Le petit sachet coûte cher. «Utiliser un conservateur de fourrage revient la plupart du temps à 2,5 voire 3€ par tonne brute de fourrage», résume Émilie Turmeau (Elvup). La conseillère précise que si l’on veut observer l’effet escompté d’un conservateur biologique, «il faut bien mettre 100.000 bactéries par gramme de fourrage brut. En effet, un dosage inférieur ne pèsera pas sur la fermentation.»
Son propos introduit ainsi une première règle d’or régissant l’usage de ce genre de produits. Première, mais loin d’être l’unique. Lors d’une journée technique dans le cadre du projet Ecosil’herbe, la conseillère apporte ensuite un autre exemple d’évidence, pourtant pas toujours respectée. «On l’oublie parfois, mais il faut diluer avec de l’eau non chlorée.»
Chlore et bactéries ne font pas bon ménage
Le terme ‘conservateur biologique’ unit deux familles aux actions néanmoins distinctes. «L’éleveur doit bien savoir pourquoi il utilise un conservateur de fourrage» et choisir le micro-organisme en fonction. S’il vise une stabilisation rapide de son silo, la famille des bactéries homofermentaires tient la corde. «La plus connue est lactobacillus plantarum», précise Émilie Turmeau.
À l’inverse, les bactéries hétérofermentaires, «dont lactobacillus buchneri», contrent la reprise de la fermentation lors de la phase de consommation du stock. Pour cette raison, les intervenants à la journée technique se montrent réservés à l’égard des solutions mixtes. L’éleveur ne peut pas savoir quelle famille d’un mélange de bactéries prendra le dessus sur l’autre. Leur emploi revient à miser sur la chance.
Conservateur de fourrage: éviter les mélanges
La mise en œuvre est complexe. Les coûts induits sont élevés. Ainsi, appliquer un conservateur s’apparente donc à une technique d’expert pointu. Une cerise sur le gâteau, dans la mesure où d’autres bonnes pratiques viennent en amont dans la recherche de qualité du fourrage. «Le conservateur va permettre de conserver la bonne valeur du fourrage que l’on met dans le silo.» Les alchimistes qui imaginaient transformer le fumier en caviar en sont donc pour leurs frais.
En résumé, le conservateur de fourrage est d’autant plus pertinent que:
- L’herbe est récoltée au bon stade;
- Son séchage se réalise rapidement;
- Le silo est convenablement tassé et bâché.
Luzerne, herbe et maïs épi
Ensuite, la conseillère catégorise quelques cultures qui apprécieront bien le coup de pouce d’un côté. Et de l’autre, elle place des situations qui justifieront difficilement le surcoût. «La luzerne est pauvre en sucres. Son fort pouvoir tampon freine l’acidification.» Ainsi, elle constitue l’exemple le plus flagrant des ensilages où le conservateur est nécessaire. Il s’envisage aussi «sur un ray-grass bien récolté.»
À l’inverse, le maïs fourrager qui respecte les préconisations de récolte est suffisamment pourvu de sucres pour enclencher les mécanismes de conservation par lui-même. «Attention toutefois au maïs épi. C’est un peu l’exception. Il lui faut forcément un conservateur hétérofermentaire.»
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