022

Dans le Livre blanc sorti dans la foulée, début 2022, la fncuma avançait quinze propositions en quatre axes, dont celui de « Faire gagner en compétitivité et en résilience les exploitations agricoles et impulser une mécanisation plus responsable de l’agriculture ». Cet axe lui-même comprenait quatre pistes.

La première : créer un crédit d’impôt « mécanisation collective», qui encourage l’engagement d’activité dans les cuma.

La deuxième : « que les matériels reconditionnés et ré-équipés, qui se voient donc donner une seconde vie avec une réelle garantie (identique ou supérieure à son état d’origine), puissent être éligibles aux aides aux investissements en agriculture ». Une manière de réduire la consommation d’énergie et de matières premières autant que la production de déchets, et d’encourager l’emploi.

Troisième proposition : « encourager l’acquisition d’agroéquipements climato-compatibles à travers une déduction fiscale de 40 % de l’amortissement annuel, de 2023 à 2027 ».

Pour finir : « Systématiser le diagnostic de mécanisation pour tout nouvel installé. »

Donner une place à la mécanisation responsable dans le débat public

La réflexion s’est poursuivie avec les nouveaux élus arrivés en juin 2022 à la fncuma. Matthieu Goehry, le président, a précisé l’idée lors de l’assemblée générale de mai 2023 : « Nous avons un savoir-faire unique en matière d’adaptation collective, par la mécanisation. Cette spécificité nous donne un rôle plus que primordial dans la transition agroécologique. C’est en étant leader du domaine que nous pourrons porter avec encore plus de force et de légitimité la voix de la mécanisation responsable et lui redonner une place centrale dans le débat public. »

Sobriété, promotion, formation et conseil

Cette notion de mécanisation responsable, « au service d’une triple performance économique, sociale et environnementale », a désormais sa place au sein du nouveau projet politique de la fncuma, dessiné par les élus et en cours de déploiement sur le terrain. Le texte revient sur cette ambition de sobriété et sur les conditions de réussite de la mutation souhaitée. « Si le modèle cuma est en lui-même un vecteur de mécanisation responsable, il est nécessaire également de promouvoir davantage le reconditionnement des agroéquipements et le soutien aux agroéquipements qui minimisent l’impact sur le climat, les sols, l’eau… car moins lourds, moins émetteurs de polluants, moins consommateurs de carburant et de produits phytosanitaires. Le réseau cuma en sera un promoteur, un testeur et un diffuseur auprès des groupes d’agriculteurs.

Enfin, la mécanisation responsable passe par le renforcement de l’emploi partagé, et de l’accompagnement des agriculteurs dans l’utilisation d’agroéquipements de plus en plus technologiques. Les mesures de soutien à l’acquisition doivent aussi intégrer la formation des agriculteurs et de leurs salariés à l’utilisation, au réglage et à l’entretien de ces technologies de pointe, sans quoi les équipements ne seront pas appropriés. Dans ce contexte, la fncuma considère que le conseil en agroéquipement est un axe à renforcer. »

Faire durer les matériels pour une mécanisation responsable

Les matériels et composants de rechange reconditionnés, rénovés ou remanufacturés ne sont pas une nouveauté. Mais il est clair qu’ils entrent tout à fait dans une logique de réduction des coûts et de meilleure valorisation des ressources de la planète. Tout ce qu’on recherche aujourd’hui et qui prend de l’ampleur. La remise en état de machines au sein même de l’usine se rencontre typiquement dans le domaine des gros automoteurs. Comme les récolteuses de betteraves par exemple. Dans un autre domaine, la société Noremat a également créé récemment une filiale, baptisée Maneko, pour remettre à neuf des débroussailleuses de toutes marques ainsi que commercialiser des pièces de rechange.

Mais les grands groupes se lancent également dans cette démarche, et créent une branche Reman (selon le vocable anglais). Citons AGCO Reman (Fendt, Massey Ferguson et Valtra), Claas Reman, CNH Industrial Reman (Case IH, New Holland et Steyr), John Deere Reman… Ils vendent surtout par cette filière des éléments de rechange. Eléments de valeur élevée comme les moteurs et les transmissions. Ou même des injecteurs, des catalyseurs d’échappement, des pompes hydrauliques ou encore des turbos.

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