Plus gros investissement
Il y a une vingtaine d’années, les agriculteurs de plusieurs villages se regroupent en cuma pour acheter un terrain mais aussi un pont à bascule. « Impossible de réaliser un tel aménagement sans mettre en commun les frais, estime le président de la cuma, Éric Collot. C’était le plus gros investissement que nous ayons fait ensemble. » Aujourd’hui c’est une quinzaine d’exploitations qui profite de cet outil facturé entre 2 ou 3 €/ha.
Important financièrement mais aussi mentalement. Avec ce pont à bascule les adhérents viennent y peser leurs céréales ou pommes de terre. L’occasion aussi de vérifier les rendements des récoltes, d’accéder à de nouveaux marchés ou d’expédier directement leurs marchandises.
Diversification
Mais la cuma ne s’arrête pas là. Car elle accompagne toujours les investissements en matière de matériel. À l’image de la bineuse, des GPS et de la balayeuse. Il y a deux ans, elle se lance dans une nouvelle activité encore atypique pour le moment : le chanvre.
En effet, le développement de l’usine La Chanvrière de la région crée un nouveau débouché pour les agriculteurs voisins. Une aubaine pour diversifier les assolements mais qui demande cependant beaucoup d’investissements en matériel. La mutualisation des équipements en cuma était donc incontournable. Avant de faire quoi que ce soit, les six exploitants de la section chanvre se renseignent auprès d’autres agriculteurs et groupes afin de mieux connaître cette culture et ses exigences.
C’est ainsi que la cuma achète en 2021 l’ensemble des outils nécessaires à la culture du chanvre : une presse, une faucheuse, un andaineur et un faneur pour un investissement d’environ 80 000 euros au total. Pour sa première presse, la cuma choisit d’en acheter une d’occasion afin de tester sa prise en main et l’organisation autour du chantier de récolte.
Outil Excel
L’essai a été transformé et pour la deuxième récolte, la cuma a investi dans une presse neuve. Le groupe de six agriculteurs a profité des aides liées au PCAE. « Notre groupe avait peur d’être sous-équipé, se souvient le président. Et finalement, une bonne organisation en amont du chantier nous permet d’être efficaces. Nous avons d’ailleurs 10 hectares supplémentaires depuis le début en conservant le matériel. » À ce jour, le débit de chantier avoisine les 12 ha/jour pour une surface de 50 hectares au total.
La prise en main et les connaissances techniques autour de la culture doivent être affinées mais niveau organisation, le chantier est rodé. Pour comptabiliser les surfaces réalisées et facturer le plus justement, la cuma s’inspire d’un tableur Excel imaginé par leur animatrice de la frcuma Grand Est. Chacun doit, sur son téléphone ou sur son ordinateur, inscrire le temps passé et le travail effectué sur ce tableur. La récolte terminée, les données remontent automatiquement. Grâce aux paramètres, les durées se transforment en points. Il est donc plus facile d’analyser et comparer les utilisations de chacun. « C’est un outil simple qui permet d’être équitable et juste, c’est ce que le groupe recherchait, confie le président. Pour perdurer l’activité, il faut être transparent et équitable. »
Des valeurs qui ont permis de créer une cohésion de groupe et une dynamique. La cuma a pu ainsi développer des projets au sein du territoire, qui auraient été impossibles en investissant individuellement. Un bon point pour les jeunes nouvellement installés qui ont beaucoup d’ambitions, avec notamment l’achat d’une nouvelle bineuse.
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