« On s’est mis d’accord sur un schéma de réduction de la production de lait au mois d’avril (…) qui serait compensée avec la mise en place d’un fonds », a indiqué à l’AFP Thierry Roquefeuil, président du Cniel (interprofession laitière).
Les éleveurs sont appelés, sur la base du volontariat, à réduire leur production du mois de 2 à 5% par rapport au volume d’avril 2019.
Le fonds de 10 millions d’euros, alimenté par l’interprofession, permettra d’indemniser ceux qui joueront le jeu à hauteur de 320 euros les 1.000 litres de lait.
« C’est vraiment une mesure exceptionnelle, la filière se prend en main, mais il faut que chacun fasse ensuite des efforts à son niveau », a commenté M. Roquefeuil, qui appelle les pouvoirs publics à intervenir.
Cette mesure doit permettre de diminuer d’environ 30 millions de litres la production en avril, atténuant ainsi le pic de collecte saisonnier. Du fait de conditions favorables, les éleveurs produisent habituellement 3,3% de lait en plus en avril par rapport aux autres mois, soit environ 64 millions de litres supplémentaires.
La filière est actuellement dans une situation trop « tendue » pour absorber ce pic habituel, du fait de la crise liée à l’épidémie de Covid-19.
Faut-il vraiment limiter la production nationale de lait en période de crise sanitaire et économique ? A une période où les conséquences sont si peu prévisibles ?
Ne faudrait-il pas plutôt une politique agricole visant à sécuriser les appros ?#COVID19france #Lactalis #lait https://t.co/STuqVAizc8— FoxTrot (@TrotFox1) March 28, 2020
« On fait face à la problématique de changement d’habitudes de consommation », a souligné M. Roquefeuil, expliquant que certains produits plutôt consommés dans les restaurants, comme les fromages AOP, étaient en mal de débouchés, tandis que d’autres, tels que le beurre et la crème, étaient très demandés, obligeant les fabricants à adapter leur outil industriel.
Pour surmonter ces difficultés, le Cniel demande également de débloquer au niveau européen des aides au stockage privé, permettant d’indemniser les entreprises qui acceptent de stocker des produits (fromage, beurre, poudre).
Les producteurs français de lait avaient déjà volontairement réduit leur production en 2016 dans un contexte de surproduction mondiale et de chute des prix. En échange, ils avaient perçu une indemnisation, conformément à une décision prise au niveau européen.
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