Un élevage laitier bio, une prairie de mélange d’espèces (ray-grass, trèfles violet et blanc, fétuque et fléole)… jusqu’ici rien de très surprenant. Mais quand on aborde les chiffres de la ferme Wanas gods, située dans le sud de la Suède, tout change. Pour clore la première récolte, qui aura presque duré une semaine: une matinée d’ensilage, 31ha, un seul champ.
Avec le cahier des charges bio que l’entreprise respecte, le troupeau d’environ 450 vaches (+ la suite) doit pâturer quatre mois et être nourri à base d’herbe, le reste de l’année. Sur le bon millier d’hectares mis en culture par l’équipe de Wanas gods, cet or vert occupe donc une place centrale.
93% d’autonomie alimentaire
Dans la cour de la ferme, l’odeur d’une organisation bien huilée flotte et la fabrication du silo ne déroge pas à la règle. «Dans un silo, on met environ 85 ha», explique Per-Åke Nilsson, manager de la ferme. Le jour de l’ensilage cinq personnes sont mobilisées, entre les deux engins sur le silo, les remorques et l’ensileuse du prestataire, pour un rendement de 10ha/h. Deux jours avant l’ensilage, la fauche est aussi faite par l’entreprise «avec deux machines de 9,60m de coupe», tout comme le fanage, le jour intermédiaire.
Autour du chantier, une odeur caractéristique règne, au sens propre cette fois-ci: vu le poids stratégique de la récolte, l’éleveur met tout en œuvre pour la réussir et l’incorporation d’acides de conservation est systématique. Tellement systématique qu’il dispose de sa flotte de cuves que son fournisseur passe remplir au moins une fois par an et que l’ensileuse de l’entreprise est équipée d’un système d’incorporation. «80% des éleveurs chez qui j’interviens, utilisent ces produits», explique le chauffeur. De quoi justifier l’investissement dans ce système d’incorporation, 3.500€, auquel s’ajoute ici le réservoir de 500l en inox «fait maison».
«Il est possible de se faire des systèmes efficaces bien moins cher», argumente Christophe Michaut, représentant en France de Perstorp(1) qui se montre surtout impressionné par l’organisation: «Quand c’est bien pensé comme ça, mettre un conservateur ne prend pas trop de temps.» Toutes les 8 remorques, le chauffeur s’arrête au bout du champ où l’éleveur lui a déposé sa station-service ambulante: un plateau de quatre cuves contenant le mélange d’acides anti-bactérien et anti-fongique. En quelques minutes, le plein est fait.
Rigueur
En cabine, le chauffeur régule lui-même la dose en fonction du volume avalé par sa machine. «Des systèmes automatiques existent», précise-t-il. Per-Åke Nilsson ajoute: «L’objectif est de mettre 5kg de produit par tonne de fourrage vert.» D’après son expérience sur d’autres fermes où il a été salarié, «si on ne respecte pas les doses, ça ne marche pas», et il ne souhaite pas économiser cette dépense de l’ordre des 10€/t de fourrage vert mise en silo et intégrée à son coût de production qu’il situe à 0,30€/l.
(1) Le fabricant de la formule d’acides organiques utilisée par la ferme
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